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Actualités - CHRONOLOGIE

Toufic Hindi a quitté Roumieh au volant de sa voiture La liberté après quinze mois et deux jours de détention(photos)

Toufic Hindi n’a jamais été si heureux. Samedi matin, le conseiller politique du chef des FL dissoutes, Samir Geagea, a retrouvé sa liberté, après quinze mois et deux jours de détention. C’est accompagné de son épouse Claude et de ses enfants Nicolas, 14 ans, et Sara, 13 ans, que l’un des principaux fondateurs du Rassemblement de Kornet Chehwane, condamné en mars 2002 pour intelligence avec l’ennemi, a quitté Roumieh pour retrouver ce qui faisait son quotidien avant la rafle du 7 août 2001. L’entrée de la prison samedi matin. Les avocats de M. Hindi, Joseph Rahmé, Richard Chamoun, Nadi Ghosn et Élias Eid qui avaient effectué diverses formalités pour la remise en liberté de leur client, au cours de la semaine écoulée, arrivent à Roumieh. Ils sont suivis, quelques instants plus tard, par la famille du conseiller politique du chef des FL. Devant l’entrée de la prison, Claude Hindi descend de la Jeep de son époux, et se met derrière le volant de sa Peugeot (le véhicule bénéficie d’une autorisation pour franchir le portail). Elle vérifie encore une fois les autorisations délivrées à ses enfants. Nicolas, lui, ne lâche pas son sac à dos. C’est dans ce sac que la famille avait rangé la veille cinq cravates et quelques ceintures. « Papa a mis un complet pour sortir de Roumieh, les cravates et les ceintures sont interdites en prison », expliquera le jeune garçon un peu plus tard. Joe Sarkis, ingénieur FL, et plusieurs proches de la famille Hindi patientent devant le portail. Leur attente ne sera pas longue. Peu après 9 heures, Toufic Hindi, amaigri mais souriant, habillé d’un complet gris, retrouve la liberté. Il quitte Roumieh pour la première fois depuis quinze mois sans menottes aux poignets et sans escorte militaire. À quelques mètres de l’enceinte de la prison, la Peugeot où avait pris place l’ancien détenu s’arrête. Le conseiller politique du chef des FL, suivi de sa petite famille, descend du véhicule pour se mettre au volant de sa propre Jeep. Toufic Hindi est libre. C’est lui qui conduira sa famille à la maison. Quelques proches attendent devant l’immeuble de Badaro. Dans l’appartement retapé, refait à neuf pour accueillir l’ancien détenu, on sable le champagne, on offre dragées et chocolats. On boit à la santé du conseiller du chef des FL et du Liban, on boit pour le courage du couple durant les 15 mois passés. « Mon épouse est une géante », lance Hindi portant un toast en l’honneur de sa femme. « Ce matin quand je l’ai vu libre, pour la première fois depuis quinze mois, j’ai pleuré », raconte Claude Abou Nader Hindi à ses proches. Durant la nuit de vendredi à samedi, elle n’a pas réussi à fermer l’œil. Une question la harcelait : « Est-ce qu’il sortira demain ? » A-t-elle pardonné ? « Non, mais je veux simplement oublier et vivre », dit-elle. Sara et Nicolas pensent aux projets qu’ils feront avec leur papa. « Mais déjà par le simple fait qu’il soit là, c’est tout un projet », indique Nicolas. Ils veulent aller au cinéma et aux expositions. D’ailleurs en voiture, ils lui avaient parlé du Salon du livre au Biel, de leurs examens, de ce qu’ils avaient fait au cours de la semaine. Car, rappelons-le, durant les quinze mois écoulés, Sara et Nicolas se rendaient chaque semaine en prison chez leur père, pour discuter et lui raconter leur quotidien. La veille du grand jour, Nicolas avait fait des rêves, de beaux rêves. « J’ai rêvé d’aujourd’hui », dit-il. Sara, elle, dormira désormais dans son lit. La fillette, qui avait assisté à l’arrestation de son père le 7 août 2001, ne dormait plus depuis qu’à côté de sa mère. « Papa m’a manqué dans tout ce que je faisais ; la maison était vide », indique encore Sara qui attend les prochains devoirs de maths pour solliciter l’aide de son père. La maison des Hindi ne désemplit pas. Farès Souhaid, député de Jbeil, est parmi les premiers venus. « Il y a une place qui vient de devenir vacante à Kornet Chehwane », lance-t-il faisant allusion au retrait de Carlos Eddé. Jean Aziz, qui avait remplacé, à Kornet Chehwane, le conseiller politique du chef des FL, arrive. Il est suivi de Massoud Achkar, ancien candidat aux législatives de Beyrouth et beau-frère de Hindi, et d’Élie Keirouz et de Selmane Samaha, cadres FL détenus avec Toufic Hindi au ministère de la Défense et à la prison de Roumieh et libérés en novembre 2001. D’autres personnalités et amis ne tardent pas à venir. Mis à part les onze kilos qu’il a perdus au cours de sa détention, Toufic Hindi n’a apparemment pas changé. Les longs mois d’emprisonnement n’ont pas eu raison de son profil de mathématicien et d’analyste politique, exposant par la logique, le « possible » et le « probable », ses idées. Certes, les jours les plus difficiles de sa détention étaient les premiers, passés au ministère de la Défense. Plus tard Hindi, s’est mis à écrire. Et il compte publier un ouvrage. Oui, il savait qu’il pouvait être un jour arrêté « mais pas de cette manière ni avec autant de dureté », dit-il sans vouloir trop s’attarder sur le passé. « Je ne veux pas jeter de l’huile sur le feu, l’intérêt supérieur du pays et la sagesse exigent que je ne parle pas de la magistrature, des juges, du tribunal et du verdict », déclare-t-il. Qu’est-ce qui l’a aidé à tenir le coup ? « J’ai des qualités d’endurance, de persévérance et de courage face à l’adversité et à la mort », dit-il. Les mois passés en prison ont gardé en lui « un sentiment d’amertume ». De plus, ce qui l’avait le plus marqué dans le milieu carcéral, c’était cette profonde atteinte « à la dignité, relève-t-il, le fait que l’on soit menotté pour les divers déplacements, que l’on s’adresse à vous d’une manière irrespectueuse, et le fait d’être placé avec des voleurs, des meurtriers et des trafiquants ». Toufic Hindi a attendu jusqu’à hier dimanche pour faire sa déclaration politique à partir de Bkerké. « Certes, je suivais les nouvelles en prison mais j’ai besoin de temps, d’une lecture plus approfondie de l’actualité et de la situation pour pouvoir me prononcer », avait-il dit aux journalistes, à sa sortie de prison. Samedi soir, il s’est rendu dans un restaurant libanais avec famille et amis. Le fin gourmet, cordon-bleu à ses heures perdues, avait envie de retrouver le goût des aliments interdits derrière les barreaux. Quelques heures après sa remise en liberté, Toufic Hindi ne s’était pas encore attardé sur les projets qu’il compte réaliser. Il a probablement besoin de temps pour se reposer et respirer à nouveau l’air de la liberté... Patricia KHODER
Toufic Hindi n’a jamais été si heureux. Samedi matin, le conseiller politique du chef des FL dissoutes, Samir Geagea, a retrouvé sa liberté, après quinze mois et deux jours de détention. C’est accompagné de son épouse Claude et de ses enfants Nicolas, 14 ans, et Sara, 13 ans, que l’un des principaux fondateurs du Rassemblement de Kornet Chehwane, condamné en mars 2002...