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Actualités - CHRONOLOGIE

Privatisation - Le droit de grève refusé aux pilotes de la MEA Joumblatt : « Un précédent inacceptable »

La décision, prise jeudi dernier en Conseil des ministres, d’autoriser la MEA à engager des pilotes de ligne étrangers, a semé l’émoi dans les rangs des syndicats. Le syndicat des pilotes de la MEA fait l’impossible pour obtenir l’annulation de cette décision qu’il juge « anticonstitutionnelle et immorale ». Une délégation des pilotes s’est rendue hier auprès du ministre des Transports Négib Mikati et de M. Walid Joumblatt, pour leur exposer la situation et protester énergiquement contre une décision qui prive les pilotes du droit de grève. Le chef du PSP a déclaré qu’il s’agit d’un « précédent inacceptable en contradiction avec les lois et des usages ». M. Mikati a naturellement écouté les représentants des pilotes, mais les a renvoyés à la direction de la compagnie, estimant que leur affaire est d’ordre purement interne. En réalité, M. Mikati ne pouvait faire preuve de compréhension à l’égard des pilotes, ayant lui-même défendu l’idée d’un recours éventuel à des pilotes de ligne étrangers, en cas de grève des pilotes de la MEA. Le ministre avait soulevé, au cours du dernier en date des Conseils des ministres, la réticence des pilotes à accepter un nouveau contrat de travail que leur soumet la compagnie, qui ne tient pas compte de certains de leurs droits acquis en terme de nombre d’heures de vol. Une mise en demeure a été adressée par la MEA aux pilotes leur demandant de signer leur nouveau contrat de travail avant le 18 novembre ou de démissionner. Un double refus, de leur part, les expose tôt ou tard à se voir remplacés par les pilotes étrangers, estiment les pilotes. M. Mikati a fait valoir que la MEA ne pouvait être à la merci d’une grève que déclencheraient les pilotes à n’importe quel moment, notamment à la saison haute, compromettant le plan de redressement financier de la compagnie. Selon le ministre, il n’est pas question de substituer aux pilotes libanais des pilotes étrangers, mais de prévoir une échappatoire à la direction, en cas de conflit radical entre la direction et les pilotes. « C’est une coupe amère, que nous souhaitons ne pas boire, a dit M. Mikati. Il n’y a pas de plan pour substituer des pilotes étrangers aux pilotes libanais, dont l’expérience et la compétence sont hors de question, mais nous avons autorisé ce remplacement pour des périodes courtes et dans des conditions précises, pour nous mettre à l’abri des surprises. » Les pilotes, de leur côté, estiment qu’il existe bel et bien un plan pour leur trouver des remplaçants. M. Mahmoud Houmnani, président du syndicat, considère qu’une épée de Damoclès a été placée au-dessus de la tête des pilotes. Pour la direction de la compagnie, le nouveau contrat de travail est appliqué depuis 18 mois et doit être entériné par les pilotes, car leurs remarques ont été prises en ligne de compte. Mais, estime-t-elle, tous les gestes de la direction ont été accueillis par les pilotes avec mauvaise grâce, à preuve la grève d’avertissement qu’ils ont observée voici un mois. Le PDG de la MEA Mohammed el-Hout s’en expliquera d’ailleurs aujourd’hui dans une conférence de presse. Pour sa part, M. Walid Joumblatt, qui a accueilli une délégation des pilotes de ligne, a noté que la tendance à la privatisation commence à s’étendre à tous les secteurs, au mépris des lois et des usages. Cette tendance, estime-t-il, a atteint la direction de la MEA qui souhaite remplacer les pilotes de la compagnie par d’autres, étrangers, et qui cherche à leur imposer des conditions de travail « illogiques et inacceptables », sous prétexte de réduire les frais financiers de la compagnie. « Si l’on veut faire des économies, que l’on réduise les salaires des ministres et des députés, des responsables de la Banque du Liban et du Casino du Liban, plutôt que de se venger sur les pilotes de la MEA », a dit le chef du PSP, qui a même fait état de la volonté du gouvernement de privatiser l’école technique de Bir Hassan, dont le niveau académique est trop bas.
La décision, prise jeudi dernier en Conseil des ministres, d’autoriser la MEA à engager des pilotes de ligne étrangers, a semé l’émoi dans les rangs des syndicats. Le syndicat des pilotes de la MEA fait l’impossible pour obtenir l’annulation de cette décision qu’il juge « anticonstitutionnelle et immorale ». Une délégation des pilotes s’est rendue hier auprès du...