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Actualités - ANALYSE

LIBAN-LIBYE - L’affaire du boycottage de l’ambassadeur Maria pourrait avoir de lourdes conséquences Kadhafi met le Liban au pied du mur : des relations normales ou la rupture

Entre le Liban et la Libye rien ne va plus. Malgré la tentative de rapprochement amorcée dans la foulée de la libération de Marie Moarbès en août dernier, les relations entre les deux pays se sont brutalement détériorées et les promesses du leader libyen d’inonder le Liban de fuel et de carburant à prix préférentiel ainsi que d’acheter la récolte de pommes libanaises semblent s’être évaporées. Un émissaire de haut rang est attendu dimanche à Beyrouth pour sommer les autorités libanaises de choisir : soit des relations normales, soit une rupture totale. Auparavant, il aura sondé, aujourd’hui, les autorités de Damas. Le colonel libyen ne décolère pas. Selon des sources fiables, il estime particulièrement révoltante l’attitude du Liban officiel à l’égard de son pays. Surtout que, de son côté, il estime avoir multiplié les signes de bonne volonté particulièrement depuis les négociations en vue de la libération de l’otage libano-française Marie Moarbès détenue à Jolo. À l’époque, les autorités libyennes avaient affrété un avion pour emmener la délégation officielle et les journalistes libanais à Tripoli, et le secrétaire général du comité populaire pour les affaires extérieures (ministre des Affaires étrangères) libyennes avait annoncé l’intention de son pays d’acheter les pommes du Liban à bon prix et d’envoyer à Beyrouth du fuel et autres carburants en guise de contribution à la relance économique libanaise. Mais, en contrepartie, l’ambassadeur libyen continue à ne pas être reçu dans toutes les manifestations et cérémonies placées sous le patronage du président de la Chambre Nabih Berry. La Libye a commencé par protester auprès des autorités libanaises. En vain. Finalement, le colonel Moammar Kadhafi a décidé de rappeler son ambassadeur et a demandé aux Libanais de faire de même. Avant de s’envoler pour Tripoli, l’ambassadeur Mohammed Ali Maria a été reçu par les responsables libanais et la réponse du chef du gouvernement a été évasive : «Il me faut du temps pour étudier le dossier. Je ne peux pas prendre une décision rapidement». L’ambassadeur en a déduit qu’il ne voulait pas de problèmes avec le président de la Chambre Nabih Berry et il n’a même pas sollicité un rendez-vous du nouveau ministre des Affaires étrangères jugé plus ou moins proche de Berry. Estimant cette réponse insuffisante, le colonel a alors choisi de s’en référer directement au président de la République, qui a toujours témoigné une grande amitié à la Libye. Il a donc décidé de lui envoyer un émissaire personnel, son propre cousin Ahmed Kazzafeldam (Kadhafi) qui arrive aujourd’hui à Damas et sera demain à Beyrouth où il se rendra directement auprès du président Lahoud, porteur d’un message du colonel Kadhafi. Selon les sources bien informées, Kazzafeldam demandera aux autorités libanaises de choisir : soit des relations normales avec la Libye (ce qui signifie que l’ambassadeur devra être traité comme tous les autres diplomates accrédités au Liban), soit une rupture totale et tant pis pour les agriculteurs et autres consommateurs de carburant. En cas de rupture, l’ambassade à Beyrouth devra fermer ses portes et celle du Liban à Tripoli en fera de même. Ce qui est assez terrible pour l’ambassadeur Mustafa Hamdane, en poste depuis onze mois et qui avait beaucoup investi dans le réaménagement de l’ambassade et le réchauffement des relations avec le Liban. Au point que c’est un peu grâce à lui qu’après le retrait israélien du Sud, la Libye avait recommencé à accueillir les Libanais sur son territoire sans exiger préalablement de visa. De même, c’était lui qui avait annoncé aux Libanais la disposition de la Libye d’aider les agriculteurs du Sud. Mais aujourd’hui, le colonel Moammar Kadhafi ne veut plus rien entendre. Pour le leader libyen, le mouvement Amal est libre d’adopter les positions qui lui conviennent et de critiquer la Libye, mais l’État libanais ne peut pas avoir la même attitude sans en assumer les conséquences. Et cette fois, le colonel souhaite obtenir une réponse claire. Avant d’arriver au Liban, son émissaire se rendra à Damas pour sonder les autorités syriennes sur le sujet. Scarlett HADDAD
Entre le Liban et la Libye rien ne va plus. Malgré la tentative de rapprochement amorcée dans la foulée de la libération de Marie Moarbès en août dernier, les relations entre les deux pays se sont brutalement détériorées et les promesses du leader libyen d’inonder le Liban de fuel et de carburant à prix préférentiel ainsi que d’acheter la récolte de pommes libanaises...