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Actualités - CHRONOLOGIE

Paix, démocratie et droits de l’homme Prochaine création d’un centre francophone pour l’analyse et la prévention des conflits(photo)

Francophonie, démocratie et paix sont désormais indissociables. Elles impliquent le respect des droits de l’homme qui suppose des engagements concrets faits par les opérateurs francophones. Des principes qui ont été réitérés par les nombreux participants à l’Assemblée internationale des instituts et des réseaux francophones des droits de l’homme, réunis samedi et dimanche derniers à l’hôtel Gefinor. C’est d’ailleurs à ce titre que l’Assemblée a décidé, sur proposition de l’Institut des droits de l’homme au barreau de Beyrouth, de créer un « réseau d’information et de concertation » qui s’inscrit dans le sillage des engagements pris à Bamako, en novembre 2000. L’impulsion a été donnée à partir du Palais de justice par le secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIT), Boutros Boutros-Ghali, dont la présence hautement symbolique au barreau de Beyrouth est venue attester de l’importance accordée par la planète francophone au chapitre des droits de l’homme. Dans un discours improvisé devant un parterre nombreux d’officiels, de diplomates, de juristes et d’experts venus des quatre coins du monde, le secrétaire général de l’OIF a développé les trois axes fondamentaux qui dérivent du « dialogue des cultures », thème-clé sous lequel a été placé le IXe Sommet de la francophonie. Dans un allocution percutante, M. Boutros-Ghali a mis en évidence le lien intrinsèque qui associe le « dialogue des cultures » à la paix, à la démocratie et aux droits de l’homme, démontrant une fois de plus que le pluralisme prôné depuis plus de 30 ans par la francophonie n’en est que plus légitime après le 11 septembre. « Dans un conflit, il n’y a pas de sécurité, ni de protection des droits de l’homme, ni de démocratie. Ainsi, la paix est un préalable à toutes les législations, à toute protection des droits de l’homme ». C’est précisément le dialogue des cultures, dit-il, qui va permettre de « resserrer les liens entre les nations et entre les différentes parties d’une nation. Le dialogue des cultures permet d’écarter les menaces de la paix de manière pacifique, mais aussi de promouvoir la coopération ». Ce dialogue doit en outre mener à l’élimination de « la peur de l’autre », de ce qui est différent, un sentiment qui est à l’origine des guerres dans le monde. Pour M. Boutros-Ghali, le pluralisme culturel, source de progrès et de tolérance, permet de développer le respect universel des droits de l’homme, de même que le dialogue des cultures – ou dialogue entre les partis à l’échelle national – stimule et consolide la démocratie. Démocratie et mondialisation « La démocratie nationale est menacée par la mondialisation. La mondialisation doit s’humaniser. Pour cela elle doit elle-même se démocratiser. Cela ne peut se faire que par le pluralisme culturel. Or, insiste M. Boutros-Ghali, la mondialisation n’est pas seulement un processus économique ou financier ou un processus technologique, mais elle doit préserver la diversité culturelle. Le plurilinguisme est aussi important pour la démocratie internationale que le pluripartisme pour la démocratie nationale. » Prenant à son tour la parole, le bâtonnier de Beyrouth, Raymond Chédid, a rappelé l’engagement indéfectible de l’Ordre des avocats aux droits de l’homme, à la démocratie et à la paix. « Depuis la fin des guerres des autres sur notre sol, l’Ordre des avocats a mis en place tout un mécanisme pour renforcer institutionnellement son rôle de protection et de promotion des droits de l’homme, de la défense des libertés publiques et individuelles », dont la Commission de défense des droits de l’homme et des libertés fondamentales, l’Institut des droits de l’homme, et la Commission d’aide juridictionnelle, a indiqué le bâtonnier. Le ministre de la Justice, Samir el Jisr, a profité pour sa part de l’occasion pour annoncer que « le CICR est autorisé désormais à visiter toutes les prisons sans exception », y compris celle relevant du ministère de la Défense, jusque-là inaccessible aux ONG. Le décret autorisant le CICR a été adopté par le gouvernement il y a quelques semaines. « Le CICR pourra aller partout, y compris dans les prisons du ministère de la Défense », a-t-il confirmé, qualifiant cette mesure de « signe d’ouverture ». Pour M. el-Jisr, la tenue d’une telle assemblée n’est que plus pertinente à un moment où le climat politique et militaire dans la région est particulièrement « explosif ». Cette situation entraîne des violations quotidiennes, notamment des libertés fondamentales, relève le ministre. « En cette phase cruciale où nous assistons à un choc des cultures et des civilisations plutôt qu’à un dialogue entre elles, où la force fait fi du droit et de la communauté internationale, la politique timide de cette dernière semble favoriser l’éclosion de fanatismes et éloigner ainsi les espoirs de paix, de développement et de démocratisation », a-t-il dit. C’est pour mieux contrer de tels défis que les participants à l’Assemblée ont décidé de mettre sur pied un réseau regroupant tous les instituts, organismes et ONG œuvrant au plan national et international dans le cadre des droits de l’homme et de la paix. Une initiative qui a pour but de mobiliser de façon concertée tous les acteurs intervenant dans la consolidation des processus démocratiques et des droits de l’homme, à un moment où les responsabilités sont devenues multiples . Un réseau d’observateurs des procès « Il s’agit d’un regroupement multidisciplinaire et complémentaire auquel se joindront notamment des organes juridiques et des centres de recherches », précise le directeur de l’Institut des droits de l’homme au barreau de Beyrouth, Georges Assaf. Cette initiative sera accompagnée de mesures concrètes telles que la création d’un réseau d’observateurs des procès. « Il s‘agit par la suite d’articuler notre action avec celle des autres réseaux francophones déjà existants. Cela suppose un regroupement de compétences et une concertation permanente avec le reste des opérateurs francophones », notamment avec la délégation aux droits de l’homme et à la démocratie qui œuvre au sein de l’Agence intergouvernementale de la francophonie, un organisme chargé de l’observation du respect de la démocratie et des droits de l’homme dans les pays membres de la francophonie. C’est sur ce projet qu’ont notamment planché les experts réunis durant deux jours pour approfondir « une réflexion consolidée », renforcer « un partenariat rationalisé » et mettre en place « une action conjuguée », selon les termes de Christine Desouches, déléguée aux droits de l‘homme et à la démocratie au sein de l’OIT. Pour cela, quatre ateliers de travail ont été mis en place pour discuter successivement des thèmes suivants : « Sécurité et liberté », « Démocratie et pluralisme », « Droits économiques sociaux et culturels », « Mondialisation et culture de paix ». À l’issue des débats, des recommandations pratiques ont été faites par les participants qui ont mis l’accent sur le principe de « l’universalité de la démocratie ». Ils ont rappelé qu’il n’y a pas de mode d’organisation unique de la démocratie dont les formes d’expression doivent s’inscrire dans les réalités et les spécificités historiques culturelles et sociales de chaque peuple. Les experts ont en outre souligné la nécessité du développement de la notion de l’État-citoyen chargé de protéger l’ensemble des administrés de l’hégémonie du pouvoir politique et des instances religieuses aux cas où elles accéderaient au pouvoir. Il est par ailleurs indispensable de définir le concept de « l’opposition » et de soutenir plus efficacement la liberté d’expression, précisent les participants dans un communiqué. Ils ont en outre décidé de la création d’un « centre francophone pour l’analyse et la prévention des conflits » qui aura pour siège Beyrouth. Enfin, le communiqué a souligné la nécessité d’impliquer les ONG à la construction de la démocratie, une recommandation qui a été prise à la suite des critiques formulées par certains représentants de la société civile, notamment par le secrétaire exécutif de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), Antoine Bernard. Ce dernier a en effet relevé que les débats, qui n’avaient rien de pragmatique, ont complètement ignoré les « menaces brandies contre les militants des droits de l’homme un peu partout dans le monde. Ces derniers continuent de subir des répressions de toutes parts ». Un autre militant des droits de l’homme a abondé dans le même sens, estimant que rares sont les organisations de défense des droits de l’homme qui ont été conviées à ces ateliers. « C’est, dit-il, une volonté de la part des organisateurs de ne pas indisposer les responsables politiques. Ils ont préféré priver les militants d’une tribune qui leur permettrait d’adresser des critiques contre les différents gouvernements. » Jeanine JALKH
Francophonie, démocratie et paix sont désormais indissociables. Elles impliquent le respect des droits de l’homme qui suppose des engagements concrets faits par les opérateurs francophones. Des principes qui ont été réitérés par les nombreux participants à l’Assemblée internationale des instituts et des réseaux francophones des droits de l’homme, réunis samedi et...