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Actualités - REPORTAGES

L’enfance de Gibran : le rêve d’un avenir meilleur

 L’enfance de Gibran se déroula entre un père besogneux, un oncle taiseux et une mère vive et intelligente qui allait compter beaucoup dans sa vie. Sa famille appartient à la petite bourgeoisie conservatrice de la montagne libanaise profonde, auréolée de sainteté et de mystères et bercée par des mélopées venues du fond des âges. Elles se font l’écho de toute la souffrance endurée et accumulée aux cours des âges par ces familles qu’un tragique et funeste destin allait poursuivre avec les persécuteurs de tous bords, et qui ne connurent quelque répit qu’au fond des grottes de la Qadisha. La mortification de l’âme et la souffrance du corps engendrent l’austérité et la mélancolie. Le petit Gibran faisait partie de cette communauté qui, si elle n’était plus errante par le corps l’était du moins par l’esprit, il rêvait comme la plupart de ses parents et de leurs amis d’un avenir meilleur dans un pays de cocagne, un eldorado. Bercé par les mélopées poignantes et nostalgiques des vieilles et des vieux de la montagne, son esprit meurtri s’envolait par-dessus la misère, après avoir foulé aux pieds les bassesses et les vilenies que le besoin et la peur laissent parfois transparaître devant la face de Dieu, celle de ses saints et de leurs représentants sur terre. Son âme s’envolait vers l’Occident prometteur, vers l’Europe et les Amériques, cette terre féconde que sa mère Kamilat ou Kammoul, comme il aimait l’appeler, la lui racontait en lisant des lettres jaunies écrites en caractères gras avec une encre violette… Son rêve fut exaucé quelques décennies plus tard dans le Nouveau monde. Car après qu’il eut effectué son introspection propre, il entreprit de faire l’introspection des siècles passés. Il y réussit au-delà de toute espérance, pour son bonheur ? Rien n’est moins sûr, mais certainement pour le bonheur de ceux, nombreux, qui l’ont écouté et suivi et ceux qui continuent à voir en lui le prophète d’un monde à venir.
 L’enfance de Gibran se déroula entre un père besogneux, un oncle taiseux et une mère vive et intelligente qui allait compter beaucoup dans sa vie. Sa famille appartient à la petite bourgeoisie conservatrice de la montagne libanaise profonde, auréolée de sainteté et de mystères et bercée par des mélopées venues du fond des âges. Elles se font l’écho de toute la...