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Actualités - ANALYSE

Les professionnels locaux replongent dans le marigot des polémiques

Denniyé aurait dû être, à l’échelon national, une leçon d’unité, de vigilance, de regroupement derrière les forces régulières du pays. Et n’être que cela. Au lieu de quoi, ces événements gravissimes pour un pays convalescent ne semblent constituer pour les professionnels locaux de la politique que prétexte à nouvelles polémiques. Leur obsession à tous reste en effet l’élection législative qui se rapproche à grands pas. Chacun d’entre eux cherche avant tout à renforcer ses positions auprès des masses tout en discréditant ses adversaires autant que faire se peut. Dès lors, face à des attaques un peu trop virulentes pour le laisser indifférent, le président du Conseil, M. Sélim Hoss, entreprend de se défendre et de contre-attaquer. À ceux qui reprochent au pouvoir civil son effacement, ses failles, ses lacunes notamment pour ce qui est d’informer l’opinion au sujet de ce qui s’est passé, il répond par des dénégations indignées, sinon véhémentes. D’après lui, le gouvernement était sur la brèche dès le premier instant, est intervenu activement en prenant nettement position, assumant parfaitement ses responsabilités à travers une séance extraordinaire du Conseil des ministres qui a pris les décisions qui s’imposaient. Un détail que le président Hoss omet de préciser : ce Conseil s’est tenu le 4 janvier, quatre jours pleins après l’embuscade meurtrière et les affrontements de Kfarhabou. On passera par ailleurs sur le fait, également patent, que ni le Conseil supérieur de la défense ni le Conseil de sécurité intérieure n’ont été réunis. Une impasse qui fait écho, si l’on peut oser ce paradoxe, à l’éloquent silence de nombre d’officiels concernés au premier chef soit par la sécurité, soit par l’information en direction du public. Comme profil de transparence, terme cher à l’actuel Cabinet, on peut trouver mieux. Toujours est-il que selon un partisan de M. Hoss, ce dernier «a l’impression de servir de tête de Turc privilégiée à une opposition qui n’ose pas trop s’en prendre au Palais. Le président du Conseil est persuadé qu’il fait l’objet d’une campagne qui vise à dresser contre lui la rue beyrouthine, singulièrement au niveau de la communauté sunnite, majoritaire dans la capitale. Ses adversaires tentent d’exploiter à fond, à des fins électorales, les malheureux incidents de Denniyé. On veut éroder la popularité de M. Hoss et rien ne lui sera sans doute épargné, ni les allusions traîtresses à sa trop bonne coopération avec le président maronite du pays ni les accusations de dérobade face aux difficultés qui se présentent». On sait à ce propos que M. Hoss, qui est en même temps ministre des Affaires étrangères, a été vivement critiqué pour avoir accepté, et même demandé, que le vice-président du Conseil le remplace le jour où le Liban sera invité à la table des négociations régionales. Quoi qu’il en soit, ce sympathisant hossiste soutient que «le chef du gouvernement ne voulait pas se laisser entraîner dans la polémique. Mais il s’y trouve obligé car à travers lui, c’est le gouvernement, le pouvoir exécutif que l’on met en cause et que l’on dénigre. Comme le pays a besoin que la population ait confiance dans l’État, M. Hoss se dévoue pour expliquer à l’opinion ce qu’il en est vraiment». Et de préciser la contre-cible en estimant que «les démarches, les prises de position de M. Rafic Hariri ont pour but d’isoler notre chef, tout en redorant sa propre image, altérée par les précédentes révélations sur sa gestion des affaires publiques. M. Hariri s’efforce de regagner au niveau de la rue le terrain perdu dans le domaine politique, dans l’optique des législatives. Mais il se trompe s’il croit qu’il aura la partie facile, à Beyrouth ou ailleurs». Pour sa part, un loyaliste progouvernemental, qui n’est cependant pas particulièrement proche de M. Hoss, s’en prend non pas à M. Hariri (qui après tout a réagi aux événements en se rangeant derrière la légalité), mais au président de la Chambre. «Le président Nabih Berry, dit cette personnalité, s’est empressé de clouer le Cabinet au pilori. Son tout premier mouvement, après les événements de Denniyé, a été d’apostropher le gouvernement pour en exiger un communiqué explicatif. Quand M. Hoss lui a fait remarquer que c’était une étrange conception de la coopération entre les pouvoirs, il a répondu en affirmant que cette initiative de réclamer des comptes n’était pas vraiment son fait et qu’il s’était contenté de répercuter le point de vue des députés. Il a ajouté à l’adresse de M. Hoss qu’il continue à appuyer le gouvernement et qu’il n’allait pas le critiquer dorénavant. Mais le mal était fait et il n’y a eu aucune tentative de réparation par le biais d’une déclaration ou d’un communiqué de soutien ouvert à l’exécutif». Ce ton contestataire laisse penser que pour contrer M. Hariri aux législatives, le camp de M. Hoss ne songe pas à s’allier avec celui de M. Berry. Et le tout prouve que les joueurs n’ont qu’une même idée fixe en tête : les élections.
Denniyé aurait dû être, à l’échelon national, une leçon d’unité, de vigilance, de regroupement derrière les forces régulières du pays. Et n’être que cela. Au lieu de quoi, ces événements gravissimes pour un pays convalescent ne semblent constituer pour les professionnels locaux de la politique que prétexte à nouvelles polémiques. Leur obsession à tous reste en...