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Actualités - ANALYSE

Efforts discrets mais intensifs pour résoudre la crise

C’est une situation politique tendue qui prévaut sur la scène locale après le débat de confiance, marqué par tant de rebondissements. Dont le moindre n’est pas l’attaque frontale de M. Assem Kanso contre M. Walid Joumblatt, suivie d’une bombe retentissante : politiquement, le leader du PSP n’est plus persona grata en Syrie. Il peut certes s’y rendre, mais à titre personnel, sans s’attendre à être reçu par les dirigeants. Pour dire les choses comme elles sont, il est tombé en disgrâce chez les décideurs. Or cette césure inquiète les autorités libanaises, car elle peut être source de déséquilibres et de remous sur un front intérieur que l’on s’efforce de consolider. Pour mieux faire face aux développements régionaux, qui restent inquiétants. Et, surtout, pour assurer cette stabilité de base sans laquelle aucun redressement économique ne peut s’opérer. Partant de ce constat, les présidents Berry et Hariri ont entamé, indiquent des sources fiables, des contacts discrets en vue d’une visite, pour commencer, de M. Joumblatt à Baabda. Et ensuite d’une visite, peut-être en compagnie de l’un d’eux, à Damas, dont le chemin passe par Baabda. Mais pour le moment cette médiation en coulisses reste à l’état embryonnaire et c’est toujours un climat de vive tension et d’incertitude qui règne sur la scène locale. Les attaques en flèche inouïes de M. Kanso, dans l’enceinte parlementaire puis en-dehors, contre M. Joumblatt n’ont pas fini de faire des vagues. On sait en effet que le cadre baassiste, suivi par M. Nader Succar, a été jusqu’à accuser le leader druze de servir Israël. Et il n’a pas hésité à formuler à son encontre des menaces à peine voilées. Les deux lances de fer du camp prosyrien ont en outre exigé, pour voter la confiance, que les membres joumblattistes du Cabinet confirment qu’ils suivent pour leur part la ligne officielle, c’est-à-dire la pleine adhésion à la présence militaire syrienne dans ce pays. Ils ont à peu près obtenu gain de cause dans ce sens que les intéressés n’ont pas à eu à leur répondre directement, M. Hariri prenant seul la parole pour assurer que tous les membres du gouvernement restent solidaires et cosignent sa position sur la question. Pour être précis, il convient de rappeler que l’un des ministres joumblattistes, M. Ghazi Aridi, a déclaré qu’il est certes solidaire des actes du gouvernement, mais n’en pense pas moins. Pour sa part M. Joumblatt a réagi sur le champ en relançant le président de la Chambre. Il a signifié au président Berry que l’institution devait prendre position par rapport aux inadmissibles propos de M. Kanso. Ajoutant que s’il n’y avait pas des excuses, son bloc parlementaire et lui-même boycotteraient la place de l’Étoile, tandis que les ministres du groupe démissionneraient d’un seul mouvement du gouvernement. Là aussi, c’est un compromis à la libanaise qui a prévalu. Le président Berry, sachant que M. Kanso ne présenterait pas d’excuses, s’est résolu à sanctionner son coup d’éclat en faisant biffer son intervention du compte rendu officiel de la séance. Bon prince, M. Joumblatt s’est contenté de cet expédient. Car pour le fond, et il n’a jamais en réalité cessé de le souligner, ses propositions sur une amélioration des relations libano-syriennes ne découlent d’aucune animosité et s’inspirent de l’intérêt des deux pays. Plus précisément, le leader du PSP, comme il le rappelle régulièrement, ne réclame pas le retrait militaire syrien, mais en comprend la nécessité stratégique. Tout en estimant qu’il ne doit pas y avoir amalgame entre ce domaine et le reste. Et en proposant la mise en place d’un organisme mixte qui veillerait à faire respecter les bornes, pour endiguer les interférences abusives. Au-delà de cette affaire, et un peu à cause d’elle, l’idée d’un congrès national défendue au Parlement par le président Omar Karamé rebondit, malgré le «non» catégorique du président Hariri. C’est que les divisions font rage. À tel point que les modérés commencent à s’inquiéter sérieusement. Ainsi, voyant la tournure que prenaient les choses après la réponse du président du Conseil au Dr Albert Moukheiber, le président Hussein Husseini a décidé de renoncer au discours qu’il devait prononcer devant la Chambre, pour ne pas attiser le feu des querelles intestines. Un exemple suivi par le président Berry qui avait pourtant annoncé qu’il allait prononcer «un mot pour l’Histoire» et a finalement préféré laisser les manuels en paix. Actuellement donc, le congrès national apparaît pour beaucoup comme une chance à saisir pour recoller les morceaux avant que le conflit sur la présence syrienne n’aille trop loin. «La démarche est d’autant plus nécessaire, souligne un modéré de l’Ouest, que l’Est politique n’est pas assez représenté dans les institutions officielles. Toutes ses formations radicales, nombreuses et influentes, en sont exclues. Or, même si l’on considère qu’il a tort, on ne peut ignorer ce camp dans un débat national qu’il a soulevé en premier. Se contenter des réponses vagues du gouvernement et d’un échange de propos vifs à la Chambre ne constitue certainement pas une solution. Si la raison doit prévaloir, le congrès national, associant au monde politique tous les secteurs de la société civile, et notamment les organismes économiques qui ont un mot important à dire, doit être organisé au plus tôt». Mais peut-il l’être sans l’aval des décideurs ? Philippe ABI-AKL
C’est une situation politique tendue qui prévaut sur la scène locale après le débat de confiance, marqué par tant de rebondissements. Dont le moindre n’est pas l’attaque frontale de M. Assem Kanso contre M. Walid Joumblatt, suivie d’une bombe retentissante : politiquement, le leader du PSP n’est plus persona grata en Syrie. Il peut certes s’y rendre, mais à titre...