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Actualités - CHRONOLOGIE

Ain el-Héloué - Aucun indice d’un prochain règlement positif « Plutôt la mort que la prison », slogan des fugitifs de Denniyé

Le délai prévu pour le règlement du problème du groupe dit de Denniyé expire dans une semaine et aucune solution n’a encore été trouvée. Réunions et concertations entre les organisations palestiniennes à Aïn el-Héloué et les chefs religieux de Saïda et de la région se multiplient, mais jusqu’à présent, rien ne permet de croire que les quatre ou cinq repris de justice réfugiés dans le camp palestinien seront livrés aux autorités libanaises. « Plutôt la mort que la prison ». Ce cri lancé par l’un d’eux semble de plus en plus entendu et le groupe palestinien intégriste Isbat al-Ansar, qui s’est engagé à trouver une issue à ce casse-tête, n’espère plus qu’une chose : que l’affaire tombe dans l’oubli. Si le temps, dit-on, panse toutes les blessures, il atténue aussi tous les conflits et permet de régler des problèmes insolubles de la façon la plus banale qui soit : en les faisant tomber dans l’oubli. C’est donc sur lui que mise apparemment le groupe Isbat-al-Ansar, qui, à l’issue des affrontements de Aïn el-Héloué il y a deux semaines, s’était engagé à placer les membres du groupe de Denniyé sous sa protection, en attendant de trouver le bon scénario pour les sortir du camp, à la fin du mois. Selon l’accord conclu in extremis avec les autres organisations palestiniennes – notamment le Fateh de Yasser Arafat, déterminé à se débarasser de « ces fauteurs de troubles », pour montrer aux Américains, et à l’Occident en général, qu’il lutte réellement contre le terrorisme – les quatre ou cinq membres du groupe devaient être désarmés et placés en résidence surveillée, sans avoir le droit de communiquer avec l’extérieur ou de se promener dans les ruelles du camp. Crise au sein de Isbat al-Ansar Mais très vite, un affrontement a éclaté entre les membres du groupe et leurs protecteurs, faisant des blessés chez les deux parties, mais surtout, mettant en évidence la difficulté de la mission dont s’est chargée Isbat al-Ansar. Comment ce groupe pourrait-il livrer aux autorités libanaises des « frères dans l’islam », qui ont lutté à leurs côtés en vue de réaliser le fameux rêve d’un émirat islamique, appliquant totalement la charia ? Le précédent d’Abou Obeïda, livré, il y a plus d’un mois, aux autorités libanaises, a provoqué une véritable crise interne au sein de Isbat al-Ansar et de son alliée, Jamaat al-Nour. Pour la plupart des membres de ces deux groupes – qui selon certaines informations ne formeraient qu’un en réalité –, la vraie foi islamique interdit de livrer des frères à une justice laïque. La remise d’Abou Obeïda à l’armée libanaise était donc, selon eux, une erreur qu’il ne faudrait pas rééditer, d’autant que les membres du groupe de Denniyé – qui, en fait, sont originaires de Tripoli et du Akkar – pourraient, une fois capturés, révéler des détails compromettants pour ces organisations palestiniennes. Le mieux serait donc soit de les liquider, ce qui n’est pas non plus recommandé avec des compagnons dans la foi, soit d’attendre que la tempête médiatique se calme, pour les faire fuir hors du camp, ou les garder sur place dans la plus grande discrétion. Une source judiciaire précise à cet égard que Abdel Karim Saadi, alias Abou Mahjane, comdamné par contumace à mort à plusieurs reprises par la justice libanaise, notamment depuis l’assassinat du chef des Ahbaches cheikh Nizar Halabi en 1995, se cache depuis des années dans le camp de Aïn el-Héloué et chaque fois que les autorités réclament son arrestation, les diverses organisations palestiniennes affirment qu’il est parti depuis longtemps. Même chose pour Abou Ramez Sahmarani, du groupe de Denniyé, réfugié dans le camp depuis plusieurs années et qui a été blessé au cours des derniers affrontements. Le camp, une planque parfaite Les autres membres du groupe pourraient ainsi rester cachés sur place, pendant des années, sans que nul ne reconnaisse leur présence dans le camp. Pour les autorités libanaises, ce serait un coup dur, car l’arrestation des membres du groupe de Denniyé permettrait de faire la lumière sur des crimes restés jusque-là mystérieux. Elles voudraient surtout avoir l’opportunité d’interroger Ahmed Mikati, accusé d’avoir planifié l’enlèvement d’otages occidentaux, pour les échanger contre les inculpés de Denniyé, actuellement jugés par devant la Cour de justice. Mais une fois son plan éventé, il s’est réfugié au camp de Aïn el-Héloué, où il sait que nul n’ira le chercher. Selon une source judiciaire, le scénario du maintien des membres du groupe au camp, dans la plus grande discrétion, est le plus probable. Même si c’est celui qui arrange le moins les autorités libanaises, puisqu’il constitue pour elles un nouveau défi. En concluant un accord entre elles, les organisations palestiniennes n’auraient donc visé qu’un seul objectif : gagner du temps, pour permettre à l’opinion publique de se calmer ou de trouver un autre sujet de polémique. Déjà, des responsables palestiniens au camp de Aïn el-Héloué font des déclarations appelant au resserrement des rangs, face aux visées israéliennes, pour bien montrer que l’heure n’est pas à la division, mais à la solidarité, pour affronter une menace commune. Au fil des jours, les Libanais oublieront le groupe de Denniyé et tout rentrera dans l’ordre, jusqu’au prochain coup d’éclat : dynamitage de débits de boissons, assassinat ou autres activités qui ont fait connaître le groupe. Et, paralysées par l’impossibilité d’entrer au camp, les autorités libanaises ne pourront qu’encaisser les coups. Un véritable marché de dupes, où les dindons sont toujours les mêmes. Scarlett HADDAD
Le délai prévu pour le règlement du problème du groupe dit de Denniyé expire dans une semaine et aucune solution n’a encore été trouvée. Réunions et concertations entre les organisations palestiniennes à Aïn el-Héloué et les chefs religieux de Saïda et de la région se multiplient, mais jusqu’à présent, rien ne permet de croire que les quatre ou cinq repris de...