Rechercher
Rechercher

Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

CONFÉRENCE - Un colloque de l’AIDELF Durée de vie et baisse de la fécondité : débat international à Byblos

L’augmentation de la durée de vie et la baisse de la fécondité, deux changements fondamentaux observés, à différents degrés, dans tous les pays du monde au cours des dernières décennies, font l’objet de la conférence annuelle de l’Association internationale des démographes de langue française (AIDELF) qui se tient depuis mardi à la Maison paroissiale de Byblos. «Vivre plus longtemps, avoir moins d’enfants, quelles implications ?»est le titre d’une série d’interventions sur les transitions démographiques dans le monde, prononcées par plusieurs démographes éminents issus de divers pays. L’inauguration du colloque a eu lieu mardi en présence d’un représentant du ministre des Finances, M. Georges Corm, de M. Jean-Louis Cardahi, président de la municipalité de Jbeil, de M. Michel Poulain, président de l’AIDELF, et de Mme Elham Kallab, directrice adjointe du Centre des sciences de l’homme de l’Unesco, basé à Jbeil. C’est ce centre qui a donné un cocktail en l’honneur des conférenciers à l’issue de la séance inaugurale. Les interventions de la séance d’ouverture, dirigées par M. Poulain, étaient principalement axées sur le Liban et ses particularités démographiques. Les problèmes de l’absence de recensements pour des raisons politiques (liées au pluriconfessionnalisme) et des différents mouvements de migration ont particulièrement été soulevés. M. Riad Tabbarah, démographe, a expliqué le manque de recensement par un tabou lié au caractère multiconfessionnel du pays. Seuls quelques recensements par sondage ont été effectués dans les années 70 et dans la période de l’après-guerre. Mais un pas important aura été franchi avec la création d’un Comité national permanent pour la population, «qui compte parmi ses membres des représentants des ministères intéressés par ces problèmes et des experts. Ce comité est chargé de mettre sur pied une politique de population et de veiller à ce que cette politique soit réalisée». La première mission de ce comité était d’établir un projet de politique en ce sens. Il a été soumis au ministère des Affaires sociales qui devrait le transmettre prochainement au Conseil des ministres. Quatre axes principaux de cette politique ont été exposés par M. Tabbarah : l’égalité des sexes, la migration interne et les déplacés, la migration internationale et les statistiques et recherches sur la population. M. Tabbarah a avancé des chiffres significatifs : durant la guerre, les pertes matérielles seules étaient estimées par les organisations internationales entre 25 et 30 milliards de dollars. Le nombre des morts du fait des combats a atteint 150 000 personnes, soit 7 % de la population libanaise moyenne résidente. Ces événements n’ont pas empêché le taux d’alphabétisation de s’élever considérablement, l’analphabétisme tombant de 56 % avant la guerre à 15 % juste après, et à 2 % à peine parmi les jeunes de 10 à 14 ans. Le taux de femmes actives est passé de 10 à 16 % en 1996 et pourrait atteindre les 22 % en 2010. Pour les déplacés dont le nombre atteindrait 450 000 (quelque 350 000 personnes voudraient regagner leur localité d’origine), le document du comité accorde une grande importance au développement du secteur agricole et à la décentralisation administrative comme facteurs facilitant cette tâche. Par ailleurs, l’émigration a largement touché les hommes de 25 à 35 ans, ce qui a eu un effet certain sur l’âge du mariage qui s’est élevé à 28 ans pour la femme et 31 pour l’homme. Le nombre d’«hommes disponibles» est tombé à moins de sept pour dix femmes. D’autre part, en 1997, 19 % des Libanais essayaient d’obtenir un visa d’émigration. Ce chiffre a atteint 28 % en 2000 ! Pour sa part, M. Cardahi a souhaité la bienvenue aux quelque 150 congressistes à Byblos. «Vous constaterez combien il est délicat et difficile de suivre, contrôler et organiser l’expansion d’une ville qui est passée en 20 ans de 10 000 à plus de 35 000 habitants», a-t-il dit. «Je vous invite donc à collaborer avec nous pour étudier son développement dans le respect de nos traditions et de notre patrimoine». Enfin, Mme Kallab a défini l’objectif poursuivi par le Centre international des sciences de l’homme de l’Unesco comme étant «l’étude de l’homme contemporain dans ses rapports avec la nature et la société et les questions liées au développement sous ses aspects divers». La séance inaugurale de ce colloque a consisté en trois parties : l’évolution de la fécondité, celle de la mortalité et celle du vieillissement démographique. M. Youssef Courbage, de l’Institut national d’études démographiques de Paris, a insisté, dans le cadre du premier thème, sur le fait que le cliché de fécondité débridée dans les pays du tiers-monde est désormais dépassé. On assiste au contraire, selon lui, à un effondrement de la fécondité dans la plupart des régions, souvent sans aucune politique coercitive, et particulièrement au Moyen-Orient. Pour les pays du Nord, Mme France Prioux, du même institut, a analysé les différents indicateurs de la baisse de la fécondité en relation avec l’élévation de l’âge du mariage. Pour ce qui est de l’évolution de la mortalité, M. Peng Fei, du Département de statistiques de Pékin, a souligné les grandes disparités de l’espérance de vie à la naissance entre les pays en développement. Mme Jitka Rytchtarikova de l’Université Charles de Prague a fait, pour sa part, une comparaison entre les pays de l’Est et de l’Ouest en Europe. Enfin, MM Thierry Eggerickx et Dominique Tabutin, tous deux de l’Institut de démographie de Louvain, en Belgique, ont analysé le phénomène du vieillissement de la population dans le monde. Les travaux du colloque se poursuivent jusqu’à demain vendredi 13 octobre. S.B.
L’augmentation de la durée de vie et la baisse de la fécondité, deux changements fondamentaux observés, à différents degrés, dans tous les pays du monde au cours des dernières décennies, font l’objet de la conférence annuelle de l’Association internationale des démographes de langue française (AIDELF) qui se tient depuis mardi à la Maison paroissiale de Byblos....