Libanocratie

Spectacle lamentable d’une société en déliquescence. D’un côté une opposition barbotant au milieu de seconds couteaux au pedigree plutôt court et qui, faute de se trouver un patron présentable, va se calfeutrer sous les soutanes. De l’autre, des talibans excités de la hache et du gourdin, prêts à répondre aux glapissements du premier enturbanné venu, pour fondre sur leurs rivaux becs et ongles affûtés. Les premiers n’ont pas trouvé plus avant-gardiste que de vouloir faire de la récup politique au milieu des processions religieuses des tantines d’Achrafieh ; les seconds se sont rabattus sur leur matériel high-tech pour promettre un chien de leur chienne à ceux qui osent brailler sur une longueur d’onde différente. Les uns ne jurent que par la démocratie et les droits de l’homme, oubliant que certains d’entre eux, il n’y a pas si longtemps, vidaient leurs querelles à coups d’obus et autres joyeusetés sur la population civile ; les autres sont là à attendre la becquée des Syriens dont ils lustrent les chaussures avec application, pataugeant dans les mêmes maladresses que leurs adversaires, qui naguère s’asseyaient sur leurs revendications. Et au milieu de tout ça, devine ? Un ministre de l’Intérieur, tellement de l’Intérieur, qu’il n’arrive pas à piger que des manifestants puissent s’exprimer à l’extérieur. Une police qui ne fait plus son boulot parce qu’elle a d’autres jeunes à fouetter. Enfin, une justice qui ne reçoit pas d’instruction du pouvoir politique, paraît-il, mais qui, en revanche, ne rate pas l’occasion d’aller au devant de ses moindres désirs. C’était notre rubrique « La démocratie plurielle chez les Arabes ». Gaby NASR