Barreau - 2 921 avocats ont voté hier au Palais de justice L’opposition remporte les quatre sièges à pourvoir au conseil de l’Ordre de Beyrouth(photo)

L’opposition, représentée par le Courant patriotique libre (CPL-aouniste), le Rassemblement de Kornet Chehwane et le Forum démocratique, a remporté hier les quatre sièges qui étaient à pourvoir au conseil de l’Ordre des avocats, à Beyrouth. Ce sont les candidats appuyés par le CPL, le Parti national libéral (PNL), la base Kataëb (courant gemayeliste), les Forces libanaises (FL), le Forum démocratique et les groupes de gauche qui ont réussi face aux candidats soutenus par la coalition regroupant le Parti socialiste progressiste (PSP), le mouvement Amal, le parti Kataëb de M. Karim Pakradouni, le Parti syrien national social (PSNS) et le Courant du futur du Premier ministre, Rafic Hariri. Sur les 4 500 membres de l’Ordre des avocats habilités à voter, 2 921 d’entre eux ont été aux urnes pour renouveler, comme chaque année, quatre des douze titulaires de sièges au conseil de l’Ordre. L’an prochain, les membres de l’Ordre auront à élire, en plus de quatre nouveaux membres, un nouveau bâtonnier. Les quatre candidats élus au conseil de l’Ordre sont MM. Antonio Hachem, appuyé par le CPL et des indépendants (1 602 voix), Pierre Hanna, appuyé par les FL (1 355 voix), Majed Fayad, appuyé par le CPL, le Forum démocratique, les groupes de gauche et la base Kataëb (1 289 voix) et Nabil Toubia, soutenu par le PNL, le CPL et la base Kataëb (1 167 voix). Mme Sonia Attieh, candidate du Bloc national appuyée entre autres par le parti Kataëb de M. Karim Pakradouni, le mouvement Amal, le PSP le PSNS, et le Courant du futur, a été élue membre suppléant. Elle est arrivée en cinquième position avec 1 018 voix. Certains des membres du CPL ont également voté pour elle. « Le courant aouniste ne soutenait officiellement que MM. Hachem, Fayad et Toubia, laissant à chacun de ses membres le soin de voter pour le quatrième candidat de son choix », a expliqué à L’Orient-Le Jour une source du courant aouniste. Plusieurs observateurs ont relevé ce résultat, évoquant un net recul du BN, autrefois très influent au sein de l’Ordre des avocats. Le candidat du PSP, Bassam Halabi, appuyé par la coalition Amal-PSNS-courant du Futur-Kataëb, aurait également recueilli des voix des FL et de la base Kataëb. Le CPL, lui, a refusé d’appuyer le PSP, sous prétexte que ce dernier « a fait alliance avec les partis au pouvoir ». M. Halabi s’est classé sixième avec 846 voix. Grand perdant de ces élections, le candidat du mouvement Amal, Ali Abdallah, appuyé par le PSP, le PSNS, le Hezbollah, le parti Kataëb de M. Pakradouni et le Courant du futur, et qui n’a recueilli que 491 voix. Ce candidat ne s’est classé que neuvième. Le mot de Chédid Devant l’assemblée générale de l’ordre convoquée pour les élections, le bâtonnier Raymond Chédid a donné lecture d’un communiqué rendant compte de la mission de l’avocat et du rôle de l’Ordre au sein de la société civile. S’adressant aux avocats, M. Chédid a affirmé: « Vous êtes les soldats du droit et votre mission arrive en tête des missions humanistes. Elle consiste à porter la flamme de la liberté et à lutter pour garantir l’application de cette dernière. Qui plus que vous doit défendre l’homme, ses droits, sa dignité et son humanité ? » « (...) Au plan national, à chaque fois qu’il y a une crise au niveau des libertés et que les droits de l’homme sont bafoués, les gens font appel à nous. Nous n’avons jamais failli à notre devoir et restons le fer de lance et le porte-étendard des libertés », a-t-il indiqué. Évoquant les événements du 7 août 2001, date à laquelle des centaines d’opposants avaient été arrêtés et des dizaines d’autres tabassés devant le Palais de justice, M. Chédid a affirmé qu’ils étaient devenus « le symbole de la lutte de notre ordre, de ses prises de position héroïques en faveur du droit contre l’oppression ». « Lorsque les libertés médiatiques et la liberté de la presse ont été violées, nous avons pris une position audacieuse, loin de toute opinion politique, pour les défendre », a-t-il poursuivi. « Les responsables s’étant montrés impuissants à faire la lumière sur le sort des détenus, c’est au sein de notre Ordre que les familles des prisonniers ont finalement trouvé refuge », a-t-il ajouté. Et le bâtonnier de conclure: « Nous étions toujours disponibles pour la société et la liberté du citoyen. Nous avons eu des positions expresses et courageuses concernant plusieurs questions nationales, notamment les arrestations arbitraires et les procès bâclés, ou encore les affaires en relation avec la libération du Sud, le droit à l’eau, au rétablissement de la souveraineté libanaise sur tout le territoire, à l’indépendance et à la liberté ».