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Actualités - ANALYSE

Un gouvernement désarmé face à la situation régionale

Le principal reproche des instances chrétiennes spirituelles et politiques à la formation du gouvernement ne concerne pas tant l’absence d’équilibre au sein du Cabinet au niveau de la représentation maronite que l’«ombrelle» sous laquelle doit se placer toute personne désireuse d’avoir quelque chance d’être admise à un poste de responsabilité. C’est ainsi que des personnalités politiques, dont la compétence n’est pourtant pas à prouver, n’arrivent pas à accéder au gouvernement depuis des années parce qu’elles refusent justement d’adapter leur discours à cette condition. D’où la déception de l’opinion publique, qui ne voit aucune figure hors du commun au sein du troisième Cabinet Hariri. Elle attendait en effet, cette opinion publique, de nouveaux noms susceptibles de transformer l’équipe ministérielle ayant succédé à celle de M. Hoss en un gouvernement d’exception. C’est d’ailleurs ce qu’a laissé entendre le patriarche maronite Nasrallah Sfeir quand il a déclaré : «Nous souhaitons que le gouvernement rassemble toutes les parties et que nul n’en soit exclu, de manière à ce que les Libanais sentent que leur pays est leur patrie et qu’aucun d’entre eux n’en est banni». Dans ces divers cercles, on estime que les Libanais en général, et notamment les chrétiens, se soucient moins d’être représentés par des personnes en particulier que des principes qui leur tiennent à cœur. Ils soutiendraient ainsi tout Libanais, quelle que soit son appartenance confessionnelle ou politique, dès lors qu’il militerait pour le rétablissement de la souveraineté, de l’indépendance, de la dignité et de la liberté du pays. Un ancien responsable affirme à ce sujet qu’aucune de ces aspirations n’est susceptible d’être réalisée avant l’instauration d’une paix globale dans la région. Entre-temps, les autorités libanaises doivent se contenter de gérer la situation intérieure et de l’améliorer autant que possible, en épurant par exemple l’administration de ses éléments corrompus, et en remédiant à la crise économique, financière et sociale qui sévit depuis longtemps dans le pays. Le Liban serait alors à même de relever les défis de la paix à venir, ou les répercussions négatives du statu quo. Dans les deux cas, le front interne doit être uni face aux tentatives permanentes d’Israël d’ébranler la structure interne fragile de son voisin du Nord. Il est évident que le président de la République Émile Lahoud n’est pas en mesure d’influer sur le cours des développements régionaux. Il ne peut que se cantonner dans une prudente demeure expectative. Beaucoup de choses peuvent toutefois être réalisées sur le plan interne sans attendre nécessairement un changement de la conjoncture au Proche-Orient : lutter contre la corruption administrative et politique, promouvoir le plan de redressement économique et social, améliorer les recettes du Trésor en mettant un terme au gaspillage, augmenter la production, enfin lutter contre le clientélisme à tous les niveaux. D’aucuns estiment néanmoins que la guerre contre la corruption a ses limites tant que des parties influentes continuent à en tirer profit. En tout état de cause, il importe que le nouveau gouvernement Hariri fasse ses preuves en essayant au moins d’améliorer les conditions de vie des Libanais qui ploient sous le joug de la crise. Émile KHOURY
Le principal reproche des instances chrétiennes spirituelles et politiques à la formation du gouvernement ne concerne pas tant l’absence d’équilibre au sein du Cabinet au niveau de la représentation maronite que l’«ombrelle» sous laquelle doit se placer toute personne désireuse d’avoir quelque chance d’être admise à un poste de responsabilité. C’est ainsi que des...