Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Liban-Libye - L’Iran pèsera de tout son poids auprès de ses alliés libanais Kazzafeddam ne repart pas les mains vides : un compromis est en vue

Pour la première fois depuis 22 ans, le contentieux entre le Liban et la Libye dû à la disparition de l’imam Moussa Sadr pourrait être en voie de règlement. Mission accomplie donc à Beyrouth pour l’émissaire personnel du colonel libyen, Ahmed Kazzafeddam, à la fois cousin du chef de la Jamahiriya et responsable de ses services de sécurité. À l’issue de ses entretiens avec le chef de l’État Émile Lahoud et le président du Conseil Rafic Hariri, Kazzafeddam a promis de régler le problème des exportateurs de pommes et pour le reste, il a demandé un délai d’un mois afin d’étudier la possibilité de créer une commission d’enquête chargée d’investiguer sur les circonstances de la disparition de l’imam Sadr le 31 août 1978. Dure mission pour M. Ahmed Kazzafeddam (c’est le nom initial des Kadhafi. Il est dû à un ancêtre tuberculeux qui crachait du sang, mais le colonel l’a modernisé) à Beyrouth. Annoncée par des canaux diplomatiques, elle n’a tout d’abord pas été confirmée, l’émissaire du colonel préférant agir dans la discrétion. D’autant que sa mission était plutôt délicate : exprimer la colère du colonel face au traitement de défaveur infligé à son ambassadeur au Liban Mohamed Ali Maria et menacer d’une rupture totale des relations diplomatiques entre les deux pays, si le Liban, sur la pression de M. Nabih Berry, refusait de mettre de l’eau dans son vin. Comprenant que le président de la Chambre qui est aussi le chef du mouvement Amal fondé par l’imam Moussa Sadr demeurerait intraitable s’il ne recevait pas des conseils de modération, le colonel libyen avait commencé par sonder les autorités syriennes. Selon des sources bien informées, celles-ci auraient répondu qu’elles ne voyaient aucun inconvénient à ce que le Liban ait des relations «normales» avec la Libye, mais le plus sûr serait de s’assurer l’appui des Iraniens. Cinq jours à Téhéran M. Kazzafeddam s’est donc rendu à Téhéran où il a passé cinq jours à discuter des relations bilatérales entre son pays et la République islamique, mais aussi du cas des chiites du Liban. Selon les mêmes sources bien informées, les autorités iraniennes auraient promis de peser de tout leur poids (considérable) pour convaincre leurs alliés libanais de mettre entre parenthèses leur animosité envers le régime libyen, de façon à permettre au Liban de nouer des relations constructives et enrichissantes pour les deux parties avec la Libye. Fort de cet appui, M. Kazzafeddam a pris ses rendez-vous avec le président Lahoud et le Premier ministre Hariri à partir de Téhéran et il est arrivé à Beyrouth mardi dans l’après-midi pour repartir hier. Des sources diplomatiques affirment que les entretiens de l’émissaire de Tripoli avec les responsables locaux (et même avec certains membres du Hezbollah) étaient assez cordiaux et les deux parties ont convenu de s’accorder un délai d’un mois pour aplanir les problèmes en suspens. Pendant cette période, l’ambassadeur Maria restera en Libye, mais les exportateurs de pommes sont attendus dès aujourd’hui au siège de l’ambassade de Libye à Beyrouth pour que soit achevée la transaction qui les concerne et qu’ils puissent obtenir leurs droits, Tripoli confirmant son engagement à acheter les pommes du Liban. Les autres engagements (envoi de carburant et d’engrais à prix préférentiels) seront suspendus pour l’instant, dans l’attente de la formation d’une commission d’enquête libano-libyenne avec la participation de parties neutres pour investiguer sur les circonstances de la disparition de l’imam Moussa Sadr le 31 août 1978. Par ailleurs, le président du Conseil a promis que le Liban participerait au 1er congrès sur les investissements étrangers en Libye qui doit se tenir à Tripoli les 14 et 15 novembre. Il s’agit d’une première puisque c’est tout à fait dernièrement que les Libyens ont commencé à s’ouvrir aux investisseurs étrangers. La couverture chiite et économique assurée, le Liban pourrait alors ouvrir une nouvelle page dans ses relations avec la Libye. L’imam Sadr ne sera certes jamais oublié, mais les raisons d’État doivent être, pour l’instant, plus fortes que tout autre considération, estiment les sources précitées. L’enquête de la commission prendra tout son temps et permettra ainsi à chaque partie de panser ses blessures et de calmer les réactions de la base. Il a donc fallu 22 ans pour que les deux parties parviennent à une ébauche de compromis avec l’aide de la Syrie et de l’Iran. La realpolitik finirait-elle par triompher ? Scarlett HADDAD
Pour la première fois depuis 22 ans, le contentieux entre le Liban et la Libye dû à la disparition de l’imam Moussa Sadr pourrait être en voie de règlement. Mission accomplie donc à Beyrouth pour l’émissaire personnel du colonel libyen, Ahmed Kazzafeddam, à la fois cousin du chef de la Jamahiriya et responsable de ses services de sécurité. À l’issue de ses entretiens...