Et si tu n’existais pas...

 S’te plaît. Offre-moi la force. De ne pas jeter mes épluchures de cacahuètes par la fenêtre de ma voiture. De ne pas brûler les feux rouges, vite, si vite, faire des morts. S’te plaît. Offre-moi la force. De ne pas me contenter d’attendre et de prier pour que mon pays évolue enfin. Offre-moi l’envie. De faire. De m’impliquer, à la (dé)mesure de mes moyens, d’être citoyen. D’être libanais. S’te plaît. Offre-moi la force de ne pas m’imaginer, parce que j’ai une situation, au-dessus des hommes, au-dessus des règles. Offre-moi l’intelligence de respecter. S’te plaît. Offre-moi l’humilité. Offre-moi le besoin de dialoguer, toujours, toujours. Offre-moi la clairvoyance, pouvoir élire ceux qui vont diriger mon pays en toute liberté, leur demander des comptes. Et eux... offre-leur... la force. De ne plus être lâches, veules, crétins, cupides. De ne plus se mettre à genoux. Offre-moi la possibilité. Toutes les possibilités. Prier qui je veux, aimer qui je veux, faire ce que je veux, dire ce que je veux, obéir aux lois. Petit Papa Noël. Et si tu n’existais pas... Je serai gentil, si gentil. Nous serons gentils, si gentils. Nous en avons marre des Pères Fouettards. Même si nous les méritons. Pour l’instant. Ziyad MAKHOUL