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Actualités - OPINION

Le pouvoir critiqué pour sa versatilité Le baromètre oscille toujours entre le chaud et le froid

Mondialisation oblige, les quiz télévisés s’internationalisent. En turc, en anglais, en français, en espagnol, en zoulou et en bas dialecte lituanien on veut « gagner des millions ». Ici, comme il n’en reste plus beaucoup en caisse à rafler, on se rabat sur le « maillon le plus faible ». Et à tous les coups, coquin de sort, c’est le numéro de l’État qui sort. À l’issue du déjeuner triconvivial la semaine dernière à Baabda, l’on avait chanté l’entente retrouvée. Pour déchanter après le dernier Conseil des ministres. Émaillé, selon des fuites si savamment distillées qu’on ne distingue pas bien les contours du conflit, par des passes d’armes à fleurets mouchetés sur de multiples dossiers. Dont celui du cellulaire. Qui a donné lieu, dit-on, à de vifs échanges entre le président du Conseil, M. Rafic Hariri, et le ministre des Télécoms, M. Jean-Louis Cardahi. Qui persiste et signe, dans sa volonté de faire appliquer tel que lui-même le comprend, l’accord conclu antérieurement sous l’égide du président de la Chambre, M. Nabih Berry. En pratique, indiquent des sources informées, ce sont les délais qui font toute la différence. M. Cardahi tient à ne pas les reporter. Ce qui, toujours en pratique, revient grosso modo à la mise hors-course des deux traitants actuels. Sans aller plus loin dans les détails matériels, les observateurs se demandent aujourd’hui par quel miracle la trêve interprésidentielle estivale va pouvoir tenir. Certes, M. Hariri a solennellement informé Baabda de sa ferme intention d’éviter toute querelle, de promouvoir au maximum un esprit d’entente entre les pouvoirs. En précisant cependant tout de suite qu’à cette fin, il faut commencer par se mettre d’accord sur des mécanismes décisionnels. Et qu’il faut veiller à prévenir toute politisation des divergences éventuelles, pour leur garder un caractère purement technique. Or, si le cœur y est, de part et d’autre, on n’a besoin d’aucun système de régulation des relations entre les dirigeants. D’autant que, lorsque le cœur n’y est justement pas, il n’y a pas moyen non plus de s’entendre sur une règle de jeu ! Quoi qu’il en soit, les médiateurs, qui affichent un petit sourire crispé, pour ne pas dire un rictus, reprennent le collier. En soutenant, pour ne pas envenimer les choses, que tout va très bien madame la marquise. Ainsi, le ministre joumblattiste de l’Information, M. Ghazi Aridi, minimise à souhait les empoignades du Conseil des ministres. Qu’il présente comme le fruit, tout à fait normal et même savoureusement démocratique, de simples divergences de vues. Pour lui, non seulement il n’y a ni crise ni conflit mais encore une saine émulation, dans la quête des meilleures solutions financières, au profit du Trésor. Le tout, ajoute-t-il, sans arrière-plan politique. Mais d’autres ministres insinuent que les arrière-pensées fleurissent à profusion dans les jardins du pouvoir. Soucieux, disent ces responsables, de mettre les points sur les i, ils indiquent que le déjeuner de Baabda a été de nature climatique plutôt qu’opérationnelle. C’est-à-dire que les trois présidents y ont cherché à améliorer leurs relations, par l’échange de généralités, pour ne pas dire de banalités, courtoises. Sans prendre le risque de se heurter derechef en abordant les sujets qui fâchent. Donc, d’après ces ministres, il n’y a pas eu, il n’y a toujours pas, de passerelle jetée pour traverser d’un même pas la rivière des discordes tournant autour du plan quinquennal, des privatisations, du cellulaire et autres joyeusetés de l’été. Et comme c’est toujours le système de la troïka qui prévaut, quoi qu’en disent les intéressés, l’absence d’entente concrète s’est tout de suite traduite par les couacs entendus, ou sous-entendus, lors du Conseil des ministres. Le pouvoir est donc miné par ses querelles intestines. Ce qui le rend encore plus vulnérable face aux observations qui lui sont adressées au sujet de Saïda et de la question des camps palestiniens. Dont l’autonomie débordante frise manifestement l’outrage à l’autorité de l’État hôte. De ce fait, des pôles s’étonnent que les autorités n’aient pas réagi à la hauteur même des événements survenus. Car elles n’ont convoqué, après la tuerie, ni un Conseil des ministres exceptionnel ni même une réunion spéciale des instances spécialisées comme le Conseil supérieur de défense ou le Conseil de sécurité intérieure. Le gouvernement n’a publié aucun communiqué de mise en garde contre la poursuite des atteintes à l’autorité publique. Et encore moins d’ultimatum. Ces mêmes pôles concluent, en haussant les épaules, qu’à tout prendre, ce silence est peut-être préférable. Car qu’est-ce qu’un pouvoir qui a laissé impuni le massacre de quatre de ses juges, toujours à Saïda, peut bien dire à l’opinion. D’autant qu’il aurait à s’exprimer aussi sur l’affaire du pont d’Ouzaï, comme sur les vans au mazout qu’il a laissé encore hier manifester en plein centre-ville. Alors que le moindre chahut d’adolescents à l’Est est réprimé à coups de matraques. Bref, le pouvoir est décrit et décrié par ces politiciens comme étant le maillon faible. De la chaîne qui ligote ce pays. Philippe ABI-AKL
Mondialisation oblige, les quiz télévisés s’internationalisent. En turc, en anglais, en français, en espagnol, en zoulou et en bas dialecte lituanien on veut « gagner des millions ». Ici, comme il n’en reste plus beaucoup en caisse à rafler, on se rabat sur le « maillon le plus faible ». Et à tous les coups, coquin de sort, c’est le numéro de l’État qui sort. À...