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Actualités - ANALYSE

Relations libano-syriennes Dans l’attente d’une nouvelle initiative de Damas

Force est de constater que les multiples médiations engagées par des pôles locaux pour améliorer les relations libano-syriennes piétinent. «C’est normal, relèvent des politiciens, car, si l’on y regarde de près, l’initiative est tout entière aux mains de Damas, les rapports de force étant en sa faveur. Certes les points de vue exprimés du côté libanais, et qui sont d’ailleurs consciencieusement recueillis par le président Bachar el-Assad, sont pris en compte. Mais le pouvoir d’agir, de concrétiser ou non ces suggestions, n’appartient qu’à la Syrie». Ces sources estiment cependant que «les autorités libanaises doivent pousser à la roue. Elles doivent inlassablement relancer la direction syrienne pour discuter avec elle des moyens à mettre en œuvre en vue d’une correction de trajectoire relationnelle. Et pour encourager Damas à aller de l’avant et à ne pas s’endormir sur ce dossier. Il ne faut pas que Beyrouth baisse les bras, quitte à laisser la Syrie arrêter en définitive un plan de réforme déterminé et juger de son timing d’exécution. Il faut en tout cas que nous fassions montre d’un esprit de suivi soutenu, car si nous cessions de nous occuper de ce problème, il est peu probable que la Syrie y consacre d’elle-même une quelconque attention. Après tout, dans cette affaire, nous sommes les demandeurs». Ces personnalités regrettent du reste «que l’on ait perdu tant de temps. Dès la signature des accords de Taëf, il aurait fallu engager un dialogue de fond avec le parrain syrien. L’on aurait coupé court de la sorte à toute contestation et, surtout, l’on se serait assuré que ces accords de Taëf seraient complètement et parfaitement exécutés. Tout aurait été plus clair, plus facile et l’on aurait évité de voir des instances religieuses obligées de s’impliquer dans un dossier aussi délicat. Tout comme l’on aurait évité les polémiques à relents confessionnels». Ces sources rappellent ensuite l’exemple de Kamal Joumblatt : quand il était ministre de l’Intérieur, il établissait régulièrement, toutes les deux semaines en moyenne, un ordre du jour de divers problèmes communs pour en discuter avec les autorités syriennes. Généralement, c’était le directeur des affaires politiques du département, le regretté Mounir Anouti, qui était chargé d’établir le contact et de négocier, si l’on peut dire, avec les responsables syriens. Grâce à cette méthode, qui se substituait à des relations diplomatiques inexistantes, les deux pays réglaient beaucoup de questions qui autrement auraient pu provoquer des frictions. «Nos dirigeants, enchaînent ces mêmes personnalités, devraient s’ inspirer de Kamal Joumblatt pour nommer un go between régulier ou un comité de contact avec les Syriens». En réalité, ces mécanismes existent déjà sur le papier, puisque les deux pays disposent ensemble d’un Conseil supérieur mixte doté d’un secrétariat général permanent. Sans compter que le pacte dit de fraternité a créé également des commissions diverses qui, en principe, doivent se réunir régulièrement. Mais ne l’ont jamais fait en pratique, d’où l’idée d’une nouvelle mission spéciale de dialogue permanent. Quoi qu’il en soit, les sources citées estiment «qu’en ce qui concerne la question de la présence militaire syrienne, nos autorités ont négligé leurs devoirs. Qui étaient de rappeler à Damas la nécessité d’entamer le redéploiement de ses troupes sur la Békaa, conformément aux dispositions de Taëf qu’on ne saurait contourner. Le pouvoir local aurait de la sorte évité de laisser une initiative d’ordre national passer aux mains des évêques maronites, ce qui a entraîné une forte crise politique sur le front intérieur. Le pays s’est trouvé gravement divisé à un moment où il a plus que jamais besoin d’unité intérieure pour faire face aux dangers régionaux qui le menacent. Dans le même esprit, et dans le même sens, il est incompréhensible sinon inadmissible que le pouvoir local refuse d’envoyer l’armée au Sud, alors même que la majorité écrasante des Libanais n’attend que cela. Car il est incompréhensible sinon inadmissible que le Liban se sacrifie tout seul face à Israël, en laissant le front du Sud ouvert à tous les orages, alors même que cette région a été libérée». Émile KHOURY
Force est de constater que les multiples médiations engagées par des pôles locaux pour améliorer les relations libano-syriennes piétinent. «C’est normal, relèvent des politiciens, car, si l’on y regarde de près, l’initiative est tout entière aux mains de Damas, les rapports de force étant en sa faveur. Certes les points de vue exprimés du côté libanais, et qui sont...