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Actualités - ANALYSE

La viabilité du Cabinet liée à ses réussites

Six mois. Le gouvernement dispose d’un semestre pour amorcer le redressement et donner des signes certains de réussite, dans les différents domaines qui posent problème. S’il y parvient, il irait jusqu’au bout du mandat du président Lahoud. Et sinon, sa durée de vie n’excèderait pas un an. Des sources proches de Baabda indiquent que le chef de l’État est résolu à soutenir à fond l’équipe en place, pour le bien du pays, tout succès devant en outre avoir des retombées positives pour le régime lui-même. C’est pourquoi, M. Lahoud n’a fait aucune objection concernant le staff ministériel dont M. Hariri a voulu s’entourer pour traiter la crise économique, bien que certains noms puissent prêter à contestation. Un veto présidentiel éventuel, ajoutent ces sources, aurait servi le cas échéant d’excuse pour un échec gouvernemental, dont la responsabilité aurait été imputée aux entraves posées par Baabda. Comme quoi, la confiance règne toujours... Ces mêmes sources insistent d’ailleurs, en répétant que «le Cabinet ayant été formé conformément aux vœux de M. Hariri, ce dernier ne pourra pas se défausser sur autrui au cas où il n’atteindrait pas les objectifs qui lui sont fixés. Il ne pourra pas prétendre non plus que le régime lui a mis des bâtons dans les roues, puisque le président Lahoud va soutenir son action à fond». Il reste que bien au-delà de ces considérations précautionneuses, les cercles politiques locaux ne cachent pas qu’ils restent inquiets, et plutôt pessimistes. «Car il est évident, souligne une source, que la tension intérieure illustrée par les débats parlementaires, les prises de position en flèche rendent encore plus difficile la mission des gouvernants. Des conflits aigus divisent les Libanais et les échanges d’accusations torpillent tout dialogue constructif». Cette personnalité pense qu’en secret «certaines parties ont manœuvré d’entrée de jeu pour faire voler en éclats, le plus rapidement possible, le gouvernement. Elles auraient du reste réussi, si les présidents Berry et Hariri n’avaient réussi à circonscrire immédiatement l’incendie provoqué par les attaques et les menaces de M. Assem Kanso contre M. Walid Joumblatt. En persuadant l’un d’accepter que ses propos soient biffés du compte-rendu de la séance parlementaire, et en obtenant de l’autre qu’il ne réponde pas. Dans le même cadre, on a pu éviter que des députés ne présentent une motion de défiance explosive concernant les ministres joumblattistes, en proclamant l’attachement de ces derniers à la teneur de la déclaration ministérielle. Et au passage relatif à la présence militaire syrienne». Mais le feu continue à couver sous la cendre, car le contentieux est loin d’être réglé. Ce qui à terme peut provoquer la dislocation définitive de l’alliance Hariri-Joumblatt et faciliter le renversement du Cabinet pour ceux qui recherchent un tel but. D’autant qu’il existe un autre sujet tout aussi épineux : les fameux «services», auxquels les proclamations haririennes sur les libertés, les arrestations et les écoutes n’ont pas dû plaire. Ces organismes puissants ont déjà laissé filtrer qu’ils auraient préféré voir le président du Conseil traiter d’abord discrètement avec eux, avant de lancer un véritable manifeste libertaire à la Chambre, sur les ondes et dans la presse. On trouve donc là les prémices d’un bras de fer entre le gouvernement et ces services, qui pourraient bien décider de passer outre aux consignes de l’autorité politique. Car ils ont, comme on dit, leur dos bien protégé. Un tel défi venant de l’intérieur de l’État compromettrait pour de bon le crédit du Cabinet. Et pourrait bien obliger M. Hariri à présenter sa démission. Il reste que si la solidarité Baabda-Koraytem, tant chantée ces jours-ci-ci, joue vraiment à fond, il est possible que le gouvernement déjoue les embûches qui lui sont posées. Dans le cas contraire, si des divisions ouvertes ou larvées prennent corps, le Cabinet partirait plus tôt que prévu. Il resterait à savoir alors par quelle formule le remplacer. Et quelles chances de succès pourrait avoir une autre formation. Émile KHOURY
Six mois. Le gouvernement dispose d’un semestre pour amorcer le redressement et donner des signes certains de réussite, dans les différents domaines qui posent problème. S’il y parvient, il irait jusqu’au bout du mandat du président Lahoud. Et sinon, sa durée de vie n’excèderait pas un an. Des sources proches de Baabda indiquent que le chef de l’État est résolu à...