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Actualités - OPINION

Encore un paradoxe : la trêve pour Paris II empêcherait le dialogue !

Le pouvoir, et beaucoup de modérés, même opposants, prônent une réédition de la trêve intérieure qui a marqué le Sommet de la francophonie. Afin de bien paver la voie à Paris II. Mais, étrangement, cette suspension d’armes se mettrait en travers du dialogue politique. Pourquoi ? Parce que, répondent les loyalistes, si des échanges devaient commencer, ils pourraient vite tourner à l’aigre. Les criailleries reprendraient de plus belle et la pause-café volerait en éclats (de voix). Mais Paris II peut-il réussir ? Les avis sont partagés à ce sujet dans les cercles économiques ou politiques. Pour certains, la conférence va permettre au Liban de redresser la barre financière. En disposant de suffisamment de moyens, d’échelonnements et de temps pour espérer ramener le déficit budgétaire au point zéro à l’horizon de l’an 2007. Côté chiffres, on devrait être fixé à la fin du mois sur les détails des moratoires, des nouveaux prêts et des assistances obtenus via Paris II. De même, on devrait avoir une idée plus précise de ce que les privatisations, dont le produit est entièrement destiné à alléger la dette publique, vont rapporter au Trésor. Le tout s’accompagnant, comme Hariri et Siniora l’annoncent, d’une baisse des taux d’intérêt. Mais d’autres se montrent plus sceptiques. Se fiant aux franches déclarations d’intentions réduites émanant de divers bailleurs de fonds potentiels, ces sceptiques estiment que les échelonnements risquent de ne pas être aussi élastiques que Beyrouth le souhaite. Le portefeuille des emprunts et des assistances devrait être également, à leur avis, plus symbolique qu’autre chose. Car le monde entier est dans la gêne ou presque. Et il attend, de plus, de voir ce qui va advenir dans cette région troublée du monde, avec la perspective d’une frappe US en Irak et de dangereux rebondissements du conflit israélo-arabe. Selon ces pessimistes, les autorités ont fait trop de tapage médiatique autour de Paris II. À leur avis, elles ont eu tort de bercer ainsi d’illusions, voire de berner, l’opinion locale. Les Libanais voient désormais dans cette conférence une planche de salut, leur permettant de regagner la berge de la prospérité, alors qu’elle n’est à tout prendre qu’un geste de courtoisie. De plus, on se promet d’en tirer quelque cinq milliards de dollars, alors que raisonnablement on ne devrait pas en attendre plus de la moitié. Les Libanais vont donc être déçus. Cependant, nul ne souhaite mettre des bâtons dans les roues au gouvernement lors du débat sur le budget. Car nul ne veut être accusé d’avoir entravé le projet de redressement. De même, un effort de retenue politique va être accompli par les différents protagonistes de la scène locale, durant les semaines à venir. Ainsi, dans le camp loyaliste et parmi les indépendants on entend des voix, comme celle d’Élie Ferzli, répéter qu’il faut calmer les esprits, conforter la détente sur le front politique interne. En ce qui concerne le document de travail du Rassemblement parlementaire de concertation destiné au patriarche Sfeir, on apprend qu’il n’omet pas la question de la présence militaire syrienne. Mais la place, au contraire, en tête des sujets évoqués. Car le groupe souhaite qu’on en traite, pour mettre un terme à une controverse toxique, sans laisser le germe de côté pour risquer de le voir incuber de nouveau un jour. La position du RPC par rapport à ce problème est qu’un redéploiement a été effectué ces derniers temps, conformément aux dispositions de Taëf et en réponse aux vœux de Bkerké. Quant au retrait total, il se trouve lié à l’évolution du processus de paix, comme l’ont proclamé la France et les États-Unis eux-mêmes. La décision n’appartient pas unilatéralement au Liban. D’autant que Taëf n’a pas fixé de délais pour un départ définitif, mais uniquement pour des redéploiements. Il faut en tout cas dépasser cette polémique, pour passer à l’étude des moyens à mettre en œuvre afin d’améliorer les relations libano-syriennes. Ce que le président Assad en personne souhaite, en relevant qu’il existe des failles dans ces rapports. De fait, la Syrie ne doit plus s’immiscer dans les affaires politiques intérieures du Liban. Ce qu’une entente effective entre les Libanais faciliterait, car ils deviendraient en mesure de gérer eux-mêmes ces affaires, sans avoir besoin de tutelle pour éviter d’être tout le temps divisés et déchirés. Ce sont les Libanais qui doivent donc engendrer leur propre autorité autonome. Émile KHOURY
Le pouvoir, et beaucoup de modérés, même opposants, prônent une réédition de la trêve intérieure qui a marqué le Sommet de la francophonie. Afin de bien paver la voie à Paris II. Mais, étrangement, cette suspension d’armes se mettrait en travers du dialogue politique. Pourquoi ? Parce que, répondent les loyalistes, si des échanges devaient commencer, ils pourraient vite...