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Actualités - OPINION

Religion - La découverte d’un ossuaire du 1er siècle a relancé le débat sur la « virginité perpétuelle » de Marie Vierge et sainte mère de famille

Après la découverte d’un ossuaire du Ier siècle à Jérusalem sur lequel est inscrit en araméen : «Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus », un débat s’est ouvert portant essentiellement sur l’authenticité du vestige découvert et, par conséquent, sur l’hypothétique existence de frères et sœurs de Jésus, ce qui remettrait en question la virginité perpétuelle de Marie. La découverte relance l’une des plus vieilles querelles exégétiques : Jésus a-t-il des frères et des sœurs ? Selon certains, évoquée explicitement dans la Bible, cette fraternité a été remise en cause par l’Église pour préserver le dogme de la « virginité perpétuelle » de Marie. Les auteurs de cette réponse font allusion à certains passages dans les Évangiles qui font état des frères et sœurs de Jésus. Dans l’Évangile selon saint Marc, il est dit par exemple : « La foule était assise autour de lui (Jésus). On lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont dehors ; ils te cherchent » (3,32). Toujours selon saint Marc : « À la Synagogue, de nombreux auditeurs qui y étaient présents disaient : « D’où cela lui vient-il ? Et quelle est cette sagesse qui lui a été donnée... ? N’est-ce pas le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Et ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ?... » (6,2-4). Toutefois, depuis près de deux mille ans que cette querelle dure, l’Église y a déjà répondu et même si la découverte de l’ossuaire se révèle historiquement authentique, la phrase qui s’y trouve inscrite ne contredit en rien l’Enseignement de l’Église. Selon les pères de l’Église et de nombreux exégètes et théologiens, la fraternité établie entre Jésus et Jacques ou avec d’autres « frères et sœurs » par l’Écriture Sainte est conforme aux enseignements bibliques et ne remet pas en cause la « virginité perpétuelle » de Marie. Comment et pourquoi ? Dans la Bible, chez les Hébreux et les Araméens, comme d’ailleurs aujourd’hui chez d’autres peuples du Proche-Orient parlant ou ayant parlé dans l’Antiquité des langues sémitiques, le mot araméen « Aho » qui veut dire « frères » désigne soit les fils de la même mère, soit les proches parents comme les cousins et les cousines paternels ou maternels, et les neveux. C’est pourquoi, les membres de ces ethnies peuvent appeler frère toute personne ayant un lien de parenté avec eux. Abraham et Loth Plusieurs versets dans l’Ancien Testament témoignent de l’authenticité de cette conception socio-culturelle. Ainsi, dans le livre de la Genèse : « Et Abraham dit à Loth : qu’il n’y ait pas querelle entre moi et toi, mes bergers et les tiens ; car nous sommes frères. » (Gn 13,8). Précisons que Loth est le neveu de Abraham, le fils de son frère Harân. Cette même conception se retrouve dans le Nouveau Testament. Il est dit, dans les Évangiles des saints Mathieu, Marc et Jean : « Il y avait là plusieurs femmes qui regardaient à distance ; elles avaient suivi Jésus depuis les jours de Galilée en le servant ; parmi elles se trouvaient Marie de Magdala, Marie la mère de Jacques et de José, et la mère des fils de Zébédée. » (Mt 27,55-56). Or saint Mathieu et saint Marc disaient explicitement que Jacques et José sont « les frères » de Jésus (Mc 6,3 et Mt 13,55). L’Église a toujours compris ces passages comme ne désignant pas d’autres enfants de la Vierge Marie mais parlant des proches parents de Jésus. En effet, Jacques et José « frères de Jésus » sont les fils d’une Marie disciple du Christ qui est désignée de manière significative comme « l’autre Marie » : « Après le sabbat, au commencement du premier jour de la semaine, Marie de Magdala et l’autre Marie vinrent voir le sépulcre. » (Mt 28,1) Aussi, saint Jean disait-il : « Près de la croix de Jésus se tenaient debout sa mère, la sœur de sa mère, Marie, femme de Clopas, et Marie de Magdala. » (Jn 19,25). Comment est-il possible que Marie, femme de Clopas, soit la sœur de Marie, mère de Jésus, et que toutes les deux portent le même prénom ? Il est clair qu’il faut comprendre qu’elles sont sœurs au sens de l’Évangile, c’est-à-dire de parenté même lointaine et non par la naissance. La liberté de la foi Ces interprétations ont été reprises dans la doctrine de l’Église catholique. En outre, comme l’indique expressément le Concile Vatican II en 1964 et à sa suite le Catéchisme de l’Église catholique paru en 1992 : « L’approfondissement de sa foi en la maternité virginale a conduit l’Église à confesser la virginité réelle et perpétuelle de Marie même dans l’enfantement du fils de Dieu fait homme... La liturgie de l’Église célèbre Marie comme la Aeiparthenos, « Toujours Vierge ».» Pour conclure, il paraît clair que, même au regard de ces textes et de bien sûr beaucoup d’autres éléments de son parcours puis de son expérience, l’être humain demeure et demeurera toujours libre d’y croire ou non. Les fondements du savoir et de la compréhension de cette question résident d’abord dans la foi et dans une relation personnelle et intime avec Dieu. Raison, foi et expérience étant bien sûr étroitement liées et interdépendantes. Du reste, ériger en dogme la « virginité perpétuelle » de Marie ne signifie en rien remettre en cause la valeur et l’essence mêmes du mariage ainsi que son importance pour celles et ceux qui en ont fait ou vont en faire le choix. Mais rien n’empêche bien sûr de faire un autre choix, celui conjoint de la virginité et du célibat, et de le vivre pour toujours. C’est alors que Marie, mère de Jésus-Christ, apparaît, dans son mode de vie, comme elle est, a toujours été, et sera toujours : le modèle aussi bien de la « virginité perpétuelle » que de celui d’une sainte mère de famille. Finalement, il semble bon de s’interroger, du fait que des femmes ayant fait vœux et préservant pour toujours leur virginité ont toujours existé et existent toujours même à notre époque, qu’elles consacrent toute leur vie, comme fiancées de Jésus-Christ, au service de Dieu et de l’être humain, alors pourquoi serait-il trop pour le Christ et pour l’Humanité tout entière d’avoir une Maman Vierge, d’une « virginité perpétuelle » ? Rodney DAOU Doctorat en droit à l’université de Poitiers
Après la découverte d’un ossuaire du Ier siècle à Jérusalem sur lequel est inscrit en araméen : «Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus », un débat s’est ouvert portant essentiellement sur l’authenticité du vestige découvert et, par conséquent, sur l’hypothétique existence de frères et sœurs de Jésus, ce qui remettrait en question la virginité perpétuelle...