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Actualités - CHRONOLOGIE

Parlement - Les députés s’étonnent du mystère entourant l’assassinat de Irani Les services de sécurité vivement critiqués, place de l’Étoile(photos)

Ce ne sont pas les 31 projets de loi votés en moins de deux heures qu’on retiendra de la réunion parlementaire d’hier, mais les virulentes critiques adressées aux services de sécurité, accusés d’outrepasser leurs prérogatives et de s’occuper de tout dans le pays, sauf de la sécurité. En accusant ces organismes « d’abus de pouvoir », les députés ont fait écho à certains points du discours tenu récemment par le procureur général près la Cour de cassation, Adnane Addoum, qui avait reproché aux services de sécurité d’agir parfois sans en référer au parquet et de contribuer à la perte d’éléments importants dans le cadre d’une enquête déterminée. MM. Robert Ghanem, Youssef Maalouf, Farid el-Khazen et Boutros Harb ont évoqué le rôle de ces organismes en soulevant, à l’ouverture de la dernière réunion législative de la session parlementaire du printemps, l’affaire Ramzi Irani. Pour eux, rien ne justifie qu’on n’ait toujours pas retrouvé la piste des ravisseurs et des assassins du jeune ingénieur. « Les services de sécurité grouillent d’hommes qu’ils chargent de nombreuses missions dépassant le plus souvent le cadre de leurs prérogatives. Ils ont ainsi fait leur entrée dans la vie politique, laissant la scène libre aux criminels. Il n’est pas permis que les affaires intéressant directement la population soient négligées pour que ces services puissent s’occuper de dossiers qui ne relèvent pas de leur compétence », s’indigne M. Khazen. Et M. Boutros Harb de renchérir : « La vague d’instabilité qui a récemment secoué le pays risque de détruire tout ce que nous avons entrepris jusqu’aujourd’hui. Nous savons que la sécurité est relative et qu’elle peut être ébranlée dans n’importe quel pays, mais nous redoutons d’importants dérapages au Liban. Si je tiens ces propos, c’est parce que nous constatons que les forces et les services de sécurité gaspillent leur énergie en s’occupant d’affaires dans lesquelles ils n’ont rien à voir, comme la surveillance des hommes politiques, des mouvements démocratiques et des ONG et le contrôle de la circulation des capitaux et des opérations commerciales. Ce qui est encore plus inquiétant, c’est la guerre à laquelle ces organismes se livrent entre eux », déclare M. Harb qui demande au ministre de la Justice de faire la lumière sur l’assassinat de Irani et d’expliquer ce que le juge Addoum a voulu dire en déclarant que « tous les axes ont été perdus » lorsqu’il avait évoqué l’enquête, lundi. M. Robert Ghanem souligne à son tour la nécessité d’une coordination entre les services de sécurité « pour que le Liban ne soit pas le théâtre de règlements de comptes politiques », après s’être étonné de ce qu’on n’ait toujours pas pu retracer la piste des meurtriers du jeune ingénieur. Aucun commentaire de la part du ministre de la Justice sur cette affaire alors que le ministre des Finances, Fouad Siniora, s’empresse de fournir à M. Harb les explications qu’il avait requises au sujet de la récupération de la TVA. Fattouche : Des informateurs dans les administrations Sans évoquer l’affaire Irani, M. Nicolas Fattouche s’arrête sur l’immixtion des services de sécurité dans les affaires des administrations. Le député constate que l’article 65 de la Constitution sur les pouvoirs du Conseil des ministres est paralysé et attribue la responsabilité de cet état de fait au chef du gouvernement Rafic Hariri en relevant que de nombreuses administrations qui dépendent directement de lui agissent en tant qu’entités parfaitement autonomes. « Certaines administrations présidées par M. Hariri comptent parmi leurs fonctionnaires des informateurs des services. Il s’y passe des choses à son insu. Et dans d’autres, des fonctionnaires jouent aux ministres puisque leur rôle se limite à l’établissement de rapports », dit-il. Quelques minutes plus tard, M. Hariri abandonne son siège pour s’installer près du député. Les deux discutent pendant que les interventions parlementaires se succèdent. M. Neemetallah Abi Nasr approuve le projet de loi ramenant la majorité électorale à 18 ans et appelle à l’élaboration d’une loi électorale qui garantira une représentation populaire authentique à la Chambre. MM. Abdel Latif Zein, Ali Khalil et Nazih Mansour s’attardent sur les problèmes de développement du Liban-Sud et M. Akram Chéhayeb s’étend sur les problèmes écologiques qui empêchent le Liban de profiter de la saison d’été et d’attirer les touristes. M. Nasser Kandil souhaite la formation de l’instance qui doit se pencher sur l’abolition du confessionnalisme politique. M. Misbah Ahdab se demande pourquoi on n’a toujours pas relâché les personnes qui avaient été arrêtées pour le besoin de l’enquête à la suite des événements de Denniyé, en janvier 2000. La Chambre s’attaque ensuite à son ordre du jour et approuve successivement 31 projets de loi dont 27 portent sur des accords de coopération. Les quatre autres portent sur la création d’une direction générale des affaires foncières au ministère des Finances, l’octroi d’indemnités aux familles des pompiers et des secouristes de la Défense civile décédés lors d’une mission, les certificats de soudage et la protection des mineurs. Le texte proposé pour les mineurs stipule, entre autres, que les criminels jeunes seront jugés devant les assises, mais que le verdict sera prononcé par le tribunal des mineurs. MM Walid Eido et César Moawad tentent en vain d’amender cet article contesté par les ONG qui avaient adressé, le matin, une lettre au président de la Chambre, Nabih Berry, réclamant la révision du texte. Deux projets de loi portant sur un accord aérien entre Beyrouth et Damas et sur un autre, financier, entre le Liban et BNP Paribas sont renvoyés au gouvernement parce qu’ils ont été jugés imprécis. La Chambre s’attaquera aujourd’hui au projet de loi sur la téléphonie mobile ainsi qu’à une proposition de loi ramenant à 18 ans la majorité électorale. De sources politiques, on souligne que ce texte ne passera pas parce qu’il commande un amendement de la Constitution qui nécessite une réunion spéciale. Pour ce qui est du projet de loi sur le cellulaire, il a été laissé exprès pour aujourd’hui, afin de permettre aux démarches entreprises pour aplanir un obstacle constitutionnel qui risque de compromettre le vote du texte, d’aboutir. Selon M. Hussein Husseini, en vertu de l’article 89 de la Constitution, c’est la Chambre et non pas le gouvernement qui doit confier, par une loi, la gestion d’un service public au secteur privé. Pour le parlementaire, le projet de loi proposé recèle une délégation anticonstitutionnelle des prérogatives du Parlement à l’Exécutif. L’enquête se poursuit Le premier juge d’instruction de Beyrouth, Hatem Madi, a pris possession hier du dossier Ramzi Irani, qui lui a été remis par le procureur près la Cour d’appel de Beyrouth. Ce dossier comporte les procès-verbaux de l’enquête préliminaire et la nouvelle plainte contre X et contre toute personne dont la culpabilité serait établie au cours de l’enquête. La plainte a été déposée par le parquet général près la Cour d’appel de Beyrouth pour « enlèvement, meurtre prémédité et coups de feu à l’aide d’une arme de guerre sans permis, conformément aux articles 529, 549 du code pénal et à l’article 72 de la loi sur les armes ». M. Madi s’est réuni avec certains membres de la commission de sécurité formée par le Conseil central de sécurité après sa dernière réunion, en l’occurrence le général Jean Salloum de la Sûreté générale, le colonel Charles Atta de la Sûreté de l’État et le général Samir Chéhadé des Forces de sécurité intérieure (FSI). Les réunions entre M. Madi et les membres de cette commission se poursuivront au cours des prochains jours pour éclaircir les circonstances et les motifs du crime. De son côté, le ministre de l’Intérieur, M. Élias Murr, a souhaité hier à Bkerké aboutir rapidement à des résultats concernant l’enquête sur l’affaire Irani. M. Murr s’est également déclaré confiant quant au cours que prenait cette affaire. Ramzi Irani, ingénieur et membre des Forces libanaises, avait disparu au début du mois de mai. Son corps avait été retrouvé la semaine dernière, dans le coffre de sa voiture, au lieu dit Caracas, dans le secteur de Raouché. Il aurait été tué de deux balles de pistolet. Réunion parlementaire à la mi-juin consacrée à la pollution de l’air Le président de la Chambre a rappelé hier que le Parlement reste en session ouverte pour suivre le dossier des véhicules roulant au diesel qui seront interdits de circulation à partir de juillet. Une réunion parlementaire sera consacrée à ce sujet à la mi-juin, a-t-il annoncé. Tilda ABOU RIZK
Ce ne sont pas les 31 projets de loi votés en moins de deux heures qu’on retiendra de la réunion parlementaire d’hier, mais les virulentes critiques adressées aux services de sécurité, accusés d’outrepasser leurs prérogatives et de s’occuper de tout dans le pays, sauf de la sécurité. En accusant ces organismes « d’abus de pouvoir », les députés ont fait écho à...