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Actualités - ANALYSE

L’Est politique ne se fait pas d’illusions

Faussement naïf, un dignitaire religieux de l’Est se demandait hier matin : «Comment va-t-on procéder pour assurer l’équilibre entre toutes les composantes du pays ? Va-t-on opter pour un Cabinet d’union nationale authentique, composé de personnalités solides et fiables ? Va-t-on au contraire décevoir l’attente des Libanais par une combinaison peu ou mal représentative ?» Pour sa part, on le sait, le patriarche Sfeir s’est prononcé, dans son homélie dominicale pour un véritable comité de salut public. Il souhaite «une équipe homogène, solidaire, formée d’éléments capables, au-dessus de tout soupçon». Assumant encore une fois cet idéalisme souverainiste qui agace certaines parties, le prélat appelle de ses vœux un gouvernement qui serait «libre de ses décisions». Il souligne que les circonstances difficiles que traverse le pays ne permettent plus le petit jeu traditionnel du partage du gâteau. Et il répète en conclusion que le sauvetage constitue un impératif de toute urgence. Cela étant, force est de constater que la représentation chrétienne, mal assurée ces dix dernières années de l’aveu général, continue à poser problème. L’exclusion dont ce camp a souffert l’a fait rentrer dans sa coquille, s’engourdir dans une taedium vitae appelée «ihbat» en arabe. Y a-t-il moyen d’en sortir ? Certaines personnalités de pointe, c’est une évidence constante, sont bloquées par un veto venu du dehors et soutenu localement. Il faut donc les remplacer par des pôles dont le discours reste admissible pour les décideurs, mais qui sont en même temps effectivement représentatifs de leur collectivité. Or, même certains de ces modérés se trouvent frappés d’exclusives, au titre de certaines rancœurs ou de certains intérêts. Ce qui fait qu’en définitive, à de rares exceptions près, la composante politique chrétienne du pays risque de souffrir d’une sous-représentation, ses ministres n’étant que des paravents. L’impression de commencer enfin à sortir du «ihbat», insufflée par les élections ou par quelques événements comme le retour du président Gemayel et la messe du 14 septembre, est en train de se dissiper très vite, comme une brume au lever du soleil. La personnalité ecclésiastique citée reprend en relevant que «pour l’heure, il serait manifestement irréaliste d’espérer la mise sur pied d’un Cabinet d’union nationale. Pour la bonne raison qu’un tel gouvernement devrait englober le PNL, le Bloc national, les Kataëb du président Gemayel, les FL et les aounistes, toujours frappés d’interdit. Mais qu’on nous donne au moins des ministres probes, compétents, fiables, efficaces. Sur le plan politique, leur programme devrait être de réaliser enfin la réconciliation nationale, pour paver la voie à une équipe d’entente et réunifier solidement le peuple. Afin qu’il puisse faire face aux redoutables défis qui l’attendent». Et de préciser que «pour agir en direction de cette réconciliation nationale, il faut tourner la page du passé, gommer toutes les vindictes, par une nouvelle loi d’amnistie sur les crimes de guerre. Cela permettrait la libération du Dr Samir Geagea, sans prendre prétexte de la position des familles des victimes qu’on lui impute pour la refuser. Parallèlement, il faut que le général Michel Aoun puisse retourner au pays comme l’a fait le président Gemayel». Et de conclure en soulignant que «la Syrie a un rôle majeur à jouer, pour ce qui est d’aider le nouveau gouvernement libanais à réaliser la réconciliation nationale, sur base de relations bilatérales de pleine confiance». Émile KHOURY
Faussement naïf, un dignitaire religieux de l’Est se demandait hier matin : «Comment va-t-on procéder pour assurer l’équilibre entre toutes les composantes du pays ? Va-t-on opter pour un Cabinet d’union nationale authentique, composé de personnalités solides et fiables ? Va-t-on au contraire décevoir l’attente des Libanais par une combinaison peu ou mal représentative...