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Actualités - BIOGRAPHIE

PORTRAIT - Le nouveau député de Jbeil exprime de ses craintes et ses espoirs Nazem Khoury : Priorité à la résolution de la crise économique, sociale et politique

 La politique, Nazem Chahid Khoury, nouveau député de Jbeil, en a fait le tour, même avant d’être un élu. D’un calme imperturbable, ce natif de Amchit, qui n’a pas peur des mots, brosse un tableau réaliste et sans complaisance de la situation libanaise actuelle. Ayant suivi des études poussées dans le domaine de l’administration publique et des assurances, qui l’ont mené de l’AUB à Londres, il a une vaste expérience professionnelle dans ce domaine. Même s’il n’hésite pas à exprimer ses craintes sur la période délicate que traverse le Liban, M. Khoury a des convictions qui émanent d’une certitude : celle de l’habileté du Libanais à sortir des situations difficiles et du potentiel du Liban. Mais, surtout, «il faut repenser le rôle du Liban dans un contexte changeant», insiste-t-il. S’il n’a été élu que récemment dans sa région de Jbeil, M. Khoury n’en est pas moins fils et neveu d’anciens députés. La députation a-t-elle été pour autant, dans son cas, une question d’hérédité ? «Oui et non, dit-il. Il est vrai que j’ai grandi dans une ambiance politique, mais cela ne veut pas dire que ma carrière politique en a été facilitée. Je n’avais même pas vingt ans quand mon père est décédé. J’ai toujours travaillé dans ce domaine, mais je ne me suis présenté aux élections qu’en 1996, pour les perdre avec un écart d’une centaine de voix seulement». Mais il avoue que «la politique n’est pas une partie de chasse, j’y ai consacré tout mon temps, quitte à ce que ma maison soit toujours bondée de visiteurs, comme elle l’est aujourd’hui !». Il ajoute : «Je n’ai pas acquis ma position politique à travers l’argent ou le pouvoir, mais grâce à une relation de confiance avec les électeurs, bâtie avec soin». Proche des néo-destouriens, a-t-il jamais changé de convictions politiques ? «Ni mon père ni moi-même n’avons été des membres de ce parti qui, d’ailleurs, n’existe plus vraiment aujourd’hui», raconte-t-il. «Mais j’aurais bien aimé que ce clivage politique traditionnel entre parti destourien et Bloc national soit toujours de rigueur. Je crois que le climat politique était beaucoup plus sain qu’aujourd’hui. L’aspect confessionnel n’était pas dominant à l’intérieur de ces partis». Outre la politique, c’est surtout dans les domaines académique et social que se sont concentrées les activités bénévoles de M. Khoury. «Depuis 1977, je fais partie du Conseil de tutelle de la LAU et je suis un membre fondateur de l’Université Notre-Dame (NDU) depuis 1978», précise-t-il. Le second volet de mes activités était social : je collabore avec la YMCA et je suis membre du comité exécutif de l’Alliance universelle basée à Genève, après en avoir été le trésorier». M. Khoury déclare que l’éducation et le social resteront parmi ses soucis principaux durant son mandat. «Après avoir passé vingt-cinq ans dans de telles activités, je considère que ces institutions font partie de moi, dit-il. En temps de guerre, alors qu’on s’acharnait à détruire ce pays, nous étions en train d’alléger les souffrances du peuple tout en planifiant pour l’avenir». Quelles solutions préconise-t-il pour la résolution de la crise de l’éducation qui sévit actuellement dans le pays, avec un secteur public qui n’arrive pas à absorber le flot d’élèves qui lui vient du secteur privé ? «Je crois qu’on ne peut pas dissocier cette situation de la crise économique et sociale, fait remarquer M. Khoury. Ce dont nous avons besoin urgemment, c’est d’un gouvernement d’unité nationale qui soit en bons termes avec le président de la République. Nous n’avons plus d’autre alternative». « Que la base sont représentée » Et ce serait quoi, d’après lui, un gouvernement d’entente nationale ? Il répond : «Il faudrait que le plus grand nombre soit représenté. Peut-être pas tous les partis et courants politiques, mais on peut opter pour des personnalités qui représentent vraiment leurs bases». L’un des objectifs lointains que soutient le nouveau député de Jbeil : œuvrer à réduire le caractère confessionnel du système libanais. Est-il pour autant favorable à la proposition d’abolition du confessionnalisme politique telle qu’elle a été présentée récemment par des députés (qui comptaient signer une pétition en ce sens) ? «Je suis contre cette proposition si elle représente une réaction à une position quelconque», répond-il. Prône-t-il un changement de la loi électorale ? «La loi actuelle ne me convainc pas, affirme-t-il. Or c’est cette législation qui est la clé du changement. Moi, je suis favorable à la proportionnelle parce qu’elle permet de faire représenter le plus grand nombre de courants. En effet, nous n’avons pas un système de partis et ne pouvons donc parler en termes de partisans et de loyalistes. C’est par conséquent une loi électorale satisfaisante qui ferait parvenir au Parlement de nouvelles têtes et un nouveau style de performances politiques, qui pourrait, à son tour, aboutir à un système de partis». Toutefois, même cette loi électorale a permis l’arrivée d’un nombre de nouveaux députés au Parlement. «Cela est vrai, mais même ceux-là sont convaincus de la nécessité de changer la loi, souligne-t-il. Il faut revenir à l’uniformité dans les circonscriptions si l’on exige une véritable représentativité». Les députés de Jbeil et du Kesrouan formeront-ils un bloc parlementaire (bien que les élus aient mené campagne dans le cadre de deux listes rivales) ? «Nous sommes déjà cinq à former un bloc parlementaire (de la Liste de la dignité et du renouveau, présidée par M.Georges Frem), dit-il. Mais je crois qu’en ce qui concerne le développement de la région, tous les députés seront d’accord pour travailler ensemble». Le Liban ne peut plus subir de chocs De qui se sent-il proche politiquement au plan national ? «Du Liban, répond M. Khoury en riant. Selon moi, le pays ne peut plus subir de chocs. Je suis soucieux de maintenir une coordination complète avec le président de la République, qui est le garant de la Constitution. C’est comme cela que je le vois : en même temps loin et proche de tout le monde. Par ailleurs, le pays a besoin d’une réconciliation politique qui n’a toujours pas eu lieu». Comment M. Khoury, qui croit qu’il faut laisser de côté les zizanies en cette période délicate que traverse le Liban et la région, perçoit-il le communiqué de Bkerké qui a soulevé tant de protestations ? «J’ai personnellement appuyé ce communiqué, rappelle-t-il. Cependant, je crois que c’est son timing qui a fait l’objet d’une polémique. Pour moi, ce texte a reflété beaucoup de réserves qui existent chez les Libanais. Il y a une présence syrienne au Liban que personne ne peut nier, mais personne non plus ne traite la Syrie en adversaire. Il faut profiter de l’élection d’un nouveau président syrien qui prône le changement pour donner un nouvel élan à la relation entre les deux pays. Je blâme aussi beaucoup d’hommes politiques libanais qui, selon moi, induisent les Syriens en erreur. La responsabilité est partagée». Le plus urgent, répète M. Khoury, c’est de rétablir le système économique. «Celui-ci a toujours été une soudure entre les Libanais, même quand ils ne s’entendaient pas sur une même identité nationale, considère-t-il. Aujourd’hui, l’économie s’est effondrée et le problème identitaire est toujours le même ! Il faut donc travailler à ces deux niveaux». Le relèvement économique ne dépend pas de la seule volonté des Libanais ? «Où sont les prêts arabes tellement attendus ?, s’interroge-t-il. Je crois que la décision internationale de considérer le Liban comme le ventre mou de la région, surtout sur le plan de l’implantation des Palestiniens, persiste. C’est cela mon souci aujourd’hui». Nazem Khoury n’est pas seulement impliqué (maintenant plus que jamais) dans la politique. Sa lecture préférée, ce sont les biographies des grands hommes politiques. A-t-il une figure fétiche ? Chaque personnalité a des aspects intéressants, répond-il, éludant quelque peu la question. Un projet qui lui tient à cœur ? «Sur le plan national, certainement la loi électorale et la modernisation des textes, indispensable pour encourager les investisseurs, répond-il. Pour Jbeil, il faut rappeler que c’est une région démunie de tout. Il faudrait commencer par les infrastructures de base !». Un rêve très cher : voir Byblos devenir un centre touristique d’une importance qui n’a d’égale que sa valeur archéologique. Suzanne BAAKLINI
 La politique, Nazem Chahid Khoury, nouveau député de Jbeil, en a fait le tour, même avant d’être un élu. D’un calme imperturbable, ce natif de Amchit, qui n’a pas peur des mots, brosse un tableau réaliste et sans complaisance de la situation libanaise actuelle. Ayant suivi des études poussées dans le domaine de l’administration publique et des assurances, qui l’ont...