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Actualités - REPORTAGE

PORTRAIT - Depuis 1979, une école qui inculque aux jeunes l’amour de la danse Salwa Aoun el-Khatib a préservé sa grâce et… son âme d’enfant (photos)

De la modestie et de la discrétion avant tout. Salwa Aoun el-Khatib, chorégraphe et ancienne danseuse, ne cherche pas à faire parler d’elle. Encore moins de son travail. Si on lui dit qu’elle était l’une des meilleures danseuses de son temps, elle fait l’éloge des autres artistes connus durant les années soixante et soixante-dix. Si on souligne l’importance de son école de danse, elle s’exclame : « C’est une école d’amateurs, j’initie à cet art les personnes intéressées par la danse car la véritable formation, il faut la chercher ailleurs, à l’étranger ». Salwa el-Khatib enseigne la danse là où elle a grandi. C’est dans un immeuble de la rue Makdessi, où petite fille elle logeait avec sa famille, qu’elle a décidé, en 1979, de créer son studio. Mais Salwa a commencé à enseigner le ballet, à monter des spectacles et à se produire sur scène bien avant. La passion de la danse, elle l’a depuis longtemps. Âgée de 13 ans en 1949, elle entame son apprentissage de danse classique à l’Académie des beaux-arts. Quelques années plus tard, elle rejoint l’école d’Ani Daba, pour partir, à vingt et un ans, à Londres suivre les cours de Sigurd Leeder, connu pour la danse contemporaine. C’est après avoir achevé sa licence en pédagogie à l’actuel Beyrouth University College, qu’elle part en Angleterre, un peu contre le gré de ses parents, qui ne pouvaient pas comprendre l’intérêt que leur fille portait à la danse. Elle avait, grâce aux cours de ballet qu’elle donnait, épargné de l’argent pour partir. Une fois dans la capitale anglaise, elle est confrontée à la véritable vie des danseurs. Certes, son professeur Leeder l’encourageait en lui répétant souvent : « Tu es une véritable artiste ». Mais un an plus tard, elle rentre à Beyrouth, malgré ses protestations. Salwa el-Khatib, qui a l’âme de la danse et la sensibilité des artistes, n’a pas supporté la dureté, les jalousies, l’hypocrisie, la fausseté… bref toute l’ambiance du monde du spectacle. Aujourd’hui encore, elle n’a aucun regret. « Je me suis mariée, j’ai eu des enfants et je ne me suis pas arrêtée de danser », explique-t-elle. « À l’étranger, une vie de danseuse m’aurait coûté beaucoup de concessions et de sacrifices », ajoute-t-elle. Et, avec sa sincérité et sa simplicité, Salwa aurait eu beaucoup de difficultés à s’adapter. Grâce à son année passée à Londres, enrichie plus tard par plusieurs stages de formation dans les capitales européennes, elle présente au public libanais les premiers spectacles de danse contemporaine. Polyvalente, elle travaille au siège des Nations unies à Beyrouth. C’est dans les bureaux de l’organisation internationale qu’elle rencontre son mari, économiste à l’Escwa. Elle est mère de quatre enfants, dont trois sont doués pour l’art. L’un de ses fils, Fady, joue de la flûte et du piano. Ses deux filles, Rana et Leila, ont choisi des carrières d’artiste. Rana, créatrice de mode, danse et joue de la musique. Elle conçoit et réalise des costumes de scènes, notamment ceux des spectacles chorégraphiés par sa mère. Leila, qui a appris la danse contemporaine à Paris et qui a préféré privilégier il y a presque quatre ans sa vie de famille, est danseuse et chorégraphe. Leila el-Khatib faisait partie du ballet national tunisien, avant de créer sa propre compagnie de danse, le jeune ballet de Beyrouth. La dernière fois que Salwa el-Khatib est montée sur scène, c’était avec sa fille Leila, en 1989, dans le cadre du spectacle États d’âme. Elle avait 53 ans. « J’ai dansé uniquement pour dépanner ma fille », relève-t-elle. La danseuse estime avoir fait ses adieux à la scène à temps. Vraie avec les autres et surtout avec elle-même, elle n’a pas commis l’erreur que d’autres artistes commettent. « Je suis tout simplement réaliste, il y a un âge pour la scène », dit-elle. Et d’ajouter : « Même si l’on possède toujours la grâce, la technique et la capacité de danser, il faut savoir quand s’arrêter ». « Sinon, ça sera une insulte à la danse », s’exclame-t-elle. Salwa el-Khatib, qui a préservé son âme d’enfant, n’a pas peur du temps. Limpide, souriante et paisible, elle est toujours à son studio de la rue Makdessi, inculquant simplement l’amour de la danse à ceux, et surtout celles, qui le désirent. Ce samedi, une soixantaine d’élèves de son école se produiront sur les planches du Centre culturel russe. Patricia KHODER
De la modestie et de la discrétion avant tout. Salwa Aoun el-Khatib, chorégraphe et ancienne danseuse, ne cherche pas à faire parler d’elle. Encore moins de son travail. Si on lui dit qu’elle était l’une des meilleures danseuses de son temps, elle fait l’éloge des autres artistes connus durant les années soixante et soixante-dix. Si on souligne l’importance de son...