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ÉDITION - Le mot trabendo a déjà fait son entrée dans le dictionnaire Le francalgérien dans l’antichambre du « Larousse »

Le mot trabendo, tiré de l’arabe algérien et né dans les banlieues pauvres des grandes villes d’Algérie, a fait son entrée dans le prestigieux dictionnaire français « Larousse » ouvrant probablement la voie à d’autres. Larousse, qui a fêté son 150e anniversaire, a présenté il y a quelques jours le millésime 2003 de son célèbre ouvrage, le Petit Larousse, best-seller de l’édition française, avec comme mot nouveau « trabendo », d’Algérie, signifiant marché noir. Vulgarisé par les médias pendant les années où la violence islamiste faisait particulièrement rage en Algérie, entre 1992 et 1998, ce mot expliquait alors une des activités des jeunes Algériens dont certains sont devenus les desperados du Groupe islamique armé (GIA). Né dans l’ouest, dans les régions frontalières du Maroc, le trabendo désignait, à l’origine, la contrebande très active entre le Maroc et l’Algérie, lorsque la pénurie, conséquence du monopole de l’État sur le commerce, obligeait les Algériens à s’approvisionner au marché noir. Le trabendo est indissociable de « hittiste », littéralement « celui qui soutient le mur », formé du mot arabe (dans sa prononciation algérienne) « hit » auquel on a ajouté le suffixe « iste ». Il désigne des jeunes désœuvrés, exclus de l’école, restés sans formation ni travail, et dont la seule occupation, à longueur de journée, était de discuter entre eux et de médire des autres, adossés au mur. Cette médisance et ce persiflage sont, d’ailleurs, connus par une expression en arabe traduite en français: le « tekeraïdj » ou l’art de « remplir les bouteilles ». Le penchant de ces jeunes pour le haschisch a donné le mot « zetla », pour désigner un joint ou le fait d’être sous l’effet de la drogue. Le français, parlé par la grande majorité des Algériens, est continuellement « malaxé » dans le parler populaire qui, ainsi, s’enrichit constamment. « Taxieur » et « fissiste » Des mots formés par adjonction des suffixes « iste » ou « eur » foisonnent dans le langage imagé et vivant des banlieues algériennes qui puisent dans la langue française sans se soucier du bon usage ou de la grammaire. Ainsi « Khobziste », vient de « khobz » pain et veut dire un opportuniste dans un sens très péjoratif, dont la seule quête est l’intérêt personnel. « Taxieur » désigne un chauffeur de taxi. Un militant du Front islamique du salut (FIS) est appelé « fissiste », celui du Front de libération nationale (FLN) « flniste ». D’autres mots sont pris tels quels car n’ayant pas d’équivalent en français, comme « tchi-tchi » pour la jeunesse dorée des quartiers chics aux attitudes maniérées et snobs, qui aurait pour origine faire du chichi. Il en va de même de « harraga », l’émigration clandestine, la « hogra », beaucoup usitée lors des émeutes de Kabylie qui avaient éclaté en avril 2001 et se poursuivent sporadiquement depuis. « Hogra » signifie une attitude méprisante du plus fort à l’égard du plus faible mêlée d’abus d’autorité et d’injustice. D’autres mots ont été imposés par la poursuite des attentats des islamistes armés. « Faux barrage » désigne un barrage routier dressé par les groupes armés islamistes, « barbu », un islamiste armé, « fitna » dissension issue de divergences religieuses. La crise en Kabylie a introduit le mot « âarch » pour tribu kabyle avec élargissement du sens vers une organisation plus large englobant un ensemble de villages et de communes. Ce mot était déjà connu par le passé et désignait une grande famille, un village ou un ensemble de villages ayant le même ancêtre éponyme. Les Français l’ont utilisé pour désigner des terres collectives, « terres arch ». L’argot français a beaucoup puisé dans l’arabe algérien grâce aux pieds-noirs et à l’émigration algérienne : ainsi bezef (beaucoup), chouia (peu), kaoua (café), flouse (argent), viennent tout droit des pieds-noirs des quartiers populaires. Le français a déjà pris à l’arabe algérien toubib, burnous, couscous, merguez, méchoui. La géographie s’est enrichie de oued, reg (étendue caillouteuse), erg (étendue de sable).
Le mot trabendo, tiré de l’arabe algérien et né dans les banlieues pauvres des grandes villes d’Algérie, a fait son entrée dans le prestigieux dictionnaire français « Larousse » ouvrant probablement la voie à d’autres. Larousse, qui a fêté son 150e anniversaire, a présenté il y a quelques jours le millésime 2003 de son célèbre ouvrage, le Petit Larousse, best-seller de...