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Actualités - OPINION

Redressement - Vacances laborieuses pour le tandem Hariri-Siniora La route de Paris II passe par le budget 2003

Les bronzés font leurs devoirs de vacances. Dans l’île enchanteresse, et néanmoins italienne, des sardines, entendre de cette Sardaigne de tout temps chère aux Arabes (et à l’Aga Khan), Fouad Siniora doit en principe rejoindre sous peu le chef du gouvernement. À la tête d’une fine équipe de son département, sans doute ravie de voyager aux frais de la princesse qu’on surnomme affectueusement Trésor, le ministre des Finances compte soumettre son projet de budget 2003 à la bienveillante attention du président du Conseil. Pourquoi tant d’efforts, pourquoi ce déplacement, pourquoi ne pas attendre le retour de Hariri ? Parce qu’il y a péril en la demeure. Les temps sont durs et le temps, au singulier, presse. Il faut mettre les bouchées doubles, avant la rentrée de l’automne. Pour que le plan de redressement, articulé intérieurement sur la loi de finances, soit prêt avant la fin de l’année en cours. Étant donné que, si tout va bien, Paris II doit se tenir en janvier ou en février. Cette conférence moratoire reste pour le gouvernement une planche de salut incontournable. Mais pour accepter d’y être présents, ce qui est quasi vital en termes de crédits comme d’échelonnement de la dette libanaise, la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont posé un certain nombre de conditions précises. Dont un assainissement des finances publiques via la loi du budget et le démarrage des privatisations. Aussi, le Conseil des ministres tiendra-t-il coup sur coup deux séances spéciales, le 27 et le 28 du mois en cours, pour plancher sur la copie estivale de Siniora. Qui annonce une compression globale de 10 % aux dépens (relatifs) des ministères. Un taux qui partout ailleurs, où les fourchettes varient entre 0,5 et 3 %, paraîtrait fantasmagorique. Mais qui ici même, de l’avis des spécialistes, reste modeste. Et s’apparente même à de la poudre aux yeux. D’une part, parce que le poids de la gabegie courante est bien supérieur. Ensuite parce qu’au fil des jours, tous les budgets prévisionnels ont une fâcheuse tendance à crever largement le plafond qui leur est fixé. Et qu’on se retrouve, par exemple, en fin d’exercice avec un déficit réel de 60 %, pour un déficit annoncé de 40 %. Mais bon, au moins cette fois les ministères ont accepté de réviser à la baisse leurs dépenses anticipées, sans trop se faire tirer l’oreille, sans faire de drames de jalousie entre eux ou de frustration mal rentrée. De plus, exploit remarquable, le projet de budget traditionnellement tardif se trouve prêt cette année avant terme. Et en principe l’État n’aura pas besoin en 2003 de recourir à la règle, pratiquement coûteuse, du douzième provisionnel. C’est-à-dire de dépenser sur avances du Trésor, hors crédits budgétaires, système qui donne lieu à d’innombrables fantaisies comptables. Tout se rapporte donc à Paris II. C’est ce que confirme Bassel Fleyhane, ministre de l’Économie. Qui soutient que le projet de budget s’inscrit dans le cadre d’une vision (tiens, tiens, s’agirait-il du plan d’ensemble que Baabda réclamait vainement jusque-là ?) basée sur la réduction du déficit. Pour montrer patte blanche à la Banque mondiale. Et patte de velours au FMI, à travers le programme des privatisations, cellulaire et EDL en tête. Le ministre ajoute, sans autre précision, que des mesures de réforme économique sont également envisagées, dans le même esprit préparatoire. Les haririens se veulent donc optimistes. Et ils semblent avoir quelques bonnes raisons de l’être. On sait en effet que Vincent Battle, l’ambassadeur américain, applaudit d’avance Paris II. En promettant que son gouvernement s’y intéressera de près et fera tout ce qui est en son pouvoir pour le succès de cette conférence. Quand on sait que la Banque mondiale et le FMI sont très sensibles à l’opinion US (pour ne pas dire, familièrement, qu’ils sont à la botte de Washington), on mesure l’importance des propos du diplomate. D’autre part, c’est bien connu, le chef de l’État français Jacques Chirac, grand ami de ce pays et de Rafic Hariri, ne cesse de réitérer son ferme soutien au redressement de nos finances. Un concours qui se concrétisera, notamment, au travers du prochain sommet de la francophonie à Beyrouth. Autre avancée : la récente réhabilitation du Liban par le Gafi, qui gomme le nom de ce pays de la liste relative au blanchiment d’argent. Pour en revenir à Fleyhane, il croit dès lors savoir que Paris II pourrait démarrer dès décembre, sans attendre que les privatisations soient accomplies, pour peu que leur procédure soit lancée. Les haririens se targuent aussi en privé d’avoir recouvré la confiance des Saoudiens. On sait en effet que suite aux prestations de l’émir Walid (pas Joumblatt, ben Talal), le bruit avait couru que Hariri était plutôt en disgrâce du côté de Ryad. Mais il s’y est rendu, pour en rapporter semble-t-il des bénédictions renouvelées. Après quoi, l’on a moins entendu parler le prince et on en a moins entendu parler. À noter, à titre indicatif autant qu’anecdotique, que la plaque de l’inauguration du Mövenpick, cérémonie qui avait donné lieu aux fulminations de l’émir en présence du chef de l’État, a été récemment enlevée par la direction de l’établissement. Il faut dire que le rabibochage entre Hariri et Baabda n’est pas étranger à cette évolution de Ryad. Car les Saoudiens, de l’aveu et de l’avis même des haririens, tiennent beaucoup à soutenir le régime. Les riches Arabes pétrodollarisés comptent donc, concluent ces sources, participer eux-mêmes à Paris II. Autre sujet de satisfaction : le Dr Georges Abed a été nommé à de hautes fonctions au sein du FMI. Et il est tout disposé à un dialogue positif avec Beyrouth. Parallèlement, le gouvernement est soutenu comme on sait par le secteur bancaire, dont la contribution permet le maintien à flot de la livre. Et les organismes économiques se félicitent de ce que le pouvoir ait retrouvé sa cohésion. Le principal, peut-être, est que la confiance commence à se rétablir par la vertu magique de l’harmonie retrouvée entre les dirigeants. C’est ce que reconnaît le ministre des Télécoms, Jean-Louis Cardahi. À son avis, le débat est bon, en termes de démocratie. Il indique cependant que, du fait de l’entente entre les présidents, les dossiers vont être débloqués les uns après les autres. Il était temps : pour un peu, le temple allait s’effondrer. Sur la tête de tous les Samson. Philippe ABI-AKL
Les bronzés font leurs devoirs de vacances. Dans l’île enchanteresse, et néanmoins italienne, des sardines, entendre de cette Sardaigne de tout temps chère aux Arabes (et à l’Aga Khan), Fouad Siniora doit en principe rejoindre sous peu le chef du gouvernement. À la tête d’une fine équipe de son département, sans doute ravie de voyager aux frais de la princesse qu’on...