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Actualités - OPINION

VIE POLITIQUE - Les membres de la coalition se recrutent à la périphérie Un mouvement maronite centriste en voie de formation

Fidèle à sa tradition de force tranquille, le centre (essentiellement maronite) tente en cet été, malgré les brûlantes tornades insupportables du portable (ou à cause d’elles justement), d’affirmer sa tiédeur. En opérant, sur base de parité loyalistes-opposants, sa scissiparité. Assez paradoxalement, ce centre recrute surtout à la périphérie : au Nord, dans la Békaa et aux confins du Mont-Liban. « Far from the madding crowd. » Loin des feux de la rampe comme des incendies présidentiels, loin des sinistres qui ravagent le Conseil des ministres, ces parlementaires de tous horizons, sinon de tous bords, passent leurs vacances en sages palabres. En vue de cristalliser une coalition modérantiste inspirée, il faut le souligner, par les récents conseils d’apaisement prodigués par la grande sœur. Ou, si l’on préfère, par les frères, comme les dénomment ici aussi bien leurs amis que leurs adversaires. Des recommandations qui n’empêchent pas certains prosyriens, peut-être plus royalistes que le (vrai) souverain, de continuer à jeter de l’huile sur le feu. En poursuivant des attaques aussi acharnées qu’archaïques contre cet accident de parcours qu’est le manifeste de Los Angeles. Malgré les explications de Kornet Chehwane, sur la nature émigrée, distanciée, de ce brûlot, malgré sa relativisation par Bkerké, les prosélytes de l’Ouest s’obstinent à y voir une sorte de trahison (pan) nationale. Un missile téléguidé par les States, voire par Israël. Il faut dire que l’occasion de refaire un peu surface était trop belle pour des groupes qui, ces derniers temps, étaient tenus un peu à l’écart, oubliés ou négligés par le tuteur dont ils se réclament. Quoi qu’il en soit, les députés du marais veulent faire entendre leur voix plus fort, plus haut. Ils l’indiquent clairement, en précisant qu’après une première réunion officieuse de concertation place de l’Étoile, ils vont de nouveau se retrouver mardi prochain. En espérant parvenir à se former en bloc. L’un des buts proclamés étant, ajoutent-ils, de montrer que Kornet Chehwane n’est pas le porte-parole unique du camp chrétien. Cependant, ces mêmes parlementaires maronites se défendent de toute attitude confessionnaliste. Ils soulignent que la tessiture de leur projet est d’ordre purement national et taëfiste. Et que, dans ce cadre, nul ne pourra leur opposer une surenchère quelconque, que cela soit à l’Ouest ou à l’Est. D’autant que dans une deuxième étape, ils ont l’intention de solliciter l’adhésion à leur groupe de pôles grecs-orthodoxes et grecs-catholiques. En attendant sans doute qu’après dialogue, la constellation englobe également des figures de proue musulmanes. Ce que la devise adoptée, l’union de la raison, devrait faciliter. Étant bien entendu qu’à leur avis, ils le répètent volontiers, l’intérêt du pays commande plus que jamais autant le jumelage avec la Syrie que l’édification d’un véritable État des institutions. Selon l’un des promoteurs du mouvement, la ligne aurait dû en bonne logique prendre corps dès 1992. C’est-à-dire dès l’affaire du boycott, qui aurait dû susciter une réaction de rejet, ou de correction, de la part des éléments « sensés » du camp chrétien, du moment qu’elle menait tout droit à l’exclusion. Cependant, cette personnalité précise à ce propos que le courant concerné aurait dû, dès cette époque, mieux expliquer ses choix, dire pourquoi la participation lui semblait nécessaire. Plutôt que de laisser l’autre aile du camp chrétien s’enferrer dans l’isolationnisme. D’où il est devenu de plus en plus difficile de la sortir. Toujours est-il que cette même source estime qu’il vaut mieux tard que jamais. Et que l’affirmation d’un centre s’impose à un moment où, à son avis, le clivage confessionnel se fait de plus en plus marqué. Le député pense ainsi que les attaques contre les pôles de l’Est sont outrancières, dans la mesure où les positions de principe étaient connues bien avant Los Angeles. Il souligne ensuite que ces flèches de Parthe contre le manifeste maronite semblent tirées par remote control. Et qu’en aucun cas une tentative de réfutation par les menaces, les manifestations où des coups-de-poing américains sont exhibés, les prêches incendiaires dans le Akkar ou ailleurs, les pamphlets d’ulémas, ne peut être justifiée. Bref, malgré ses propres réserves en ce qui concerne le congrès de Los Angeles aussi bien que la Rencontre, ce pôle condamne la violence de la campagne lancée contre eux. Toujours est-il que les centristes autoproclamés se disent optimistes. Ils prennent pour un encouragement indirect le dîner donné par M. Abdel Halim Khaddam qui a regroupé autour d’une même orientation globale tant de figures de proue, dont MM. Hraoui, Hariri, Joumblatt, Ferzli et nombre d’éminents députés. Philippe ABI-AKL
Fidèle à sa tradition de force tranquille, le centre (essentiellement maronite) tente en cet été, malgré les brûlantes tornades insupportables du portable (ou à cause d’elles justement), d’affirmer sa tiédeur. En opérant, sur base de parité loyalistes-opposants, sa scissiparité. Assez paradoxalement, ce centre recrute surtout à la périphérie : au Nord, dans la Békaa...