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Actualités - CHRONOLOGIE

FORUM - « Rendre la vie impossible aux Palestiniens » Michel Eddé : « L’eau continue à hypothéquer la vie politique israélienne »

Le Forum sur « la valeur économique de l’eau », organisé par le Centre de recherches pour le développement international du Canada (CRDI), en partenariat avec l’Agence canadienne de développement international (ACDI), le gouvernement du Japon et la direction générale du ministère de l’Énergie et de l’Eau, a clôturé hier ses travaux qui se sont étalés sur trois jours. Le directeur général du ministère libanais de l’Énergie et de l’Eau, Fadi Comair, a notamment souligné au cours de ce forum que « la moitié de l’alimentation en eau d’Israël provient des territoires occupés depuis 1967 ». Ce dossier a d’ailleurs été au centre de l’intervention de l’ancien ministre Michel Eddé qui a présenté un exposé global sur le problème de l’eau en Israël. M. Eddé a appelé les Nations unies et les États-Unis à faire pression sur l’État hébreux afin qu’il mette un terme à sa politique de monopole des ressources hydrauliques, devenue injustifiable dans le contexte d’une agriculture qui ne joue plus qu’un rôle infime et ne représente plus que 1,5 % à 2 % du PIB israélien. Bien qu’ayant joué auparavant un rôle capital pour les colonies israéliennes, jusqu’au Mandat britannique pratiquement, « l’eau ne doit plus occuper une place importante dans l’esprit des sionistes », soutient M. Eddé, qui replace la stratégie actuelle israélienne – représentée notamment par la politique du Premier ministre Ariel Sharon – dans le cadre d’un plan global « visant à rendre la vie impossible aux Palestiniens ». Il rappelle au passage que presque la moitié de l’alimentation d’Israël en eau provient des eaux détournées des terres arabes. « Les immigrants russes ont contribué à bouleverser en huit ans les bases économiques et sociales de la population israélienne, affirme M. Eddé. Grâce au grand nombre de chercheurs, d’ingénieurs et de techniciens hautement qualifiés que comptent leurs rangs et au concours de chercheurs et d’ingénieurs israéliens de haut niveau, l’informatique, l’électronique et l’industrie sous toutes ses formes civiles et militaires, apportent la contribution la plus importante au PIB israélien, qui a plus que doublé en moins de huit ans. Dans ce contexte, l’agriculture ne joue plus qu’un rôle infime et ne représente plus que 1,5 % à 2 % du PIB israélien. Et pourtant, l’eau continue à hypothéquer la vie politique israélienne et à jouer un rôle à la fois capital et aberrant dans la décision des dirigeants israéliens. » « Soixante-quinze à quatre-vingts pour cent des ressources hydrauliques sont affectées à l’agriculture alors que cinq à sept pour cent sont affectés aux besoins domestiques et seize à dix-neuf pour cent à l’industrie, a ajouté l’ancien ministre. L’eau devient de plus en plus rare alors que le déficit en eau va grandissant en Israël et s’élevait en avril 2001 à quatre cent soixante-quinze millions de mètres cubes. Même si durant cette année 2002 la situation s’est quelque peu améliorée, une augmentation notable du déficit est prévue pour les prochaines années. Dans un rapport publié par Haaretz, le 7 juin 2001, il était conseillé de laisser en jachère une partie des 1 900 000 dounoms actuellement irrigués. Dans un autre article publié aussi par Haaretz le 16 avril 2001, Avigdor Lieberman, ministre israélien des Infrastructures, révélait que depuis 1960 les fermiers bénéficiaient d’un prix de soutien inférieur de 35 % au prix pratiqué pour l’industrie et les besoins domestiques. Il précisait que seulement 12 % des résidents des communautés agricoles tiraient leur subsistance de l’agriculture et que 88 % de ces résidents n’avaient rien à voir avec l’agriculture et utilisaient l’eau bénéficiant des prix de soutien pour d’autres usages et d’autres objectifs. Haaretz révélait d’autre part que de nombreux résidents utilisaient l’eau à prix réduit pour arroser leur pelouse, remplir leur piscines, et arroser les espaces verts publics. C’est pour cette raison qu’une augmentation notable du prix de l’eau pour l’agriculture devait être décidée. Mais Ariel Sharon était intervenu et voulait, pour des motifs électoraux, limiter la hausse à 20 % et même 10 %. Par ailleurs, les kibboutzim font face à une crise très grave, leurs déficits cumulés dépassant 8 milliards de US dollars en dépit des prix de soutien dont ils bénéficient pour l’eau qu’ils utilisent. » « Le 3 juin 2001, le ministre de l’Agriculture, Shalom Simhon, annonçait qu’il étudiait un projet de privatisation des kibboutzim, ce qui met un terme final à la plus importante expérience et réalisation dont se vantait les dirigeants sionistes », conclut M. Eddé. Rappelons que le forum qui a achevé ses travaux hier, regroupait 160 participants de huit pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (Égypte, Jordanie, Liban, Maroc, Syrie Yémen, délégation palestinienne) qui ont débattu de « la valeur économique de l’eau ». Le premier des quatre forums organisés sous l’égide du Centre de recherches pour le développement international (CRDI), organisme gouvernemental canadien, a eu lieu à Rabat en mars, sur le thème des « eaux usées ». Le troisième doit se tenir en octobre à Amman sur le « partenariat public et privé ».
Le Forum sur « la valeur économique de l’eau », organisé par le Centre de recherches pour le développement international du Canada (CRDI), en partenariat avec l’Agence canadienne de développement international (ACDI), le gouvernement du Japon et la direction générale du ministère de l’Énergie et de l’Eau, a clôturé hier ses travaux qui se sont étalés sur trois...