Le choc des mutants

Comme si le populo n’avait rien d’autre à braire, voilà qu’on lui ressert la bonne vieille saga guerrière de la Murr family. Le feuilleton de l’été finissant : Btéghrinator contre Tonton. En ce dernier épisode, l’ancien sous-Premier ministre, qui visiblement n’a pas digéré la dernière ratatouille électorale du Metn, saute au plafond et fait fermer la lucarne cathodique de son frérot qui a mal tourné. Comme il est désormais de coutume dans les pays au crétinisme politique avancé, la razzia sur les antennes s’est accompagnée du cinéma, que dis-je, du cirque habituel des niaiseux de la police, venus étaler leur quincaillerie et leurs biftecks devant les salariés de la boîte et les tantines d’Achrafieh. « Décision de justice », aboie le Rantanplan officiel. Faut pouvoir le dire sans éclater de rire. Suspense palpitant dans le landernau. On a déjà vu des arrêts cardiaques pour moins que ça. Mégalo, tête à claques, concentrant en lui toutes les boursouflures de l’ego théâtral, le rond-de-cuir galonné s’en est allé baver sa cire rouge sur les portes de la MTV. Puis, après avoir distribué machinalement quelques mandales aux potiches télévisées qui traînaient ça et là, Ducon s’est fendu d’une prose au concept puissant : « Fermeture sine die ». C’est l’avantage des déclarations définitives. Elles pourront toujours resservir... pour une autre chaîne. Dire qu’il se trouve encore des ahuris que le procédé étonne. Doivent pourtant s’estimer heureux que la loi sur les imprimés ne prévoit pas de fusiller séance tenante les contrevenants. Miracle : Tonton est autorisé à introduire un recours contre la décision de fermeture. M. le procureur est trop bon. En attendant, il pourra toujours s’entraîner à réciter ces lois gigognes : « La Syrie tu aimeras, ton grand frère vénéreras et les pompes du président cireras ». Au Liban, la liberté est immuable… sauf quand il lui arrive de muer. Gaby NASR