Rechercher
Rechercher

Actualités - INTERVIEWS

RENCONTRE - Ce soir, à la tête de l’Orchestre symphonique national pour un concert à l’église Saint-Joseph – USJ Alain Pâris: «Je suis un musicophage»(photo)

Qu’on nous passe le barbarisme ou le néologisme avec cette expression échappée naturellement à Alain Pâris : « Je suis un musicophage ! ». C’est déjà dire tout l’état de passion dévorante de la musique dans la vie et le quotidien d’un chef d’orchestre, invité régulier, d’envergure internationale. De passage à Beyrouth dans le cadre du Sommet de la francophonie, Alain Pâris donnera un concert unique à l’église Saint-Joseph (USJ) en dirigeant l’Orchestre symphonique national libanais dans un programme profondément «français ». Rencontre avec un homme d’une culture immense et qui foule pour la première fois le sol du pays du Cèdre en confessant en toute simplicité qu’il est absolument « séduit » par notre capitale. Pour lui, des études juridiques au monde de la musique rien n’est incompatible ; on gagne, semble-t-il, encore plus de rigueur de l’esprit. Mais Alain Pâris confie avec humour et dans un grand éclat de rire : « Je suis tombé très tôt dans la marmite de la musique. À quatre ans, dès que je savais compter, j’étais déjà au clavier du piano. Si j’aime la musique ? Je la mange par tous les bouts. C’est pour cela que je déclare être un musicophage. » Acclamé partout, voyageant énormément, producteur à France Musiques et auteur d’un dictionnaire de la musique, Alain Pâris est de ceux qui savent difficilement dire non à toutes les sollicitations que la musique offre. Ses préférences pour les compositeurs ? « Ceux que je dirige, au moment où je les dirige », dit-il en boutade. Puis, se ravisant, il déclare ses affinités particulières (bien françaises d’abord), de Berlioz à Dutilleux et Boulez pour finalement souligner qu’il «adore aussi Mozart et Beethoven mais aime tout aussi bien Schumann, Mendelsohn, Schubert, Bartok, Stravinsky. Il y a aussi les compositeurs avec qui je ne suis pas tout à fait à l’aise, tel par exemple Brahms ou Bruckner, et ça c’est une question de culture, de poids, de densité. » Formé avec des chefs d’orchestre du rang de Pierre Dervaux, Paul Paray et Georg Solti , Alain Pâris ne cache pas non plus son admiration (surtout côté cœur) pour Charles Munch (qui lui a remis d’ailleurs son diplôme), pas plus que pour le savoir-faire de Karajan, et dissèque avec pertinence la personnalité d’un chef d’orchestre qui, tout en bénéficiant d’un certain charisme, ne doit pas « être seulement un entraîneur mais un révélateur » pour les musiciens qu’il dirige. Et les solistes ? Pour qui vont ses préférences ? « Difficile à dire, répond Pâris, et c’est pour cela que j’ai pris mes distances avec l’opéra. Mais je garde un excellent souvenir de Wilhelm Kempff qui a marqué mon premier récital quand j’étais petit. Et la musique pour lui, c’est quoi? « C’est tout… dit-il, dans un grand soupir. Dire que sans musique, la vie n’aurait pas de raison, c’est un peu inconvenant, car il y a toujours des raisons. Mais j’avoue que sans musique, je serai très malheureux, ça c’est sûr! Et puis la musique, c’est un fabuleux moyen de communication. » Peut-il définir la musique? «Pourquoi la définir? s’interroge-t-il, car l’on pourrait dire que c’est l’art d’assembler les sons. Mais tout cela reste partiel et réducteur. La musique, c’est quelque chose de plus fort et qui nous dépasse.» Et ce soir, quel menu Pâris offrira-t-il aux mélomanes libanais qui viendront applaudir sa prestation? « En ouverture, il y aura le Pélléas de Fauré inspiré de Maeterlinck, ensuite introduction du Capriccio de Saint-Saens et Tzigane de Ravel, ces deux dernières œuvres seront données avec le concours du soliste Zareh Tcheroyan au violon, et on termine avec la Symphonie en si bémol d’Ernest Chausson. C’est un programme alternant des morceaux à découvrir et des partitions un peu familières à l’auditoire, dans un esprit bien français puisque nous sommes après tout en pleine semaine de la francophonie. » Rendez-vous donc à un concert exceptionnel sous la houlette du maestro Alain Pâris ce soir, à 20h 30, à l’église Saint-Joseph (USJ), rue de l’Université Saint-Joseph. Edgar DAVIDIAN Parcours Né à Paris en 1947, Alain Pâris a reçu une formation musicale et juridique et remporte le premier prix au Concours international de Besançon en 1968. Il a été chef d’orchestre assistant de Michel Plasson au Capitole de Toulouse. Tout en dirigeant les principaux orchestres français (Orchestre de Paris, Orchestre national de France, Orchestres de Lyon, Bordeaux, Lille, Angers, Lorraine, Picardie, Bretagne…), sa carrière s’est développée à l’étranger (Orchestre de la Suisse romande, de la Suisse italienne, Milan, Luxembourg, Philharmonie de Hongrie…). Entre 1983 et 1987, il a été chef d’orchestre permanent à l’ Opéra du Rhin, à Strasboug et, entre 1986 et 1989, professeur de direction d’orchestre au Conservatoire de Strasbourg. Il donne des « master classes » à l’étranger. Récemment, sa carrière internationale a été marquée principalement par des concerts en Suisse, à Milan, en Allemagne, en Espagne, en Slovaquie, en Russie. À Paris, il a été récemment à la tête de l’Orchestre Pasdeloup à trois reprises ainsi qu’à la télévision. Sa présence au French May de Hong kong pour diriger La vie parisienne d’Offenbach, en 1996, a été saluée comme un évènement majeur. En outre, il est, entre 1998 et 2000, invité régulier de l’Orchestre symphonique Bilkent d’Ankara. Au cours des saisons prochaines, il dirigera et donnera des «master classes» au Festival d’art sacré de la ville de Paris, à Athènes, au Portugal, en Finlande, au Festival de Bratislava, à Bucarest, Tallinn, Le Caire… Producteur à France Musiques, il est l’auteur du Dictionnaire des interprètes et de l’interprétation musicale (Éd. Robert Laffont, Bouquins). Depuis 1996, chef invité régulier de l’Orchestre de la Capella de Saint-Pétersboug, il a dirigé plus de cinquante orchestres dans une vingtaine de pays différents.
Qu’on nous passe le barbarisme ou le néologisme avec cette expression échappée naturellement à Alain Pâris : « Je suis un musicophage ! ». C’est déjà dire tout l’état de passion dévorante de la musique dans la vie et le quotidien d’un chef d’orchestre, invité régulier, d’envergure internationale. De passage à Beyrouth dans le cadre du Sommet de la...