Ô rage, ô barrage

Moins de deux semaines après s’être mélangé les burnes dans les urnes du Metn, voilà que les locdus officiels déplacent le cirque au Kesrouan. Cette fois, ce n’est pas de vote qu’il s’agit, mais de flotte. Avec un nouveau neuneu à la clé : Mohammed Abdel-Hamid Bidon, déshérité en veston cravate et ministre cache-sexe d’Istiz Nabeuh. L’adjudication du barrage de Chabrouh ayant été remportée par un groupe libanais, lui-même associé au français Dumez-Grand Travaux de Marseille, Momo fait une poussée d’urticaire et s’agite d’abord pour confier le projet à Rima, une société bichonnée par les frérots de Syrie. Manque de pots, celle-ci se casse les turbines dans la catastrophe de Zeizoun, ce qui lui vaut de prendre l’eau de toutes parts et de se retirer de l’affaire en pointillé au milieu des clapotis. Crise d’apoplexie gazeuse du Bidon d’Amal, plus que jamais déterminé à savonner la planche au groupe libano-français. Il sort alors un nouveau lapin de son chapeau : une obscure société bulgare dont le seul certificat de qualité est d’avoir pignon sur rue à Damas. À partir de là, on assiste à une bougnoulisation accélérée du processus : les grenouilles de bénitier et autres bigotes du Kesrouan se lèvent comme un seul Lazare et dénoncent le « complot chiite ». Ce qui a pour résultat de titiller Jihad Samad, une lumière électorale de Tripoli, qui, reniflant un « complot chrétien », nous gratifie d’un numéro hors pair de défenseur des intérêts de l’État et s’adjuge le Prix de la Carpette toutes catégories, avec mention « Brosse à reluire »… Résumé de l’embrouillamini : un barrage du Kesrouan qui clabote, un ministre qui radote et un député qui joue les Don Quichotte. Ajoute à cette compote un réseau électrique qui tremblote et un cellulaire qui glaviote, et te voilà paré pour le retour à la grotte. C’était notre rubrique « Le Liban est un pays d’avenir ». Gaby NASR