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Actualités - CHRONOLOGIE

Le Baas ajoute sa voix au concert de critiques contre Kornet Chehwane Les préparatifs de la manifestation de jeudi ont commencé, loin de tout esprit politique ou partisan

Les préparatifs à la manifestation de jeudi prochain à laquelle a appelé le Rassemblement de Kornet Chehwane (KC) commencent à aller bon train. Envers et contre les prises de position du mufti de Tripoli ou la rage des cadres du Baas. Ainsi, hier, à la maison du PNL à Sodeco, se sont réunies les sections estudiantines des Forces libanaises, du Parti national libéral, du Bloc national, du Courant patriotique libre et du Redressement kataëb. Pour discuter des mesures d’organisation à prendre le jeudi 31 octobre. Il y a déjà des certitudes : le seul thème-fil rouge de la manifestation sera la défense des libertés publiques. Toute arrière-pensée ou toute velléité de politisation, toute revendication partisane seront proscrites. De même que leurs représentations diverses et variées : pas de portraits donc, ni de slogans, ni de drapeaux d’un quelconque parti. Seules couleurs autorisées : celles du drapeau libanais. En ce qui concerne le(s) lieu(x) de la manifestation, cela sera étudié aujourd’hui, au cours de la réunion de la cellule de crise de KC, dont les membres se retrouveront également à Sodeco. Tout cela, en attendant les résultats des entretiens du rassemblement avec les forces politiques ou des pôles de la société civile qui se sont déclarés plus ou moins directement prêts à participer à la manifestation. Des sources proches de KC n’ont d’ailleurs pas manqué de rappeler leurs principes : le strict respect des règles, des usages et de la loi, pour tout ce qui concerne cette manifestation. Tout en écartant l’hypothèse de voir les événements du 7 août 2001 recommencer : « De par sa portée politique, cette manifestation est une étape ponctuelle, limitée dans le temps et dans l’espace, et qui permettra aux citoyens d’exprimer leur point de vue. De ce fait, elle est aux antipodes de toute volonté d’escalade ou d’une quelconque velléité de faire basculer le pays dans une nouvelle crise, qui viendrait s’ajouter à toutes celles générées par le pouvoir », ont affirmé ces sources. Lesquelles sources ont précisé, en ce qui concerne l’appel de KC aux responsables des institutions pédagogiques (consacrer deux heures de cours jusqu’au 22 novembre pour expliquer aux élèves « le lien indissociable entre la liberté et la démocratie d’une part, la souveraineté et l’indépendance de l’autre »), que cet appel-là a été « mal interprété ». Que cet appel était une espèce d’encadré, qu’il était « indépendant » du communiqué publié par KC mardi dernier, après le rejet par le tribunal des imprimés du recours introduit par les avocats de la MTV. Que, justement, cet appel n’avait rien à voir, « ni dans le fond ni dans la forme », avec les autres décisions prises par KC et liées à l’affaire MTV. Qu’il s’inscrit dans le cadre d’une initiative nationale, à quelques semaines de la fête de l’Indépendance, visant à éveiller la jeunesse libanaise, à la sensibiliser « aux principes et autres constantes nationales autour desquelles se retrouvent l’ensemble des Libanais ». Un appel qui ne vise donc absolument pas, poursuivent ces sources, à propager des sujets de discorde entre les jeunes Libanais, « mais au contraire, des idées communes à tous ». Enfin, en ce qui concerne les rapports entre KC et Bkerké, les sources en question soulignent que l’accord politique est clair, et que c’est le patriarche lui-même « qui a tranché, après ses entretiens avec KC puis avec le RPC ». Et puis, précisent-elles, le patriarche n’a pas à être associé ni Bkerké à être mêlée à toutes les mesures concrètes que prend le Rassemblement. Le Baas et les autres Les réactions au communiqué de KC ont continué à être enregistrées hier. Sauf qu’après les critiques, plus ou moins modérées, du président de la Chambre, Nabih Berry, ou du ministre de l’Information, Ghazi Aridi, les milieux prosyriens se sont totalement lâchés. Dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion présidée par le député Assem Kanso, le parti Baas a décidé de s’arrêter particulièrement sur la demande de KC « de consacrer chaque jour un laps de temps donné pour expliquer la matière “souveraineté, liberté et indépendance” aux élèves des écoles et des universités ayant adopté les programmes confessionnels et provocateurs... ». Et se prévalant « de croire fermement en la liberté d’expression et le droit d’opinion », le Baas « admet » le droit à la manifestation, « mais qu’une quelconque faction s’emploie à impliquer les étudiants et les institutions pédagogiques dans des surenchères et des tiraillements politiques, cela dépasse gravement les constantes nationales, et cela est une violation flagrante des lignes rouges. Nous ne pouvons plus nous taire (...). Le Baas ne voit d’autre explication au plan provocateur et partitionniste (de KC) que l’exécution du plan américain », poursuit le communiqué. Qui va jusqu’à accuser les membres de KC de « parasiter, à la demande de Washington, les résultats et les impacts politiques du IXe Sommet de la francophonie ». Et appelle, du coup, à occuper la rue pour « faire face aux résidus sionisants ». Le président du Rassemblement parlementaire de concertation (RPC) et député de Bécharré, Kabalan Issa el-Khoury, a pour sa part réitéré son refus de la politisation de l’affaire de la MTV, demandant que l’on s’occupe des familles des employés, aujourd’hui au chômage forcé. Et indiquant qu’il partageait le principe de manifestations « civilisées », et non pas celles dont le but est de troubler l’ordre, il a souhaité que « les jeunes ne soient pas utilisés et manipulés » à des fins politiques, et assuré que le RPC « n’a pas vocation à s’opposer » à KC. Enfin, le député haririen de Beyrouth, Adnane Arakji, a dénoncé les « positions en flèche de Kornet Chehwane, leurs velléités de troubler la situation interne, de menacer la paix civile, de faire obstacle au cheminement du pouvoir et du gouvernement ». « Mauvaise foi » du gouvernement Quant aux membres de KC et à leurs alliés, face à toutes ces outrances et à ces calomnies, ils réagissent comme ils peuvent. Et comme ils doivent. Dans un entretien à nos confrères d’al-Dabbour, qui paraît aujourd’hui, Samir Frangié a déclaré que la justice « est politisée, sélective », et qu’elle « transforme le mensonge en vérité et la vérité en mensonge ». Le problème « essentiel » du Liban étant, selon lui, « la justice ». Du coup, il devient évident que « l’entente nationale et l’équilibre au sein du pouvoir deviennent secondaires par rapport à l’indépendance de la justice ». Estimant, ensuite, que Gabriel Murr « paie le prix de la bataille électorale du Metn – parce qu’elle a porté atteinte aux intérêts du député Michel Murr », il s’est étonné de l’irresponsabilité du gouvernement, qu’il a accusé d’être « de mauvaise foi » et de vouloir « impliquer les Syriens dans des batailles marginales ». Et en ce qui concerne la manifestation prévue jeudi prochain, il a déploré que le ministre de l’Intérieur, Élias Murr, « recoure de nouveau à des provocations confessionnelles comme il l’a fait dans le passé ». Assurant que KC continuera à protester et à défendre, démocratiquement et dans le respect de la légalité, les libertés, jusqu’à la réouverture de la MTV. « À ce moment-là, nous serons prêts à dialoguer avec tout le monde pour réassurer l’unité interne », a-t-il conclu. Quant au Amid du Bloc national, Carlos Eddé, il a exprimé ses craintes de voir le système démocratique libanais se transformer en « un système totalitaire à l’instar de celui prévalant dans certains pays arabes, qui s’enorgueillissent de la démocratie des 99% comme la Syrie ou la Libye, ou même des 100 % comme récemment en Irak ». Dans un communiqué publié hier, le BN estime également que la décision du tribunal des imprimés au sujet de la MTV est en totale contradiction avec celle du peuple libanais, et s’alarme fortement des performances judiciaires. Pour sa part, le bâtonnier de Beyrouth, Raymond Chédid, a annoncé, également hier, la formation d’une commission de grands juristes qui sera chargée de préparer un avis juridique sur le jugement prononcé par le tribunal des imprimés à l’encontre de la MTV. Une autre commission a été instaurée, chargée cette fois de plancher sur un projet de loi électorale qui sera soumis aux parties concernées. Enfin, l’Union internationale de la presse francophone (UPF) a dénoncé « le nouveau mauvais coup porté au pluralisme des médias et à la démocratie au Liban ». Pour l’UPF, le jugement du 21 octobre dernier « détourne de l’argumentation selon laquelle la décision du 4 septembre aurait un caractère purement administratif. Ce qui permet à la raison d’État de vider, sans risque, l’État de droit », poursuit le communiqué. « L’UPF, qui n’ignore pas qu’un appel a été interjeté, s’indigne devant l’alliance apparente d’un pouvoir et d’une magistrature qui conduit à ner les principes de la liberté d’expression, et, de manière partisane, à éliminer des adversaires politiques. (...) Rien n’est plus éloigné de la justice que la justice politique », conclut le communiqué. Quant à la Fédération des journalistes arabes, elle a assuré, par la voix de son vice-président, Melhem Karam, que tous les efforts continuent à être déployés pour aboutir à « une solution honorable dans l’affaire de la MTV, dont la fermeture est inadmissible ».
Les préparatifs à la manifestation de jeudi prochain à laquelle a appelé le Rassemblement de Kornet Chehwane (KC) commencent à aller bon train. Envers et contre les prises de position du mufti de Tripoli ou la rage des cadres du Baas. Ainsi, hier, à la maison du PNL à Sodeco, se sont réunies les sections estudiantines des Forces libanaises, du Parti national libéral, du Bloc...