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Actualités - CHRONOLOGIE

CELLULAIRE - « La solution est imminente », selon une source proche du ministre de l’Information Black-out total sur la longue rencontre Lahoud-Berry

«Humiles laborant ubi potentes dissident. » L’aphorisme est de Phèdre, le fabuliste latin. En français dans le texte, cela donne : « Les petits souffrent quand les puissants se chamaillent. » Le laconisme du communiqué officiel est exactement proportionnel à l’attente fébrile de cette réunion primordiale, axée sur le dossier du cellulaire, entre les nos 1 et 2 de l’État, hier au palais de Baabda. « Le président de la République, le général Émile Lahoud, s’est réuni à 12h30 avec le président de la Chambre, Nabih Berry, et a évoqué avec lui la situation générale à la lumière des développements de l’heure sur la scène locale. Et après l’entretien qui a duré deux heures, le président Berry s’est contenté de déclarer qu’il avait souhaité bon retour au président Lahoud et qu’il avait évoqué avec lui les derniers rebondissements. » Il y a eu ce communiqué, et puis plus rien. Du côté de Baabda, de Aïn el-Tiné et de Koraytem, le mot d’ordre a été suivi à la lettre : black-out total. Silence absolu sur la médiation Berry. Soit par décision stratégique, soit parce que l’on continuait de travailler d’arrache-pied, de multiplier les réunions, pour que l’on puisse décider, « avant le Conseil des ministres du 1er août », c’est-à-dire dans deux jours, du mécanisme qui sera adopté le 31 août prochain, lorsque Cellis et LibanCell devront, selon la loi du 01/06/2002, remettre la gestion du réseau à l’État. Mais dans ce noir absolu, il y a quelques repères. Un : le locataire de Baabda serait prêt, dit-on, à discuter et à débattre de tout. Sauf de ce qu’il considère comme étant une condition sacro-sainte et sine qua non : qu’au 1er septembre, les revenus de la téléphonie mobile devront tomber dans l’escarcelle de l’État. Deux : l’un des médiateurs annexes entre Émile Lahoud et Rafic Hariri, le minsitre de l’Information, Ghazi Aridi, serait optimiste. L’on rétorquera que le successeur d’Anouar el-Khalil est « toujours » optimiste. Certes. Sauf que des sources proches de Ghazi Aridi ont assuré à L’Orient-Le Jour que « la solution est imminente. Une solution politique, légale et technique ». Et qu’il n’y a pas que le chef de l’État qui soit inconditionnellement attaché au fait que les revenus du secteur doivent échoir à l’État. « Nous le sommes tous. Le Premier ministre inclus. » Selon ces sources, il y a encore des questionnements. « De la part des Français, et des sociétés d’exploitation. Il faut tout verrouiller. Il faut que l’accord soit impeccable si l’on ne veut pas retomber de Charybde en Scylla. » Voilà sans doute pourquoi, entre autres, aucune date n’a été fixée pour un éventuel déjeuner à trois, demain mercredi. Un déjeuner à propos duquel l’on a beaucoup glosé ce week-end, et dont on considérait la tenue comme équivalente à une authentique fumée blanche. Troisième repère : les propos du ministre du Travail, Ali Kanso, au sortir de son entretien d’hier avec le médiateur en chef, Nabih Berry. Dont il a rapporté les propos. « Le président de la Chambre considère qu’il n’y a aucune raison pour que le conflit autour du cellulaire se poursuive. Parce qu’en perdurant, il lèse les intérêts du pays. Surtout que la situation financière et économique dans laquelle nous nous débattons est connue de tous. Cela sans compter les préparatifs liés à Paris II. La poursuite de la querelle affaiblit la position du Liban, ainsi que sa capacité à régler la crise et à récolter les appuis étrangers », a-t-il déclaré. Assurant que le n° 2 de l’État n’allait faire l’économie d’aucun effort pour trouver une solution au dossier du cellulaire, et qu’il allait entreprendre une nouvelle série de contacts dans ce but. Rappelons que Ali Kanso s’était prononcé la veille dans le sens adopté par son collègue aux Télécommunications, Jean-Louis Cardahi. Quoi qu’il en soit, force est de constater que depuis le retour du chef de l’État, le ton et l’aigreur ont (nettement) baissé d’un cran. Et que tout le monde, sans exception, souhaite le règlement de la crise du cellulaire. Avant le jeudi 1er août. Que ce soit le ministre du Travail, ou son collègue à la Justice, Samir Jisr, et ce, malgré la polémique qui l’a opposé de nouveau, hier, à Jean-Louis Cardahi (voir par ailleurs). Idem pour un député mi-berryiste, mi-homme d’affaires. Qui, tout en faisant montre d’un optimisme mesuré, rappelle qu’en 1994, on n’a inclus, dans la loi sur le cellulaire, ni mécanisme de contrôle ni réglementation des sanctions en cas de contraventions. Et que la loi votée le 1er juin dernier n’est pas beaucoup plus claire. D’un côté elle est sans ambages : les revenus du cellulaire, au cas où l’adjudication n’aurait pas lieu à la date prévue, reviendraient à l’État. Or Omar Karamé avait demandé, à bon escient, que le gouvernement lui dise qui serait chargé de gérer le secteur dans ce cas de figure. Lequel gouvernement s’est empressé de répondre que c’est au Conseil des ministres que reviendrait cette gestion. Bon nombre d’observateurs estiment dans tous les cas que les deux camps sont d’accord sur l’essentiel. Sur le retour du secteur et de ses revenus dans le giron de l’État, par exemple. Ou sur le fait que Jean-Louis Cardahi ne cache aucun lapin (à qui il destinerait la gestion du réseau) dans son chapeau. Le conflit porterait sur les détails. Hier, jusqu’en début de soirée, Rafic Hariri voulait que l’on garde les contrats en BOT (pendant un laps de temps bien défini au cours duquel seraient parachevées les opérations d’adjudication et d’enchères internationales), en augmentant jusqu’à 60 % la part qui revient à l’État. Le ministre des Télécommunications refusait d’entendre parler du BOT, se demandant pourquoi ce seraient les deux sociétés qui contrôleraient l’État et non pas l’inverse. Et Émile Lahoud n’avait de cesse d’exiger que l’État ne se mette d’accord qu’avec le plus offrant. Quant à Nabih Berry, il continuait à peser le pour et le contre des trois alternatives de consensus qu’il propose aux deux parties. Avec une nette prédilection, dit-on, pour l’option défendue par Rafic Hariri, en limitant cependant le délai de finition de l’opération de privatisation à trente, voire quarante-cinq jours seulement. Ainsi, le général Lahoud serait satisfait (l’État engrangerait le maximum de sous – on dit que tout le monde est d’accord sur le fait que le plafond des perceptions étatiques ne dépasserait pas les 60 %), de même que Rafic Hariri (avec le BOT, on éviterait un éventuel clash avec les Français, à quelques enjambées d’un Paris II programmé en principe pour l’automne, et l’on comblerait, même si l’on espère que ce n’est pas le but du Premier ministre, la famille du gendre, qui possède désormais 100 % des actions de LibanCell). Sauf que resterait l’épineux problème du dédit de l’État, puisque le BOT survivra au 31 août – ne serait-ce que pour un mois, ou un mois et demi. En principe. Enfin, d’aucuns considèrent que du résultat de ce litige (la question du vote en Conseil des ministres dans le cas d’un échec total des médiations étant totalement exclue : nous sommes dans une « démocratie consensuelle ») dépend fortement l’avenir politique – du moins sa coloration – d’Émile Lahoud comme de Rafic Hariri. Et si l’on repose tout cela dans le cadre d’une intervention (certes par Nabih Berry interposé) syrienne qui depuis le début paraissait, fort malheureusement, inéluctable, le règlement de la crise du cellulaire risque d’avoir un sacré goût amer. Et conforteraient les prosyriens (à commencer par les maronites d’entre eux) qui n’osaient espérer pareil encouragement, pareille légitimation, dans leurs ronflantes et clinquantes « certitudes ». Que le Liban a besoin de la Syrie pour régler ses problèmes. Tous ses problèmes – sécuritaires soient-ils ou bien financiers. Z.M.
«Humiles laborant ubi potentes dissident. » L’aphorisme est de Phèdre, le fabuliste latin. En français dans le texte, cela donne : « Les petits souffrent quand les puissants se chamaillent. » Le laconisme du communiqué officiel est exactement proportionnel à l’attente fébrile de cette réunion primordiale, axée sur le dossier du cellulaire, entre les nos 1 et 2 de...