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Actualités - OPINION

Administration - C’est le rendement régulier qui compte L’extension de l’horaire semble vouée au panier

Le projet de budget pour l’an prochain se propose d’étendre l’horaire officiel dans les administrations publiques. Pour l’étaler de 8 heures à 17 heures, avec une pause-déjeuner d’une heure à midi. Soit 8 heures de travail, au lieu des 6 heures (parfois moins) assurées (plus ou moins) depuis des années. Mais ce projet dans le projet semble voué au panier. Comme les précédentes tentatives effectuées dans le même sens. Pourquoi ? Parce que, bien entendu, la masse fonctionnariale rue dans les brancards. Et du reste, une telle mesure n’est pas vraiment susceptible de régler le problème chronique de l’inefficacité des services publics. Ce qui compte, c’est le rendement. Or, il se trouve, de tout temps, en défaut de régularité. C’est-à-dire qu’il y a des départements, ou des personnels, qui se tournent les pouces. Tandis que d’autres, bien moins nombreux évidemment, en font plus qu’il ne leur est demandé. Une rare exception : la direction de la Sûreté générale qui a réformé son système. Pour faciliter et accélérer les formalités, sans nécessité de pistons, par voie de courrier rapide. En fait, chaque secteur doit pouvoir fixer un volume déterminé de production, pour le répartir entre ses effectifs et les contraindre à s’y conformer. Le circuit des formalités devrait obéir à des délais logiques, aussi rapprochés que possible. Pour éviter au public, aux gens, la dure épreuve d’une attente et de relances infructueuses qui courent souvent sur des mois entiers. Bien évidemment, pour aller plus vite en besogne, il faut généraliser l’informatisation des services. Et multiplier les guichets. Une bonne réorganisation technique donnerait en tout cas certainement plus de résultats que l’augmentation, sans doute fictive d’ailleurs, du nombre d’heures de travail. Qui ne ferait, paradoxalement, qu’accroître le degré et le taux d’improductivité administrative, puisque les fonctionnaires indolents auraient encore plus de temps devant eux à ne rien faire. Cela, principalement à cause d’un déficit au niveau du contrôle disciplinaire, faute de moyens et de surveillants qualifiés. Ce doux système permet de plus à nombre de fonctionnaires nonchalants, qui retardent à dessein les formalités, d’arrondir leurs fins de mois par le biais d’heures supplémentaires qu’ils se font facturer ! Et à ce propos, cela fait des années que l’on recommande en vain de pallier le manque de personnel flagrant de certains services en leur flanquant le surplus dont d’autres se plaignent. Autre problème : les traitements. Ils sont généralement insuffisants. Ce qui oblige beaucoup de fonctionnaires à se chercher un deuxième emploi, le plus souvent dans le privé. Et les démobilise par rapport à leur tâche publique. Il serait socialement injuste de les priver de rentrées complémentaires en étendant l’horaire. D’autant que l’État ne peut pas compenser comme le fait le secteur bancaire, qui relève de 30 % le salaire d’un employé travaillant toute la journée et non seulement jusqu’en début d’après-midi. Sans compter que le fonctionnaire retenu devra déjeuner à ses frais (supplémentaires) et non à la maison. Pour tout dire, dans les pays évolués, le plein-temps est bien rétribué, ce qui est normal. En outre, la tendance y est à la réduction non à l’augmentation de l’horaire officiel, au profit d’un rendement plus efficace, rendu plus facile par une fatigue moindre comme par l’informatisation. Dans ce cadre, on note que la productivité, forcément affaiblie des heures vespérales, n’en vaut littéralement pas la chandelle. C’est-à-dire que le coût en éclairage, en entretien de bureaux, en chauffage ou en climatisation est loin d’être amorti par les résultats obtenus. Par ailleurs, il faut faire le compte de l’important personnel féminin, dont le recrutement est rendu possible par la commodité de l’horaire. En général ces dames, on le sait, peuvent difficilement décrocher toute la journée de leur foyer où elles assument des obligations familiales vitales. Une désertion en masse de l’élément féminin représenterait un manque à gagner autant pour les familles que pour l’État lui-même. Celles qui accepteraient de servir plus longtemps dans la journée, moyennant sans doute un débours, seraient obligées de recruter à leur tour des aides-ménagères pour pallier leur absence de la maison. Et comme ce personnel est en majorité étranger, cela ferait encore plus de devises qui fileraient dehors. Last but not least, il est presque certain que le pouvoir risque de se heurter à une grève générale effective (bien qu’interdite en principe) des fonctionnaires, s’il devait leur imposer un horaire élargi, sans les dédommager. Émile KHOURY
Le projet de budget pour l’an prochain se propose d’étendre l’horaire officiel dans les administrations publiques. Pour l’étaler de 8 heures à 17 heures, avec une pause-déjeuner d’une heure à midi. Soit 8 heures de travail, au lieu des 6 heures (parfois moins) assurées (plus ou moins) depuis des années. Mais ce projet dans le projet semble voué au panier. Comme les...