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CONCERT - Soirée unique à l’amphithéâtre Aboukhater-USJ Abdel Rahman el-Bacha : éblouissant(photo)

Concert unique d’un pianiste qu’on aimerait avoir plus souvent parmi nous. Présentée par Ninar, Espace culturel libanais, cette soirée offerte par Abdel Rahman el-Bacha réservait ses bénéfices aux aides humanitaires d’Auxilia pour une enfance plus épanouie et heureuse. Au menu, des pages redoutables de virtuosité et d’une grande richesse et beauté sonore. De Ravel à Chopin en passant par Liszt et Schubert, le ton était à une musique magnifique, grouillante de passions exacerbées et d’un romantisme ombrageux où convergent mélancolie, deuil, folie, combats terribles, paradis des rondes enfantines et contemplation de la nature. Ouverture avec Le tombeau de Couperin de Maurice Ravel, formé de six pièces, vibrant, pudique et grandiose hommage au maître des « concerts royaux ». Du prélude à la toccata primesautière en passant par la mélancolie de la fugue, Forlane, Rigaudon et le menuet, cette narration demeure d’une absolue et souveraine originalité. Avec Franz Liszt, on revoit les paysages suisses à travers la Vallée d’Obermann, extrait de la première année de pèlerinage, où le prince du clavier donne libre cours à ses penchants d’amant de la nature. Éminemment romantique, cette œuvre est un authentique poème bruissant d’une vie secrète où bouillonnent des passions déchaînées, suivies de méditations rêveuses mêlées à une extrême agitation. Après l’entracte, un moment de douce gravité consacré à la magie de l’enfance. Avec son fils Camille-Toufic (à peine âgé d’une douzaine d’années), Abdel Rahman el-Bacha a offert à l’auditoire Ma mère l’Oye, une partition à quatre mains de Ravel. Cinq pièces illustrant des contes (Perrault et Mme le prince de Beaumont) où la musique fait vivre, en superbes et simples phrases sonores, les inquiétudes du Petit Poucet dans la forêt ainsi que la transformation de la bête en un prince plus beau que l’amour… Tableau exotique avec Laideronette, impératrice des Pagodes et atmosphère de féerie en vingt mesures pour La pavane de la belle au bois dormant. Après ce touchant intermède à l’enfance, en solidarité avec Auxilia, retour au programme initial avec la sonate en la mineur D784 de Franz Schubert. Trois mouvements pour dire le torrent de désarroi de celui qui devait mourir relativement jeune, à trente et un ans. Habitée par un souffle incendiaire et la valse des idées sombres, cette sonate oscille entre révolte colérique et pieuse résignation. Pour conclure, une œuvre majeure du plus virtuose des pianistes : la sonate n°2 de Chopin, connue aussi pour sa saisissante Marche funèbre. Quatre mouvements pour affronter l’idée de la mort comme les quatre cavaliers de l’Apocalypse… Le premier mouvement est bâti autour de deux thèmes, l’un haletant, l’autre pathétique. Avec le scherzo, une mélodie douce est hantée par une exaltation extrême et fébrile. Le troisième mouvement n’est autre que l’admirable Marche funèbre dont l’accompagnement principal est constitué par deux accords alternés. Et l’on termine avec un presto où les frémissements de triolets sont comme d’authentiques rais de lumière dans cette narration éruptive aux harmonies d’une grande audace. Salves d’applaudissements , en longue « standing ovation », d’une salle comble, littéralement envoûtée. Un programme somptueux et un jeu encore plus somptueux, d’une maîtrise totale. Abdel Rahman el-Bacha : éblouissant ! Edgar DAVIDIAN
Concert unique d’un pianiste qu’on aimerait avoir plus souvent parmi nous. Présentée par Ninar, Espace culturel libanais, cette soirée offerte par Abdel Rahman el-Bacha réservait ses bénéfices aux aides humanitaires d’Auxilia pour une enfance plus épanouie et heureuse. Au menu, des pages redoutables de virtuosité et d’une grande richesse et beauté sonore. De Ravel à...