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Actualités - COMMUNIQUES ET DECLARATIONS

Disparus - Des documents inédits fournis par Solide Détenus en Syrie : les ONG reviennent à la charge

Une dizaine de jours se sont écoulés depuis l’annonce de la fermeture officielle du dossier des détenus libanais en Syrie faite par le procureur général Adnane Addoum, et quelques jours seulement depuis l’initiative du président de la République Émile Lahoud de créer une commission chargée d’enquêter sur le sort des personnes disparues. Pourtant, les parents de ces dernières, persuadés que leurs enfants sont en Syrie, multiplient incessamment les déclarations. Idem pour plusieurs associations de droits de l’homme qui soulèvent une multitude de cas et de questions et fournissent des preuves concrètes selon lesquelles il y aurait toujours des détenus politiques en Syrie, parmi lesquels des soldats capturés le 13 octobre. Plus encore, un document fourni par l’association Solide (Soutien aux Libanais détenus et exilés) à L’Orient-Le Jour contredit certaines affirmations du procureur Addoum. Le chargé de mission de l’association pour la défense des droits de l’homme Nouveaux droits de l’homme-Liban (NDH), Élie Abou Aoun, a relevé hier «les différentes contradictions dans le discours des officiels» depuis 1992 au sujet du nombre des prisonniers libanais détenus en Syrie. M. Abou Aoun a rappelé que le président Élias Hraoui avait affirmé, dans un discours à la British Broadcasting Corporation (BBC) en 1993, «qu’il n’y avait pas de prisonniers en Syrie». En octobre 96, le Premier ministre Rafic Hariri, répondant à une question de la déléguée de l’association Human Rights Watch, Houeyda Saad, avait également nié la présence de détenus dans les geôles syriennes au cours d’une visite à Washington DC. En novembre 96, le président Hraoui avait, contre toute attente, parlé de «210 détenus libanais dans les prisons syriennes». Le 28 février 98, le bâtonnier de l’Ordre des avocats syriens avait nié l’existence de ces détenus. En mars 98, les autorités syriennes avaient reconnu l’existence de 155 prisonniers libanais en Syrie et évoqué la prochaine libération de 130 d’entre eux. Elles en avaient finalement relâché 121, dont dix Palestiniens. Poursuivant son rappel, M. Abou Aoun a indiqué qu’en janvier 2000, le gouvernement Hoss avait nommé une commission pour enquêter sur le sort des personnes disparues, et avait conclu qu’elles étaient toutes mortes. Au début du mois de décembre 2000, la Syrie transférait au Liban 46 prisonniers libanais et le procureur général Adnane Addoum rendait publique l’existence de 95 détenus de droit commun, a-t-il ajouté. «Avant décembre 2000, 26 prisonniers libanais en Syrie recevaient la visite de leurs familles. De ces 26, seulement 14 ont été libérés, et nous n’avons reçu aucune information de l’État libanais et de l’État syrien sur le sort de 12 d’entre eux», a précisé M. Abou Aoun. Le chargé de mission de NDH a par ailleurs insisté sur «la nécessité de faire la distinction entre le dossier des disparus et celui des personnes arrêtées après 1990 et transférées en Syrie». M. Abou Aoun a critiqué «les conditions dans lesquelles les prisonniers récemment pris en charge par l’État libanais étaient détenus en Syrie, où les soins médicaux étaient insuffisants», réprouvant également «les conditions dans lesquelles ces prisonniers ont été remis aux autorités locales, les yeux bandés, les mains liées et la tête baissée». Concernant le dossier des arrestations considérées comme arbitraires, M. Abou Aoun a réclamé l’ouverture d’une enquête sur les auteurs de ces arrestations pour déterminer si les motifs en sont valables. «Dans le cas contraire, les responsables de ces arrestations devront être déférés devant les tribunaux compétents, sinon on tombe dans l’impunité, qui constitue une violation des droits de l’homme», a-t-il affirmé. Il a en outre souligné la nécessité de tenir compte du témoignage effectué par Camille el-Rami, arrêté et détenu entre 1988 et 1992 en Syrie, devant le Conseil judiciaire durant l’affaire Samir Geagea. M. Rami y avait affirmé que «jusqu’au moment de sa libération en 1992, 35 soldats et officiers libanais arrêtés le 13 octobre 1990 se trouvaient avec lui en prison». Il a également estimé que «les officiers et responsables de l’armée libanaise qui conduisaient l’opération militaire du 13 octobre 1990 devaient être interrogés concernant la disparition des deux pères antonins Albert Cherfan et Sleiman Abou Khalil à Beit Méry». M. Abou Aoun a par ailleurs soulevé le cas de Georges Chlawitt, Toni Tamer et Najib Jaramani qui ont été arrêtés après 1990, et qui ont reçu les dernières visites de leurs parents après 1997. NDH a enfin proposé à l’État libanais «d’œuvrer sur le dossier des disparus et sur le dossier des personnes arrêtées après 1990 conjointement, sans les mélanger, en association avec des ONG des droits de l’homme et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR)».
Une dizaine de jours se sont écoulés depuis l’annonce de la fermeture officielle du dossier des détenus libanais en Syrie faite par le procureur général Adnane Addoum, et quelques jours seulement depuis l’initiative du président de la République Émile Lahoud de créer une commission chargée d’enquêter sur le sort des personnes disparues. Pourtant, les parents de ces...