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Actualités - ANALYSE

Un impératif trop négligé : l’entente nationale

Comme le souligne un homme d’État expérimenté, «il est vain de croire qu’un pays composite peut indéfiniment tenir debout sans entente nationale. On pensait la leçon bien retenue après la guerre. Et Taëf n’a d’ailleurs pas manqué de mettre l’accent sur une telle nécessité vitale. Mais on n’a pas voulu en tenir compte. De ce fait, les séquelles des affrontements continuent à peser lourd dans la balance politique. Par la persistance de ces clivages qui empêchent, entre autres méfaits, l’édification d’un véritable État de droit et des institutions. Et le Liban se trouve privé de toute autonomie de décision par des divisions internes qui en font un pays mineur placé sous tutelle». Mais que faut-il faire pour réaliser l’entente ? «Tout d’abord, répond ce sage, il est nécessaire de corriger des comportements ou des mesures discriminatoires. L’application inégale de la loi d’amnistie est une première cause, évidente, de déséquilibre. Il n’est pas admissible de porter au pinacle des leaderships déterminés, alors que leurs vis-à-vis sont emprisonnés ou pratiquement déportés parce que leurs vues déplaisent au pouvoir ou aux décideurs. Dans le même cadre, il n’est pas admissible que des arrestations arbitraires frappent les partisans de tel ou tel courant opposant. On crée ainsi un sentiment d’injustice et d’oppression qui dresse les Libanais les uns contre les autres. Et les lois électorales tronquées que l’on fabrique de quatre ans en quatre ans, pour maintenir hors-jeu une frange importante de la population, ne font qu’élargir le fossé. En attisant une hostilité viciée par les facteurs d’ordre confessionnel. Dans de telles conditions, il est parfaitement compréhensible que des Libanais se sentent exclus et en éprouvent une profonde amertume, qui les porte d’ailleurs à faire le jeu des manipulateurs, en s’éloignant d’eux-mêmes de la vie publique». «Pourtant, poursuit cette personnalité, après la libération du Sud, obtenue grâce à l’unité des rangs intérieurs autour du principe de résistance, les Libanais avaient espéré que leur État allait enfin pouvoir récupérer sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, son autonomie de décision et sa parfaite indépendance. Ils ont dû rapidement déchanter, car ce n’est pas cette carte-là que le pouvoir a voulu jouer. Les dirigeants se sont en effet hâtés de soutenir que le retrait n’était pas accompli conformément à la 425, du moment que Chebaa restait sous occupation, que la question des réfugiés palestiniens n’était pas réglée, ni celle des prisonniers libanais détenus en Israël ou encore celle des indemnités que cet État agresseur devrait verser à notre pays. Une façon de multiplier les prétextes étayée par un argument sans doute plus déterminant en pratique : la volonté de servir la cause du jumelage avec la Syrie. Qui se traduit par le maintien du Sud, où l’on refuse d’envoyer l’armée, dans un état de déstabilisation qui en fait un levier de pression pour la récupération du Golan. Ainsi que par la prorogation sine die de la présence militaire syrienne dans ce pays, au titre d’impératifs stratégiques régionaux, mais aussi de considérations de sécurité intérieure. Or un tel schéma est, à bien y regarder, préjudiciable aussi bien à la Syrie qu’au Liban. Car il empêche la mise en place de relations positives fondées sur le respect mutuel comme sur la défense bien comprise des intérêts communs. Le Liban marine, faute d’autonomie motrice, dans un état de faiblesse chronique qui, au fond, alourdit la démarche de la Syrie elle-même et la prive de bien d’atouts diplomatiques ou autres. Notamment face au camp occidental». Revenant à la question-clé de l’entente nationale, cette personnalité rappelle en conclusion deux évidences : «L’union doit se traduire par une Chambre représentative, issue d’élections libres. Et par des gouvernements où toutes les parties seraient représentées, après une réconciliation nationale véritable orchestrée par le pouvoir, sur base d’une amnistie appliquée à tous sans distinction. Pour tourner la page et permettre aux Libanais, comme au Liban, de se retrouver». É.K.
Comme le souligne un homme d’État expérimenté, «il est vain de croire qu’un pays composite peut indéfiniment tenir debout sans entente nationale. On pensait la leçon bien retenue après la guerre. Et Taëf n’a d’ailleurs pas manqué de mettre l’accent sur une telle nécessité vitale. Mais on n’a pas voulu en tenir compte. De ce fait, les séquelles des affrontements...