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Actualités - CHRONOLOGIE

ÉDUCATION - Une centaine d’enseignants libanais formés au dépistage des troubles de l’apprentissage La Belgique apporte son soutien à la lutte contre l’exclusion à l’école

Près de 11000 enfants libanais souffrent de troubles spécifiques de l’apprentissage scolaire. C’est dans le but de dépister leurs troubles et de les aider dans leur parcours scolaire qu’une centaine d’éducateurs d’écoles publiques et privées ont été invités à suivre une formation d’une semaine, du 16 au 20 septembre. Formation conjointement organisée par le Centre libanais pour l’éducation spécialisée de Beyrouth (CLES) et les amis du CLES à Bruxelles, grâce au soutien financier et logistique de la Byblos Bank, ainsi que l’appui du ministre belge Éric Tomas, président de la commission de la communauté française de Bruxelles capitale. À la résidence de l’ambassadrice de Belgique, Françoise Gustin, et de son époux, qui ont donné une réception en l’honneur des équipes libano-belges d’organisateurs et de formateurs, au terme de la session, l’heure était au bilan. C’est un hommage en bonne et due forme que Françoise Gustin a tenu à rendre à Carmen Chahine, présidente du CLES, ainsi qu’à l’équipe dans son ensemble, pour l’acharnement qu’elles ont mis dans la réalisation et la réussite de cette formation. Une formation qui, espère l’ambassadrice, sensibilisera un maximum d’éducateurs aux besoins des enfants souffrant de troubles d’apprentissage, afin de permettre à ces derniers « d’avoir accès à l’attention et au soutien qu’ils méritent, mais aussi de recevoir une aide concrète, à la mesure de leurs problèmes. » La Belgique et le Liban, des expériences à partager Quant aux raisons qui ont poussé le ministre belge Eric Tomas à apporter son soutien à ce projet, après deux années de missions exploratoires, c’est Bénédicte Bodson, directrice de cabinet du ministre, qui les expose. « Le multiculturalisme est un point commun entre nos deux petits pays, le Liban et la Belgique. Créée artificiellement, représentant des morceaux de pays de cultures différentes et touchée par les vagues successives de l’immigration, la Belgique est aujourd’hui très riche de l’ensemble de ses communautés », explique Mme Bodson, qui devrait participer aux travaux du IXe Sommet de la francophonie. Certes, ce mélange de cultures est très surprenant, mais il est surtout très enrichissant, selon ses propos. C’est cette particularité qui permet aujourd’hui à la Belgique de transmettre (aux Libanais) l’acceptation et la compréhension des autres. C’est aussi la raison pour laquelle les enfants qui représentent la société de demain ont le droit d’apprendre, quel que soit leur milieu d’origine ou leur mode de vie. « Et s’ils présentent des difficultés d’apprentissage, tout en ayant toutes les compétences intellectuelles, il faut les aider, insiste la directrice de cabinet du ministre, en leur donnant un enseignement adéquat, afin de leur permettre de se tailler une place dans la société. » En Belgique, remarque-t-elle, l’enseignement spécialisé est répandu et fonctionne très bien. « Les compétences que nous avons à l’Université Libre de Bruxelles, mais aussi dans différents instituts, pourraient permettre de former du personnel libanais apte à dépister les troubles de l’apprentissage mais aussi à aider les enfants souffrant de ces troubles. » Car seul un dépistage et une aide précoces pourront les aider à rattraper leur retard technique, soit en dyscalculie (trouble dans l’apprentissage du calcul), soit en dyslexie, afin de pouvoir retourner dans l’enseignement normal. Par ailleurs, « l’expérience libanaise est très importante pour nous », remarque Mme Bodson, ajoutant que le fruit du projet commun de formation au Liban était source d’échange entre le Liban et la Belgique et qu’il permettra de faire progresser le travail de part et d’autre. Et de conclure en parlant de la responsabilité (de la Belgique) de mener la lutte contre l’exclusion dans tous les pays du monde, tout en affirmant son soutien au Liban pour le Sommet de la francophonie, « nous y croyons, pour que le Liban soit reconnu sur la scène internationale. » Le CLES, des objectifs atteints Comment le CLES a-t-il vu le jour ? Carmen Chahine, présidente du centre et mère d’un enfant souffrant de troubles de l’apprentissage, raconte son parcours. « Comme beaucoup de mes compatriotes, se souvient-elle, j’ai quitté le Liban pendant la guerre pour m’installer en Belgique. Au début de sa vie scolaire, mon fils aîné a souffert de troubles d’apprentissage sévères. Pour nous, parents, le parcours du combattant a commencé. » Et Mme Chahine de décrire les changements d’écoles, de professeurs, et les espoirs déçus, jusqu’au moment où, dit-elle, « accepter la différence est devenu pour lui et pour nous une délivrance. » C’est ainsi que fut créé le CLES, par des Libanais du Liban et de l’étranger, pour venir en aide aux enfants libanais vivant des troubles d’apprentissage, sans tenir compte de leur appartenance religieuse, sociale ou territoriale. « C’est avec l’aide incommensurable de Marianne Klees, orthopédagogue, et de Xavier Hotte, coordinateur d’un établissement spécialisé dans les troubles de l’apprentissage, à laquelle viennent s’ajouter aujourd’hui celles d’Anne-Marie Frère et Thierry Bonami qu’une série de conférences ont pu se dérouler au Liban depuis juin 1999 et que le Centre d’interprétation et de traitement des troubles d’apprentissage CITTA a entamé ses activités, soutenu par l’ambassade de Belgique ainsi que les ministères de l’Éducation nationale et des Affaires sociales ». Aujourd’hui, reprend Mme Chahine, « le CLES a atteint ses objectifs. » En effet, le séminaire de formation a réussi à sensibiliser et à assurer une formation gratuite d’envergure internationale à une centaine d’éducateurs qui ont afflué de toutes les régions libanaises, de Tripoli, Saïda, Tyr, Nabatyé et Zahlé. Éducateurs qui sont, de par leur relation directe avec les élèves, les premiers à pouvoir détecter les problèmes d’apprentissage. Au programme de la semaine de travail, professionnels belges et libanais se relayaient pour parfaire la formation des éducateurs et des directeurs d’écoles à la dyslexie, la dyscalculie et l’hyperactivité. « Si les écoles publiques ont été nombreuses à répondre à l’invitation de l’association, avec 80 % de participants, seulement 20 % des participants du secteur privé en ont fait de même », constate Mme Chahine, qui ajoute que les enseignants des écoles privées ont généralement plus d’occasions de suivre des sessions de formation que ceux du secteur public. « Quelque 11000 enfants libanais souffrent de troubles d’apprentissage, unissons-nous pour les aider », conclut-elle. Anne-Marie EL-HAGE
Près de 11000 enfants libanais souffrent de troubles spécifiques de l’apprentissage scolaire. C’est dans le but de dépister leurs troubles et de les aider dans leur parcours scolaire qu’une centaine d’éducateurs d’écoles publiques et privées ont été invités à suivre une formation d’une semaine, du 16 au 20 septembre. Formation conjointement organisée par le...