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Actualités - CHRONOLOGIE

L’initiative de paix arabe rendue « caduque », déplore Berry

Le discours prononcé lundi soir par le président américain George W. Bush sur le Proche-Orient a suscité, comme on pouvait s’y attendre, de vives critiques au Liban. Le président de la Chambre, Nabih Berry, a notamment déploré hier que M. Bush ait réclamé « la tête » du président palestinien Yasser Arafat et ignoré totalement l’initiative de paix arabe. « Du temps des cow-boys, les têtes étaient mises à prix sur des affiches portant la mention “Wanted” à laquelle s’ajoutait le montant d’une prime déterminée. Aujourd’hui, cette pratique américaine touche des pays autant que des groupes et des individus, sous la mention “Wanted dead or alive” (recherchés morts ou vifs) », a noté M. Berry lors d’une rencontre avec des journalistes koweïtiens. « Il s’agit de la mondialisation sécuritaire par laquelle on cherche à faire main basse sur une cause, celle de la Palestine, qui a occupé le monde durant tout le XXe siècle et qui, du train où c’est parti, occupera encore tout le XXIe siècle », a-t-il ajouté. « Il est malheureux de voir que le discours du président Bush n’a pas dérogé à cette règle. En l’occurrence, le “Wanted”, bien qu’il ne soit pas nommé explicitement, est Yasser Arafat », a-t-il relevé. Pour M. Berry, le discours de M. Bush « s’est fondé sur les demandes d’Israël, ce qui signifie que le principe de Madrid – l’échange de la terre contre la paix – a cessé d’exister hier ». « Pour Israël, la formule est plutôt “la sécurité en échange de la paix”. C’est ce que le discours de Bush a consacré », a-t-il dit. « Je connaissais les gouvernements provisoires et les arrangements temporaires, mais je n’avais jamais entendu parler jusqu’ici d’États provisoires », a poursuivi le président du Parlement. Pour lui, « à bien examiner ce qu’on entend par État provisoire, il s’agira d’une administration civile formée de Palestiniens chargés d’assurer la sécurité des Israéliens ». « M. Bush n’a pas mentionné une seule fois l’initiative arabe de paix qui devient ainsi caduque », a encore estimé M. Berry. Cette initiative lancée en mars au sommet de Beyrouth prévoit une normalisation totale avec Israël contre son retrait total des territoires arabes occupés en 1967. « L’initiative de Bush vise à diviser les Arabes entre modérés et extrémistes », a par ailleurs estimé M. Berry. « Le discours tente habilement de dissocier les résolutions 242, 338 et 425 du Conseil de sécurité de l’Onu pour les vider de leur contenu », a-t-il accusé, soulignant qu’en évoquant l’État palestinien, M. Bush n’avait « ni mentionné sa capitale ni ses frontières et relégué à une date ultérieure l’examen du sort des (3,7 millions) de réfugiés palestiniens ». « En définitive, a conclu le président de la Chambre, il n’a pas annoncé un État palestinien mais n’a fait que prononcer des mots à ce sujet. » D’autre part, des responsables cités par notre correspondant diplomatique ont critiqué le fait que le président américain ait totalement passé sous silence l’initative de paix arabe. « Le fait qu’il n’ait pas été fait mention de cette initiative, qui a fait l’unanimité des pays de la Ligue arabe, prouve à quel point ces États pèsent peu aux yeux des États-Unis, et l’inanité des entretiens que, depuis mars dernier, la plupart des dirigeants arabes ont eus avec les responsables américains », ont affirmé en substance ces responsables. Et de condamner l’insistance du président Bush à inviter, sans le nommer, le Liban à « arrêter le flot d’argent, d’équipements, et la mobilisation des combattants » destinés aux organisations « terroristes », parmi lesquelles il a cité nommément le Hezbollah. Les responsables cités ont également déploré que le président Bush ait considéré que tout État engagé en faveur de la paix doit condamner l’Irak ainsi que toutes les attaques-suicide anti-israéliennes. Ils ont noté aussi que, nulle part dans son discours, le président Bush n’a fait mention de l’Arabie saoudite, en lui demandant de jouer un rôle en faveur de la paix, comme il l’a fait pour la Jordanie. Enfin, les responsables ont refusé la logique américaine qui voudrait que ceux qui ne sont pas du côté des États-Unis sont contre les États-Unis, qu’ils ont interprétée comme une volonté d’hégémonie sans nuance.
Le discours prononcé lundi soir par le président américain George W. Bush sur le Proche-Orient a suscité, comme on pouvait s’y attendre, de vives critiques au Liban. Le président de la Chambre, Nabih Berry, a notamment déploré hier que M. Bush ait réclamé « la tête » du président palestinien Yasser Arafat et ignoré totalement l’initiative de paix arabe. « Du temps...