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Actualités - BIOGRAPHIE

LIRE EN FRANÇAIS ET EN MUSIQUE - Il fait ce métier qui le passionne depuis huit ans Marc Roger, lecteur public : au bonheur des mots

Marc Roger est lecteur public depuis octobre 92. «Un vrai bonheur», dit-il. Et aussi un métier qui lui permet de vivre honnêtement. Son paquet de livres sous le bras, il opère aussi bien dans les lieux «formels» où le livre est roi (comme les Salons du livre, bibliothèques et médiathèques) que dans la rue, sur les places de marché, dans les centres commerciaux. Et aussi dans les écoles, les universités, les maisons de retraite, les prisons et en entreprise. Bref, partout où il y a de la vie. Au Salon du livre, ceux qui l’ont raté pourront encore l’écouter demain vendredi 10, de 18h30 à 20h30, devant le stand de la Librairie Tarazi ; ou encore dimanche 12 novembre, de 16h à 22h. Avant de faire ce métier qu’il adore, Marc Roger était instituteur, comédien et metteur en scène. Aujourd’hui, il va de prestation en prestation, comme un comédien, répondant aux invitations des uns ou des autres ou se lançant à la rencontre des publics. Il explique que le choix de ses textes est induit par le critère de l’oralité. «Il faut qu’ils puissent bien passer à l’oral. Il y en a que je trouve magnifiques à la lecture silencieuse, et je m’en régale à la maison. Mais ils ne “passent” pas en public parce qu’ils demandent une attention trop soutenue, ou sont trop longs». Il choisit donc des textes à dialogues, «qui comportent une action qui va créer des images mentales dans la tête du spectateur. Il faut que les gens repartent avec une histoire dans la tête», insiste-t-il. La littérature contemporaine est pour lui une source intarissable de beaux textes. Sa préférence va aux auteurs italiens, mais il s’intéresse aussi à de nombreux écrivains, de différents pays : Colombie, Haïti, Danemark, Chili, Chine, Allemagne, Uruguay, Pologne... Deux techniques Marc Roger lit avec la voix, mais aussi avec les yeux, tous les traits du visage et tous les muscles du corps. Cela, lorsqu’il tient le livre dans ses mains, devant ses yeux, à la manière des enseignants en classe. Mais pour les albums illustrés, il a mis au point une technique spéciale inspirée du Kamishibaï , théâtre d’images japonais. Et cette méthode séduit énormément les enfants et les adultes, qui aiment surtout les histoires drôles. Le principe est de photocopier l’histoire sur le dos du livre, de se cacher derrière l’album et de s’en servir comme un masque de théâtre. Le texte de chaque page est casé dans un carreau, séparé du suivant par un trait noir. À chaque trait noir, Marc Roger tourne la page. «Ainsi, les spectateurs voient les images. Ils m’oublient. C’est comme si le livre leur parlait», explique-t-il. L’erreur est humaine, et il arrive que Marc Roger fasse un choix de texte non adapté à son public. Dans ces cas-là, dès qu’il sent que le public décroche, il interrompt son histoire sans problème et passe à une autre. Selon lui, ce métier a beaucoup d’avenir. «Lorsque j’ai commencé, j’étais seul. Maintenant, je fais de la formation et nous commençons à être plusieurs. Mais cela va se développer encore et encore», affirme-t-il. Il note l’explosion en France, depuis une dizaine d’années, des cafés littéraires et philosophiques. «Les conteurs n’ont jamais autant travaillé qu’aujourd’hui, ajoute-t-il. Et pourtant, en France, la tradition orale n’est pas aussi développée que dans les pays du bassin méditerranéen. Mais la raison en est que nous sommes arrivés un peu au bout de la télévision et de l’Internet. Les gens ont envie de se rencontrer, de parler, de partager». Marc Roger peut lire deux à trois heures d’affilée. Sa plus belle récompense est la réaction du public. «Je voyage beaucoup, et rencontre des publics très différents, mais qui ont tous un dénominateur commun : cette même capacité à s’émerveiller». Qu’il lise en Guyane, devant des ethnies qui maîtrisent très mal le français et qui ont une tout autre culture, ou sur le parvis de la Défense à Paris, à l’heure de la pause déjeuner, devant toutes les secrétaires et hommes d’affaires en tailleurs et complets, la magie opère. Aussi bien pour les gamins de trois ans que pour les cadres supérieurs. «Et c’est cela qui est merveilleux», conclut-il les yeux brillants. Natacha SIKIAS
Marc Roger est lecteur public depuis octobre 92. «Un vrai bonheur», dit-il. Et aussi un métier qui lui permet de vivre honnêtement. Son paquet de livres sous le bras, il opère aussi bien dans les lieux «formels» où le livre est roi (comme les Salons du livre, bibliothèques et médiathèques) que dans la rue, sur les places de marché, dans les centres commerciaux. Et aussi...