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Actualités - OPINION

Pétition en faveur des demeurés

 « Vienne la nuit, sonne l’heure Les jours s’en vont, je demeure » – Apollinaire Il est honteux de se moquer des déficiences physiques ou mentales de son prochain. L’usage en est pourtant universel. De tout temps, en tous lieux, pour passer sa rage sur autrui, on le traite aimablement de nabot, de pied bot, d’idiot, d’éclopé du cerveau, de taré, d’enfoiré, d’obèse lipposuçable, de yeti abominable, de géant microcéphale ou de crétin congénital. Ces épithètes gracieuses ricochent généralement sur les faces stupides comme un caillou de silex sur l’onde glauque d’un cloaque putride. Sans laisser de traces. Mais il est des blessures que rien n’efface. Quand l’outragé n’est pas ce que l’on en dit, qu’il n’est pas du tout bienheureux, car il n’est pas simple d’esprit. Ainsi, on nous traite depuis dix ans en demeurés. De synode en élections, de pressions franco-ricaines en vagues promesses assyriennes, que de marchés de dupes : participez, participez ! Vous aurez ensuite votre part. Et après, rien de rien, le corbeau jure qu’on ne l’y reprendra plus, mais un peu tard. Parce qu’à bord, la raison s’égare, dans les soutes comme à la barre. Pour que le demeuré se barre. Vers d’improbables ailleurs et des jours meilleurs. Mais demeurés nous sommes, demeurés nous resterons. La guerre n’a pas réussi à nous décrocher. Rien ne nous arrachera à notre rocher. Rien n’empêchera notre retour. Ni l’autre nous-mêmes ni l’autre tout court. J.I.
 « Vienne la nuit, sonne l’heure Les jours s’en vont, je demeure » – Apollinaire Il est honteux de se moquer des déficiences physiques ou mentales de son prochain. L’usage en est pourtant universel. De tout temps, en tous lieux, pour passer sa rage sur autrui, on le traite aimablement de nabot, de pied bot, d’idiot, d’éclopé du cerveau, de taré, d’enfoiré,...