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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Administration locale - Conférence du Cermoc sur la vie municipale La participation, synonyme de citoyenneté et de développement

La discussion était animée mardi soir à la salle Montaigne où s’est tenue la quatrième séance du cycle de conférences sur les municipalités et la gestion locale. Sur le thème «Initiatives en faveur d’une participation citoyenne à l’échelle municipale», le débat a été axé sur la question de la contribution de la société civile et des populations locales à la vie municipale, «un moyen» incontournable pour impliquer les citoyens dans le processus de «développement» désormais connu sous le terme de «développement humain durable» selon la définition adoptée au sommet de Rio de Janeiro en 1992. Quelle est la portée réelle de cette participation et comment devrait-elle se matérialiser dans une société peu formée à la vie démocratique ? «Si le principe de la participation de la société civile est déjà acquis, il reste à définir les mécanisme et les cadres institutionnels de cette collaboration», a déclaré Mounir Abou Ghanem, ancien directeur du projet Capacités 21, une initiative lancée par le Pnud en collaboration avec le ministère de l’Environnement. «Alors que l’on croyait être les premiers à lancer le concept de la “participation” des populations à la gestion locale, nous avons découvert que cette pratique existait déjà dans plusieurs localités», souligne M. Abou Ghanem. En effet, plusieurs expériences ont été faites par différentes municipalités et la collaboration entre les autorités locales et les habitants – prévue par le texte de loi – s’est effectuée avec plus ou moins de succès selon les cas. Cette participation est d’autant plus importante que «le dialogue entre les deux parties en présence est indispensable ; par conséquent, la responsabilité du développement ne peut incomber au seul conseil municipal mais doit être une responsabilité partagée» . Objectifs multiples Quant aux objectifs attendus d’une collaboration active entre la société civile, le secteur privé et le secteur public, ils sont multiples, l’objectif ultime étant le «développement humain durable» entendu dans le sens large du terme. Ainsi, «on attend de toute autorité locale qu’elle fasse participer les populations locales et les consulte, le développement durable étant du ressort de tous les secteurs réunis», affirme M. Abou Ghanem. D’où la nécessité d’élaborer un plan de développement global incluant non seulement le volet écologique mais aussi les volets social et économique. Cette participation «ne saurait cependant constituer un but en elle-même mais plutôt un outil de développement,(...) le plus important étant de prendre en considération les besoins de l’homme» affirme l’expert. À cela, Mme Anna Mansour, consultante en développement, répond que cette collaboration doit être «en même temps un but et un moyen, puisque le développement durable intéresse en premier et en dernier recours l’homme. Il prend sa source au sein des populations et converge vers l’intérêt public». «Notre société n’est pas encore formée à la vie démocratique , estime-t-elle. D’où la nécessité pour les citoyens de faire leur apprentissage ». Prenant à son tour la parole, le président de la municipalité de Jbeil Jean-Louis Cordahi a exposé les résultats de son expérience en matière de participation civile. Il a évoqué les obstacles rencontrés par les membres du conseil, dont la difficulté de convaincre le secteur privé de collaborer dans des projets d’intérêt public. «La société libanaise est politisée à outrance, souligne le président de la municipalité de Jbeil. Il en résulte une attitude de contestation manifestée de la part de ceux qui ne sont pas officiellement en charge et qui ne veulent pas que l’équipe en place réussisse ». Ces derniers, souligne-t-il, ne voient que l’impact politique des actions entreprises par la municipalité ; ils refusent de penser en terme de développement global. «Il existe une différence majeure entre une opposition constructive et une politique d’obstruction systématique», dit-il. La réticence s’est également manifestée au niveau de certaines institutions privées et certains groupes de particuliers, poursuit M. Cordahi. À titre d’exemple, il cite le projet des clubs écologiques, qui, bien que favorablement accueilli par les écoles concernées, n’a pas abouti à un contrat durable avec ces dernières, qui ont vu d’un mauvais oeil cette «ingérence» du secteur public dans leurs activités. Encore moins heureuses furent les expériences qui ont encouragé une participation active des instances locales, telles que les commerçants ou les propriétaires de restaurants, a-t-il encore relevé, dans une allusion aux obstacles suscités par ces derniers dès lors qu’il y avait conflit d’intérêts. Cependant, reprend M. Cordahi, certaines expériences de participation civile se sont avérées utiles, car elles ont abouti à créer des liens solides entre les habitants de la localité et les autorités locales et ont permis d’établir un apprentissage démocratique et des canaux d’information entre la municipalité et la population locale. Confiance et transparence Fondée sur le principe de l’audience publique (Public Hearing), cette collaboration vise à associer les habitants à des actions qui les concernent directement et surtout à les sensibiliser à la chose publique. «Une manière de préparer les générations futures à la vie municipale et d’encourager les pratiques démocratiques», soutient Jean-Louis Cordahi. À cet effet, un groupe de volontaires a été créé pour initier et mettre en exécution un projet de développement de leur choix, dont ils assumeront l’entière responsabilité. Informer, rapprocher et démocratiser l’action municipale, mais aussi pourvoir le conseil municipal en ressources humaines, d’autant plus importantes que le recours à des experts en différents domaines est devenu indispensable dans le cadre de la gestion locale. Tels sont, en gros, les aspects positifs d’une participation populaire à la planification locale, bref l’apprentissage de la citoyenneté qui reste encore à ses débuts. Pour les experts internationaux du Pnud, il s’agit de réaliser, par le biais du projet Capacités 21, la participation des populations marginalisées, un thème devenu très à la mode depuis quelque temps. Les plus démunis – dont le souci majeur est de gagner leur pain quotidien – sont-ils à même de participer aux décisions locales ?, s’interroge Mounir Abou Ghanem. Oui, répondront plusieurs personnes présentes dans la salle. À chacun, à chaque groupe social, sa contribution selon ses capacités, la participation devant s’effectuer à plusieurs niveaux, affirme Anna Mansour. Reste à établir entre les différents acteurs ce lien de confiance, sans lequel aucune relation, aucune participation n’est possible. La transparence en est l’ingrédient de base, conclut le président de la municipalité de Arbaniyé.
La discussion était animée mardi soir à la salle Montaigne où s’est tenue la quatrième séance du cycle de conférences sur les municipalités et la gestion locale. Sur le thème «Initiatives en faveur d’une participation citoyenne à l’échelle municipale», le débat a été axé sur la question de la contribution de la société civile et des populations locales à la...