Rechercher
Rechercher

Actualités - BIOGRAPHIE

PORTRAIT D’ARTISTE - Anachar Basbous, de la deuxième génération de sculpteurs Pierre monu-mentale

Un Basbous né à Rachana aura beau faire, il n’échappera pas aux gènes de sa famille. Gènes de sculpteur, d’amoureux de la matière, de la pierre en plein air, de la lumière sur les lignes. Anachar Basbous, au prénom prédestiné, un jeu de lettres à peine dissimulé du nom du village aux allures de paradis, fait partie de cette lignée, même s’il a d’abord voulu s’en tenir à l’écart. «Jusqu’au début des années 90, j’aimais profondément la couleur : pendant ma formation aux Métiers d’art à Paris, j’ai choisi de me spécialiser dans le travail de la mosaïque, explique-t-il. Celui-ci me paraissait être une bonne combinaison de la matière et de la couleur». En 1991, Anachar Basbous revient au Liban et réalise des mosaïques colorées, tant figuratives qu’abstraites, et des décors muraux. Et s’aperçoit qu’inexorablement, il s’éloigne d’une voie qui semblait toute tracée pour revenir vers la pierre : «La mosaïque non seulement demande beaucoup de travail et de patience, mais elle empêche surtout la spontanéité du geste. Travailler la pierre, c’est un état d’âme, un comportement, assure-t-il. J’avais envie de la redécouvrir». Le chercheur Michel Basbous, son père, disparu en 1981, a laissé derrière lui un héritage immense mais complexe. «Il était avant tout un chercheur, explique Anachar. Un chercheur de formes et d’expressions : dès qu’il réussissait à obtenir une ligne, il l’aboutissait et se remettait aussitôt à expérimenter ailleurs. C’était un des rares artistes à oser se remettre constamment en question, sans chercher à exploiter le filon d’un genre qui plaisait au public. Son travail est gigantesque, si bien qu’il ne laisse que peu de voies aux autres sculpteurs». Comme son père, il interroge «l’esprit monumental de la pierre», en précisant aussitôt : «Ce n’est pas une question de taille. Une œuvre très petite peut paraître immense par la force qu’elle contient et, inversement, une sculpture gigantesque peut passer inaperçue». Michel Basbous affectionnait trois formes qu’il travaillait sans relâche : la pyramide, l’obélisque à l’extrémité supérieure très ouverte et la barque. Il s’est intéressé aux liens entre la sculpture et l’architecture, comme en témoignent les deux habitations qu’il a réalisées pour lui et pour son frère Alfred, à Rachana, entre 1975 et 1980. Il a aussi été influencé par l’époque de la récupération, menée par César, et a réalisé des pièces, fixées sur du bois et oxydées, avec des radiateurs de voiture. Pour ne citer que ces œuvres-là. Pierre, air et lumière Comment tracer un nouveau chemin, réalisé de surcroît par son propre père ? Anachar répond avec beaucoup de sérénité : «Ses sculptures représentent pour moi un bagage et pas un horizon fermé, dit-il. J’ai reçu de lui et je cultive la compréhension de la matière, le plaisir de voir une sculpture en plein air, qui respire et qui s’imbibe de lumière». C’est ainsi que le thème importe peu pour Aanchar Basbous, l’essentiel étant encore et toujours «la façon dont est construit ce thème, la manière dont on appréhende la matière et dont on en tire le meilleur». Le jeune sculpteur, né en 1971, crée des pièces à partir d’assemblages, de superpositions de motifs, de répétition de modules. Il a ainsi installé des œuvres dans l’immeuble d’une banque à Achrafieh et dans un restaurant du centre-ville, sans compter les commandes particulières et les participations aux expositions nationales et mondiales. Lauréat d’un prix de sculpture sur bois lors d’un symposium qui s’est tenu en août dernier en Argentine, il travaille à l’élaboration d’une sculpture mixte (bois et métal) qu’il présentera en novembre prochain au Salon d’automne du Musée Sursock. «Je suis un artiste polyvalent, aime-t-il à préciser. Je travaille sur plusieurs plans (design, ameublement, objets décoratifs et architecture) tout en élaborant chacun en particulier». Sans jamais oublier son père : il travaille actuellement à la fondation d’un musée qui ouvrirait ses portes en 2001, afin de célébrer le 20e anniversaire de sa mort. À Rachana, cela va sans dire. Diala GEMAYEL
Un Basbous né à Rachana aura beau faire, il n’échappera pas aux gènes de sa famille. Gènes de sculpteur, d’amoureux de la matière, de la pierre en plein air, de la lumière sur les lignes. Anachar Basbous, au prénom prédestiné, un jeu de lettres à peine dissimulé du nom du village aux allures de paradis, fait partie de cette lignée, même s’il a d’abord voulu...