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Actualités - OPINION

Beaucoup de flou à l’Est sur la notion et sur l’option du dialogue

L’exhumation du dossier des Puma, qui vise le président Amine Gemayel, est-elle vraiment le bon moyen de ressusciter le dialogue que la fermeture de la MTV a enterré ? Question cruciale sur la scène locale, car le processus d’échanges est la seule voie, pour le pouvoir comme pour l’opposition, de se dégager d’une impasse étouffante. Et d’autant plus dangereuse que l’heure n’est pas précisément à la plaisanterie, dans la région. Aussi il n’est pas étonnant d’apprendre qu’à l’Est, le patriarche Sfeir et la plupart des piliers de la Rencontre de Kornet Chehwane sont favorables à la reprise du dialogue. Mais se demandent, avec un zeste évident de scepticisme, sur quels thèmes, il pourrait porter. Et, surtout, quels en seraient les protagonistes. Sur le plan pratique, certains proposent qu’on aille tout de suite de l’avant. Et que Mgr Béchara soit chargé d’une mission de contact préparatoire avec le régime. Sur une base de consensus a minima, c’est-à-dire en s’engageant à éviter les sujets qui fâchent. Comme la présence syrienne. D’autres pensent, par contre, que l’interlocuteur direct de la Rencontre devrait être le Rassemblement parlementaire de concertation. Un peu dans le même sens, d’autres estiment qu’il faudrait d’abord que les députés loyalistes présentent un document de travail à Bkerké. Et si ces propositions étaient approuvées, alors on démarrerait les pourparlers entre laïcs des deux formations chrétiennes. Comme on voit, ce ne sont pas les suggestions qui manquent. Au point que, d’après des politiciens de l’Est, c’est avec... le président Rafic Hariri que l’on devrait parler en premier. Parce que après tout, expliquent ces professionnels qui interprètent la Constitution à leur manière, ce leader est à la tête du pouvoir exécutif. Qui doit se prononcer, en définitive, sur tout accord et le rendre réalisable. Ces sources ajoutent qu’en tout cas, il serait vain de s’adresser à Baabda, du moment que le président Lahoud déclare qu’il ne dialogue pas lui-même, mais supervise le processus. En réalité, et c’est là le vrai problème, il faut être deux (au moins) pour dialoguer. Si la Rencontre de Kornet Chehwane semble le souhaiter, il n’est pas certain que le camp d’en face soit dans les mêmes dispositions d’esprit. Pour l’y amener, des opposants suggèrent que l’on s’adresse directement à Dieu plutôt qu’à ses saints. C’est-à-dire au big boss syrien. Avec lequel une éventuelle entente sur les sujets délicats débloquerait évidemment la porte du dialogue interlibanais. Mais même dans ce cas, très hypothétique, il y a fort à parier que l’affaire ne serait pas facile. Car il existe beaucoup de parties locales qui craindraient d’y perdre de précieuses plumes. Surtout à cause de la redoutable revalorisation politique de la Rencontre de Kornet Chehwane que cela entraînerait. Tout le bénéfice du harcèlement multiforme déployé jusque-là, par la fermeture de la MTV ou les menaces judiciaires, serait perdu. Notamment sur le plan électoral, si l’élection de Gabriel Murr devait être cassée et un nouveau scrutin organisé au Metn. Sans parler des calculs qu’il faut faire d’ores et déjà pour les prochaines législatives générales. Quoi qu’il en soit, à la veille de sa réunion, la Rencontre de Kornet Chehwane se trouve devant trois options distinctes ; – Attendre (les développements régionaux) et voir venir, comme les Anglais. En rejetant la balle, et la responsabilité, du dialogue dans l’autre camp. Ce qui implique qu’il faut garder pour le moment un profil plutôt bas, en s’abstenant de polémiquer. – Au contraire, lutter bec et ongles, car l’attaque est la meilleure des défenses. En utilisant tous les moyens légaux de contestation et de protestation, comme les meetings ou les sit-in, à défaut de manifestations qui seraient interdites. – Œuvrer activement pour une reprise du dialogue, comme seule issue pour sortir d’une crise politique lourde de conséquences néfastes sur le plan économique et social. Dans cet esprit, il est plus important de démarrer le processus que de savoir avec qui il faut parler ou sur quoi il doit porter. Car l’enjeu ne va pas plus loin que la décrispation d’un climat qui devient dangereusement tendu. Et qui ne fait finalement qu’accroître le désarroi d’une minorité chrétienne soumise depuis des années à des pratiques discriminatoires. Émile KHOURY
L’exhumation du dossier des Puma, qui vise le président Amine Gemayel, est-elle vraiment le bon moyen de ressusciter le dialogue que la fermeture de la MTV a enterré ? Question cruciale sur la scène locale, car le processus d’échanges est la seule voie, pour le pouvoir comme pour l’opposition, de se dégager d’une impasse étouffante. Et d’autant plus dangereuse que...