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Actualités - OPINION

Parmi les points forts du happening, la présence du Hezbollah

L’heure est aux bilans. D’abord, le satisfecit, amplement mérité, pour la parfaite organisation du sommet. Cela n’a l’air de rien, mais ces détails de présentation comptent beaucoup. Beaucoup plus qu’on ne croit : quand on veut demander des sous, il vaut mieux avoir l’air grand prince que mendiant, ça fait nettement plus solvable. Ensuite, les propos, régionaux, mondiaux et locaux du président Chirac. Souvent mal entendus et mal compris. À cause, semble-t-il, d’une traduction en arabe assez approximative. Ainsi, à l’Ouest on a pensé que, comme Schröder, il s’oppose à tout recours à la force contre Saddam Hussein, ce qui n’est pas tout à fait précis. À l’Est on a cru que, comme Sfeir, il souhaite un Liban dégagé sous peu, ce qui n’est pas du tout exact. En fait, aux Irakiens, il dit : soyez raisonnables, c’est-à-dire ne faites pas les malins. Aux Américains : soyez légalistes, c’est-à-dire mettez-y les formes. Aux Libanais enfin : soyez patients, si la paix vient (aux prunes ?), on vous la laissera, c’est-à-dire vous serez indépendants. Il n’y a là rien d’étonnant : même le Vatican avait joint ses efforts en 96, puis en 2000, à ceux de Paris pour presser le camp chrétien de jouer le jeu des élections sur base des règles édictées par les décideurs. De leur côté, les Américains n’ont jamais remis en question, bien au contraire, la tutelle convenue à Taëf. Et quand Satterfield a vu les gens de Kornet Chehwane, il leur a confirmé non seulement que son gouvernement est contre le Syria Accountability Act, mais aussi que le Liban, dans toutes ses composantes, doit plus que jamais faire ami-ami avec Damas. Du moment que ce dernier coopère étroitement avec Washington dans sa guerre contre le terrorisme. Et surtout du moment que la Syrie, du moins les Américains le souhaitent, ne cherche pas à contrecarrer leurs plans concernant l’Irak. En sollicitant par exemple le zèle actif des résistants du Liban-Sud. En termes prosaïques de marché, si l’on voit bien ce que les stratèges occidentaux offrent à la Syrie, on peut se demander ce qu’ils nous proposent comme dédommagement. À ce sujet, Chirac, qui entretient des relations privilégiées avec Hariri, a été plutôt prometteur. Il a confirmé que Paris II aura bien lieu, et dans des confidences faites en privé à des pôles locaux, il a même précisé que la conférence se tiendrait entre le 15 et le 18 novembre prochain. En avouant toutefois, mezza voce, qu’il faut encore attendre le rapport du Fonds monétaire international. Car, on le sait, Paris II, c’est bien plus un moratoire de dette, accompagné de quelques nouveaux prêts, que des donations en perspective. Il reste à souligner l’impact, considérable, de la participation de Hassan Nasrallah (dans la rangée des religieux) au Sommet de la francophonie. Un signal d’autant plus fort que le secrétaire général du Hezbollah n’avait pas assisté aux travaux du Sommet arabe, en mars. L’initiative d’ouverture sur l’Occident, parce qu’après tout le français n’est pas vraiment une langue orientale, est d’autant plus remarquable qu’elle s’inscrit en point d’orgue de l’affaire du Wazzani. Où le pompage a démarré par une cérémonie en présence des présidents Lahoud et Berry. Tandis que le président Hariri brillait par son absence. Parce qu’à son avis, il eut mieux valu mettre de l’eau dans son vin, commencer le pompage en s’abstenant de toute manifestation publique, pour ne pas indisposer les États-Unis. Et pour ne pas paraître vouloir ostensiblement défier Israël, en l’encourageant à des frappes ultérieures. Ce n’est pas la première fois du reste que le président du Conseil n’est pas en phase, au sujet du Sud, avec les dirigeants. Et qu’il ne partage pas entièrement leurs vues sur le Hezbollah, même s’il a défendu ce parti quand il a été accusé de terrorisme par les Américains. C’est d’ailleurs, sans doute, le souci de montrer qu’il est internationalement admis et reconnu, qui a poussé le Hezb à se manifester durant le Sommet de la francophonie. Tout en confirmant sa ferme volonté de riposter à une agression israélienne provoquée par l’affaire du Wazzani. Cependant, chacun voit les choses sous son angle à lui : pour la plupart des pays participant au sommet, la présence du Hezbollah signifie qu’il admet implicitement la nécessité de ne pas laisser le front du Liban-Sud s’embraser. Philippe ABI-AKL
L’heure est aux bilans. D’abord, le satisfecit, amplement mérité, pour la parfaite organisation du sommet. Cela n’a l’air de rien, mais ces détails de présentation comptent beaucoup. Beaucoup plus qu’on ne croit : quand on veut demander des sous, il vaut mieux avoir l’air grand prince que mendiant, ça fait nettement plus solvable. Ensuite, les propos, régionaux,...