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Actualités - OPINION

Peu ou prou de politique au menu américain du Premier ministre

C’est pour Paris II essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, que Hariri va voir les Américains, comme il a déjà parlé avec les Français et les dirigeants du Golfe. Mais la limitation a elle-même ses limites. Car en ce bas-monde presque rien n’échappe à la politique, surtout pas l’économique et encore moins le social, qui n’est rien sans les finances. De plus, il est évident que, dans tout marché (et tout est bazar), il faut jouer à donnant-donnant. Comme le Liban ne peut rien offrir sur le plan matériel aux États-Unis, il lui faut faire des concessions sur le plan politique. Mais, heureusement, on ne lui en demande pas trop. La situation l’avantage en effet sur ce plan, comme elle l’a fait pour le Wazzani. C’est-à-dire que les Américains, soucieux de faire passer sans trop de mal la pilule de leur frappe potentielle contre l’Irak, se montrent cools (comme ils disent) avec tout le monde dans la région. Et plus spécialement avec les parties qui peuvent lui donner un mal de tête. Ainsi, ils laissent Sharon s’agiter, mais pas trop ; Arafat se dépêtrer, mais pas assez. Et ils rassurent Damas : ils sont contre le Syria Acountability Act, ne pensent pas que le retrait syrien du Liban doive se faire avant la paix régionale, ni que l’armée libanaise doive être déployée d’urgence au Sud. Cela étant, les Américains, logiques et conséquents avec eux-mêmes, demandent avec insistance que le front du Sud reste calme. Au moins jusqu’à ce qu’ils en aient terminé avec Saddam. Bref, le contentieux politique étant pratiquement gelé, Hariri n’aura pas à s’en soucier aux States. Il souhaite du reste, comme il l’a déclaré à l’IC, que la pause étende ses effets à la scène locale, pour une trêve facilitant le redressement économique. À son avis, il faut laisser faire la justice et s’exprimer autrement que par des manifs, bien que l’opposition soit (un mal ?) nécessaire. Aux États-Unis, où il est attendu demain dimanche, le président du Conseil n’aura pratiquement pas de rencontres avec des responsables politiques. Il doit voir le directeur du Fonds monétaire international et les cadres de la Banque mondiale. Qui, comme on sait, sont les chevilles ouvrières de Paris II et doivent coordonner les plans des bailleurs de fonds. Ou des créanciers appelés à revoir l’échéancier pour étalonner l’énorme dette publique libanaise. Comme arguments, Hariri présente l’instauration de la TVA et le budget Siniora millésime 2003 qui affiche une réduction du déficit à 25 %. Il se prévaut d’une autre mesure à venir, les privatisations qui commencent par le cellulaire. Et pour l’actif déjà engrangé, il souligne que le gouvernement a ouvert à la Banque centrale une caisse spéciale consacrée à soutenir la compression du déficit budgétaire et à la réduction de la dette, fonds alimenté par les apports des privatisations. Le président Hariri peut également faire état des dispositons prises pour mieux canaliser les dépenses publiques et limiter la gabegie. Ce qui implique (mais là également ce n’est qu’un projet), le dégraissage du mammouth administratif par le renvoi de l’énorme excédent de fonctionnaires parasitaires. Hariri continue donc à travailler pour Paris II et se montre optimiste : Georges Abed, provincial du FMI, a délivré un satisfecit au gouvernement libanais après sa récente visite à Beyrouth. Et Jacques Chirac a promis une belle réussite. Pour en revenir au plan intérieur, les gens de Kornet Chehwane répondent aux haririens qu’ils comprennent très bien la priorité économique. Mais que ce n’est pas une raison pour qu’on étouffe la voix de l’opposition. Ajoutant que tout compte fait, le bon état de santé économique d’un pays dépend de la solidité de sa stabilité. C’est-à-dire de sa démocratie. Philippe ABI-AKL
C’est pour Paris II essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, que Hariri va voir les Américains, comme il a déjà parlé avec les Français et les dirigeants du Golfe. Mais la limitation a elle-même ses limites. Car en ce bas-monde presque rien n’échappe à la politique, surtout pas l’économique et encore moins le social, qui n’est rien sans les finances. De plus,...