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Actualités - CHRONOLOGIE

L’important…

Une poignée de jeunes hier, avenue Charles Malek. Venus pour soutenir des parents qui ne veulent qu’une seule chose, la vérité sur le sort de leurs fils, lesquels se trouvent toujours, selon eux, en Syrie. Venus pour écouter le père de Ali et la sœur de Johnny, disparus depuis longtemps, continuer à hurler pour se faire entendre. Une poignée de jeunes hier, pour les aider à se faire entendre, pour prendre le relais, pour extirper toute la rage des dernières années. Pour que cessent enfin les arrestations arbitraires des jeunes, de toutes les tendances, communistes, forces libanaises, aounistes, nihilistes, athées, un tant soit peu exhibos, etc. Un ras-le-bol général. Le sentiment de centaines d’automobilistes restés bloqués sur le Ring, à cause de ces jeunes, de la circulation, du rendez-vous qu’on a manqué, du boulot qu’il fallait rattraper… multiplié, hypertrophié. La colère bouillonnante. Mais ces jeunes (et ces parents) n’ont plus le choix : au fil des années, ils ont entendu dire que pour s’exprimer, ils ne devaient pas rester dans leurs universités et manifester calmement, mais braver les interdictions, troubler l’ordre public, bloquer les rues, prendre des coups et exercer leurs droits et leurs libertés «inaliénables» … Une note positive : le comportement des FSI hier encore, qui ont fait leur travail correctement, et l’absence de l’armée, qui est restée dans ses casernes. «Cela n’est pas une affaire confessionnelle, ce sont tous des Libanais» : un leitmotiv repris par ces jeunes, devant des parents au bord de la crise de nerfs, aphones, malades. Mais qui retrouvent pour un instant l’envie de danser, d’exhorter. Ce refrain est de circonstance : dans l’ombre, dans l’inconnu, il y a encore, selon les dires, un melting-pot : du chrétien, du musulman, du aouniste, du tawhid, du baassiste tendance aflakiste, du Kataëb, du PNL, des FL… Des centaines de jeunes hier, pour la première fois dans la rue, à réclamer à pleins poumons «le retour des disparus», la fêlure qui grandit et s’approfondit entre l’État et la société, les plaies des diverses défaites et déconvenues politiques qui s’infectent de nouveau, la mémoire collective qui se réveille et se découvre, le mutisme qui agonise, implose, les tabous de la guerre qui sautent enfin. Et toujours pas de personnalités politiques – à l’exception, notable, de M. Massoud Achkar. L’important, dans tout ça, ce n’est pas l’éveil en lui-même, et ses effets à court terme. Mais son renouvellement incessant. L’important c’est de continuer… et de ne pas oublier. Michel HAJJI GEORGIOU
Une poignée de jeunes hier, avenue Charles Malek. Venus pour soutenir des parents qui ne veulent qu’une seule chose, la vérité sur le sort de leurs fils, lesquels se trouvent toujours, selon eux, en Syrie. Venus pour écouter le père de Ali et la sœur de Johnny, disparus depuis longtemps, continuer à hurler pour se faire entendre. Une poignée de jeunes hier, pour les aider à...