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Actualités - OPINION

Un double problème chronique, la répartition des prérogatives et le laxisme des ministres

Bien évidemment, le sauvetage économique est un devoir national, auquel personne ne peut se dérober. Que tous doivent assumer ensemble. Par voie de conséquence, souligne un ministre influent, un éventuel échec ne pourrait être rejeté sur le seul gouvernement. Ni, a fortiori, être exclusivement imputé au président Rafic Hariri. Après cette défense corporative de bannière, le ministre observe qu’il doit y avoir quand même une répartition des responsabilités comme des tâches. Les dirigeants, indique-t-il, doivent s’entendre clairement sur l’attribution des dossiers, par secteurs. C’est-à-dire que l’un aurait la sécurité et l’autre l’économie, le politique étant partagé par pans distincts. De la sorte, lorsqu’une instance prend des décisions dans un domaine qui est de son ressort, les autres pouvoirs ne s’en mêleraient plus. Ce qui leur permettrait du reste, en cas de fiasco, de s’en laver les mains. Dans les faits, remarque cette personnalité gouvernementale, l’on a rejeté ce système de distribution du travail. En effet, l’on a exigé du Premier ministre de ne pas monopoliser le dossier économique. Et de faire participer aux décisions, ou à tout le moins de consulter, aussi bien le reste du secteur public, entendre les autres dirigeants, que le secteur privé. Étant donné que dans ce domaine, vital, la responsabilité doit être nécessairement commune. Partant de cette option de globalisation, ajoute le ministre, le train de mesures adoptées jusque-là a régulièrement été soumis au Conseil des ministres puis à la Chambre pour approbation, sans que l’on procède par arrêtés ou par décrets. Et en prenant soin de conférer avec les organismes. Dont le propre plan, d’ailleurs, rejoint largement les vues du gouvernement. Cela étant, le ministre s’étonne qu’il puisse y avoir conflit entre les dirigeants sur les traitements économiques, du moment qu’ils ont été admis sans objection aussi bien par le Conseil des ministres que par l’Assemblée nationale. Pour cette source, le mal viendrait du fait que certains de ses collègues du cabinet sont par trop passifs ou versatiles. Ils évitent de s’exprimer lorsqu’une question est débattue en Conseil, approuvant des mesures déterminées pour les critiquer ensuite publiquement. Le responsable cite en exemple deux affaires connues, Sukleen et Solidere. Il affirme que les décisions prises ont été votées par les confrères en question à titre de pure complaisance, sans conviction aucune. Dès lors, souligne-t-il, seuls les ministres qui se sont inscrits en faux contre les mesures proposées au vote étaient en droit de faire connaître leur position de rejet, tout en respectant le choix de la majorité. Or ce sont les autres, ceux qui ont dit oui sans y croire mais oui quand même, qui se sont déchaînés ensuite en critiques virulentes. Sans craindre de ne pas paraître conséquents avec eux-mêmes. Pour cette personnalité, le dérapage est d’autant plus regrettable qu’en réalité, les choix retenus dans ces deux affaires frisaient l’illégalité. Pour lui, il ne fallait pas que le souhait d’éviter un conflit frontal avec le chef du gouvernement empêchât quiconque d’exprimer sur le champ son opposition en Conseil des ministres. Poursuivant ses reproches, le ministre révèle que la plupart de ses collègues n’assument pas, comme ils le devraient, la défense des questions d’intérêt général relevant de leurs départements. Ces problèmes, prévoient les statuts du Conseil des ministres, ont la priorité. Or le plus souvent, les séances abordent l’ordre du jour sans en traiter, parce que les intéressés n’interviennent pas à temps, comme ils en ont l’obligation et le droit. De même, ils renoncent le plus souvent, pour ne pas faire de vagues, à leur droit de réclamer un vote lorsqu’il n’y a pas consensus sur un projet qu’ils ont exposé. Et qui se trouve de ce fait passé à la trappe. Pire encore, selon cette personnalité, la plupart du temps les ministres se dessaisissent du droit à la parole. Pour aller ensuite se plaindre que le Conseil fonctionne mal et s’en remet à la troïka. En menant campagne au-dehors pour une réhabilitation des institutions, spoliées par un système de personnes, sans rien faire à cet effet à l’intérieur du pouvoir. Autrement dit, cette personnalité accuse ses pairs, ou du moins certains d’entre eux, de brocarder la paille dans l’œil du voisin sans voir la poutre dans le leur. Cependant, le problème est vaste et complexe. En effet, comme le relève le ministre Marwan Hamadé, la réalité veut que le système libanais se fonde sur le concept de cohabitation. Non seulement entre les trois présidences, mais aussi entre les communautés. Ce que certains appellent la coexistence. Si la coordination ou la coopération font défaut au sommet, elles se trouvent ipso facto rasées à la base. L’équation, apparemment simple, est au fond extrêmement compliquée, estime un autre ministre, Béchara Merhej. Son fonctionnement repose en effet sur une notion rare, du moins dans ce pays, à savoir un sens élevé aussi bien de la responsabilité que de l’État, et du dialogue institutionnel, chez les gens du pouvoir. Émile KHOURY
Bien évidemment, le sauvetage économique est un devoir national, auquel personne ne peut se dérober. Que tous doivent assumer ensemble. Par voie de conséquence, souligne un ministre influent, un éventuel échec ne pourrait être rejeté sur le seul gouvernement. Ni, a fortiori, être exclusivement imputé au président Rafic Hariri. Après cette défense corporative de bannière,...