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Actualités - CHRONOLOGIE

Partielle du Metn Michel Murr demande au ministre de l’Intérieur d’annoncer la victoire de Myrna Murr

La seule bataille que l’ancien vice-président du Conseil reconnaît avoir perdue est celle de la télévision, qui, selon lui, a permis à ses adversaires de mobiliser tant de personnes. Mais pour le reste, il n’en démord pas : c’est sa fille Myrna qui a remporté les élections avec 15 voix d’avance et il exhibe, pour accréditer ses dires, le rapport final de la haute commission de la comptabilisation des voix, officialisé le lundi à 10 heures et envoyé une heure plus tard au ministère de l’Intérieur. Devant 3 000 personnes, « les représentants de nos 35 000 voix », dit-il, il demande officiellement au ministre de l’Intérieur d’annoncer la victoire de Myrna Murr et d’ouvrir ainsi la voie à un recours en invalidation devant le Conseil constitutionnel, « si les perdants le souhaitent ». Alors que des explosions de feux d’artifice en provenance de Naccache se font entendre, Michel Murr entame son discours, dans la cour, devant son bureau à Amaret Chalhoub. D’ailleurs, ici, c’est l’anti-Naccache : les 3 000 invités à ce meeting, essentiellement des notables et des chefs de municipalité, sont assis calmement et, tout en applaudissant avec vigueur aux propos de l’ancien vice-président du Conseil, ils n’ont rien à voir avec les jeunes excités et joyeux qui se pressent depuis dimanche devant les locaux de la MTV. Au lieu de la conférence de presse ajournée, Michel Murr a choisi de réunir ses partisans ou leurs représentants, en présence de ses alliés, pour expliquer son point de vue et les coulisses de la longue soirée de dimanche au Sérail de Jdeidé. À la tribune d’honneur : les ministres Jean-Louis Cardahi et Sebouh Hovnanian, les députés Émile Lahoud, Nazem Khoury, Nader Succar, Assaad Hardane, Ghassan Achkar, Gebrane Tok et Kabalan Issa el-Khoury, le chef du parti Kataëb et ses principaux adjoints, Mme Gina Hobeika fraîchement élue présidente du parti al-Waad et diverses personnalités dont Riad Abou Fadel et Walid Khoury, sans oublier bien sûr sa fille Myrna, sa petite-fille et sa femme. Multipliant les anecdotes sarcastiques et les formules lapidaires, Michel Murr raconte les détails de la longue soirée de dimanche et l’histoire de l’urne de Hemlaya. Sans jamais nommer ses adversaires, il les affuble de divers surnoms suscitant les rires et les applaudissements de l’assistance. Ils deviennent ainsi un « cocktail Molotov opposant », alliant l’extrême droite à l’extrême gauche. « Nous avons obtenu 35 000 voix plus 15 et eux 35 000 moins 3. Qui a gagné ? La télévision qui a violé sciemment l’article 62 de la loi électorale et contre laquelle nous comptons porter plainte. Mais je vais quand même vous montrer que nous sommes les vrais vainqueurs. » Pas de procès-verbal, donc l’urne n’est pas comptée Selon Michel Murr, le juge Jean Fahd a reçu l’enveloppe contenant les résultats de Hemlaya. En l’ouvrant, il constate qu’il n’y a pas de procès-verbal de son contenu, comme l’exige la loi. Il en dresse le constat, entouré des deux autres membres de la commission qu’il préside, et précise que cette urne ne doit pas être comptée à cause de cette irrégularité, avant de remettre le tout à la commission de comptabilisation présidée par la juge Jeannette Hanna. Celle-ci décide de ne pas compter l’urne en présence des délégués des candidats et aucun d’eux ne proteste car nul ne sait encore que les résultats seront si rapprochés. Il est encore près de 21h. À 23h30, les « autres » commencent à comprendre qu’ils vont perdre. « Entouré de ses deux parrains, le candidat arrive au Sérail et on le voit sur la LBCI se disputer avec la juge Hanna, qui refuse de changer d’avis et décide de déférer le chef du bureau de vote de Hemlaya devant la justice. C’est alors que l’un des présents m’appelle et me demande de venir sur place pour tenter de faire contrepoids à la pression exercée par le candidat et ses parrains. Je m’exécute et pour éviter tout contact visuel, je m’installe au bureau du caïmacam au 7e étage (au passage, Murr constate que le même caïmacam n’est pas présent au meeting) en compagnie du ministre Hovnanian et du député Émile Lahoud. On me raconte alors qu’un responsable gouvernemental a contacté le président de la haute commission Élias Abou Nassif. Ce dernier convoque la juge Hanna qui refuse encore de revenir sur sa décision. Je demande alors au juge Abou Nassif de venir me voir. À peine est-il entré que des coups terribles secouent la porte du bureau. Les deux parrains sont là, le candidat est derrière eux, mais en me voyant il s’écarte. Je leur lis l’article de loi qui donne raison à la juge Hanna et fait de Myrna la nouvelle élue au Metn. Le parrain se contente de réclamer que l’urne de Hemlaya soit comptée, et alors que le juge Abou Nassif précise qu’aucune décision définitive n’est prise, il annonce sa détermination à proclamer les résultats tels qu’il les souhaite. C’est d’aillleurs ce qu’il fait, espérant ainsi forcer la main à tout le monde en créant un fait accompli. Je téléphone alors au responsable gouvernemental – que je ne nommerai pas, mais mon fils l’a fait hier – et je lui demande de ne pas intervenir. Il me répond qu’il se contente de s’informer, mais je lui répète qu’il ne doit pas dire aux juges qu’il y a des solutions, car en matière d’élections, il y a surtout des chiffres. Il promet de me rappeler, mais il ne le fait pas. La haute commission poursuit ses concertations et à 10 heures le lundi, elle rédige un rapport qui donne Myrna victorieuse. Le rapport est signé par tous les membres de la commission. C’est le rapport final qui est parvenu au ministère de l’Intérieur et que le ministre doit lire. Selon la loi, le ministre n’a nullement le droit de mener sa propre enquête et encore moins de permettre à un fonctionnaire de fouiller dans les papiers. Son rôle se limite à annoncer les résultats que lui communique la haute commission. L’affaire de Kaakour peut être vraie et il y a peut-être une vingtaine d’autres cas de ce genre, mais elles ne peuvent être soulevées que dans le cadre d’un recours en invalidation auprès du Conseil constitutionnel, après l’annonce officielle des résultats. » Refus du climat confessionnel Après avoir lu textuellement le rapport final de la haute commission, Michel Murr répète à plusieurs reprises son refus de laisser ses partisans descendre dans la rue ainsi que son rejet total du discours confessionnel. Il accuse le climat passionnel d’être responsable de la bombe sonore contre le domicile de Ghassan Achkar. « Nous ne voulons pas le retour à la guerre civile, mais c’est là que mènent tous leurs agissements. Le pays en a assez des provocations et les chrétiens ne veulent plus être les boucs émissaires. Quelle est donc cette victoire à trois voix de différence et quel est donc cet enjeu qui mérite de replacer le pays dans un climat confessionnel exacerbé, que nous refusons ? » Selon Michel Murr, la balle est donc entre les mains du ministre de l’Intérieur. « À lui d’annoncer les vrais résultats, conformément à la loi et la procédure légale pourra suivre son cours. » Plus difficile à dire qu’à faire pour le ministre de l’Intérieur, placé devant un dramatique dilemme. Scarlett HADDAD
La seule bataille que l’ancien vice-président du Conseil reconnaît avoir perdue est celle de la télévision, qui, selon lui, a permis à ses adversaires de mobiliser tant de personnes. Mais pour le reste, il n’en démord pas : c’est sa fille Myrna qui a remporté les élections avec 15 voix d’avance et il exhibe, pour accréditer ses dires, le rapport final de la haute...