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Actualités - OPINION

Le mirage des chameliers

 Le prototype de l’homme (d’État) qui voit loin ? Ni Mao, ni Staline, ni Churchill, ni De Gaulle, ni même le grand Haley qui tirait des plans sur la comète. Mais l’innombrable présidentiable de notre prolifique terroir. Traverseur sexennal du désert, il préfère le chameau au dromadaire. La bosse unique du méhari ne sécurise pas assez notre animal politique. Des protubérances protectrices, il lui en faut deux, une à l’avant, l’autre à l’arrière. Bien calé dans le creux qui les sépare, il se laisse balancer six ans durant par la houle des dunes, en prenant bien garde aux faux pas. Il sait toujours ce qu’il faut et ce qu’il ne faut pas. Entendez-le, par exemple, traiter du manifeste de Bkerké. Il approuve certes, puisque vox populi vox dei et vice versa. Mais il prend bien soin d’insister sur l’amitié, la fraternité, le jumelage, la coordination, la coopération, voire la collaboration, pour ne fâcher personne. Surtout pas les décideurs, car par définition, et à moins d’un nouvel ordre qui le verrait courir le premier à la curée, ce sont bien eux qui au jour dit lui apporteront la pâtée suprême. Qu’il disputera à ses congénères à coups de crocs féroces, parfois carnagiques autant que carnassiers, comme en 88. Le mirage de la présidence, on ne le sait peut-être pas assez, c’est bien plus qu’un problème de siège. S’il n’y avait eu ce cadeau empoisonné, jamais les maronites, et le Liban avec eux, ne seraient tombés dans le piège.
 Le prototype de l’homme (d’État) qui voit loin ? Ni Mao, ni Staline, ni Churchill, ni De Gaulle, ni même le grand Haley qui tirait des plans sur la comète. Mais l’innombrable présidentiable de notre prolifique terroir. Traverseur sexennal du désert, il préfère le chameau au dromadaire. La bosse unique du méhari ne sécurise pas assez notre animal politique. Des...