Kornet Chehwane compte les coups…

Plein de bouleversements sur le plan politique intérieur. En effet, la Rencontre de Kornet Chehwane doit défendre sa peau. Non seulement elle doit amortir le coup de massue de l’invalidation du mandat de Gabriel Murr. Elle demande à Ghassan Moukheiber de démissionner de suite. Elle dénonce les failles dans la justice. Et veut relancer l’Ordre des avocats pour lutter sur ce front. Mais elle doit, aussi, gober le départ de l’un de ses piliers majeurs, Carlos Eddé. Le leader du Bloc national entend en effet désengager son parti de toute formation élargie. Il n’est plus exclu, désormais, que la Rencontre vole en éclats. Pour céder éventuellement la place à une coalition multiconfessionnelle étendue, où Safadi et Boueiz, entre autres, trouveraient leur place. Ce mardi, la Rencontre de Kornet Chehwane se réunit sous l’égide de Mgr Youssef Béchara. Pour faire le point, après le coup de l’invalidation. Et après avoir digéré durant le week-end le refus opposé par l’Intérieur à sa demande de manifestation, jeudi dernier. La Rencontre, on le sait, s’est inclinée. Mais pas les aounistes. Et la rue chrétienne, pour tout dire, s’est trouvée divisée. D’autant que, par ses sévères critiques à l’encontre du laxisme de la Rencontre, Michel Aoun a paru marquer des points auprès d’une opinion (surtout chez les jeunes) peu encline à composer avec un système qui la discrimine… systématiquement. La Rencontre de Kornet Chehwane, qui avait d’entrée de jeu indiqué qu’elle ne cesserait pas de présenter des demandes d’autorisation pour des manifs, veut établir un plan d’action articulé sur d’autres moyens, notamment politiques. Pour continuer à défendre les libertés et la démocratie, attaquées à son avis par le pouvoir. Mais aussi, pour survivre. De son côté, le Rassemblement parlementaire de concertation, loyaliste, fait machine arrière. Dans ce sens qu’après avoir annoncé, juste après sa création, qu’il voulait parler avec la Rencontre, il indique désormais que le dialogue est exclu. En expliquant qu’en tout cas la Rencontre, après la fermeture de la MTV, s’est elle-même refermée et a coupé les ponts avec le régime. Est-il besoin de souligner, ou de rappeler, que la semaine dernière déjà des éléments proches des décideurs, et qui en répercutent souvent les avis, estimaient publiquement que le dialogue avec Kornet Chehwane serait une pure perte de temps. Ce message, par ricochet, a donc été bien capté par les parlementaires du cru. Cependant, on tient manifestement dans les hauteurs, à réserver un traitement à part, de faveur en quelque sorte, au patriarcat. Peut-être parce qu’on sait qu’il est considéré comme un recours national par presque toutes les parties locales. En tout cas, un membre du Rassemblement parlementaire révèle que les contacts avec Bkerké seront maintenus. Ce qui est du reste compréhensible, voire inévitable, du moment que le groupe est formé, exclusivement, de députés chrétiens. Pour sa part, Mgr Sfeir, cité par des députés qui l’ont vu récemment, répète qu’il n’est pas partie au conflit politique intérieur. Il insiste par contre sur la défense des constantes nationales. Et il s’alarme de la recrudescence du discours confessionnel, en précisant qu’il verrait d’un bon œil, quant à lui, la formation de groupements multiconfessionnels. Selon ces députés, on n’est pas loin de penser du côté de Bkerké que le climat est confessionnalisé à dessein, par certains, pour embarrasser et neutraliser au maximum l’opposition. Autrement dit, on accuse le camp chrétien de confessionnalisme pour qu’il soit obligé de s’en défendre et de réduire son action par peur de continuer à être désigné comme le vilain petit canard noir. Ou comme un bouc émissaire.